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Liban - Irak

Raï en visite aujourd’hui dans un Irak où l’humanité de l’homme est bafouée

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, et un grand nombre d’autres prélats sont attendus aujourd’hui à Erbil, pour une visite de soutien hautement symbolique aux réfugiés, notamment chrétiens (comme sur notre photo Reuters), qui ont fui la barbarie de l’EI.

Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, arrive ce matin à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, pour une visite de solidarité – et d'humanité – d'un jour avec les chrétiens expulsés de leurs maisons et spoliés de leurs biens par le drapeau noir de pirate de l'État islamique (EI, ex-Daech). Le patriarche est accompagné d'une délégation de dignitaires civils et religieux, ainsi que des patriarches orientaux catholiques et orthodoxes Grégoire III des melkites, Ephrem II des syro-orthodoxes et Youssef II Younane, des syro-catholiques. Sur place les attendra le patriarche Sako des chaldéens. La visite se fait sous haute sécurité – ici aussi, on redoute les cellules dormantes...


En raison du caractère interconfessionnel de la visite, une messe sur le même autel est, hélas, exclue. Elle sera (peut-être) remplacée par des offices séparés. Il y sera aussi suppléé, aux yeux du patriarche Raï, par une catéchèse qu'il donnera à partir de l'église Saint-Joseph, à Aïnkawa, à proximité d'Erbil, où la majorité de réfugiés de Quaraqosh, de Mossoul – expulsés deux fois – et des villes et villages chrétiens de la plaine de Ninive, ont trouvé refuge.
Il y a là aussi quelques dizaines de yazidis, les adorateurs du dieu Paon, symbole de l'ange déchu séduit par sa propre splendeur, ainsi que des mandéens, qui vénèrent Jean-Baptiste, des yarsânites, adeptes d'un ésotérique syncrétisme, et peut-être encore une ou deux reliques gnostiques auxquelles l'Irak – avec l'Iran et la Syrie – sert en quelque sorte de réserve, ou de musée.

 

(Pour mémoire : À Lourdes, les chrétiens d'Irak implorent la protection de la Vierge)

 

Reçu par Barzani
À Erbil, le patriarche Raï et ses pairs catholiques et orthodoxes seront reçus en audience par le président de la région du Kurdistan, Massoud Barzani, qu'ils remercieront pour l'accueil réservé aux victimes du grand exode. Ce sera le premier des deux points focaux de leur visite. Selon certaines estimations, les familles chassées des villes et villages de la plaine de Ninive ont doublé le nombre des Kurdes de religion chrétienne. Ces derniers sont estimés à environ 120 000 sur une population totale d'environ 5 millions.
La délégation de dignitaires religieux visitera ensuite le siège de l'évêché chaldéen d'Erbil, centre polyvalent, à la fois logistique, social, médical et spirituel d'accueil des chrétiens dispersés. Qu'ils dorment encore dans les jardins publics ou sur deux bancs d'église rapprochés, ou encore qu'ils aient déjà trouvé un toit, ces derniers seront le second point focal de la visite du patriarche. Il s'agit, d'abord, de s'informer, de compatir afin de savoir ensuite comment remédier.

 

(Pour mémoire : Les frontières du nouveau Moyen-Orient seront-elles tracées avec le sang des chrétiens ?)

 

Avec le cardinal Filoni
Les patriarches s'en ouvriront aussi, sans doute, au représentant personnel du pape François, le cardinal Filoni, sur place depuis plusieurs jours, et qui a remis hier une lettre de François au président irakien, Fouad Massoum. Une conférence de presse conclura la journée du patriarche Raï, qui reprendra l'avion à 18 heures pour le Liban.
« Partir, partir, quitter l'Irak » est l'une des obsessions des exilés de Mossoul, auxquels Londres, Berlin, Paris et Stockholm ouvrent des bras intéressés. « S'armer, s'armer », est celle de certains autres.
« Rester, témoigner, recourir à des forces internationales », est celle des Églises orientales. Sur ce dernier plan, il est vrai, l'idée commence à faire son chemin, surtout après la déclaration du Saint-Père, faites à son retour de Corée. S'exprimant devant des journalistes qui l'accompagnaient, François a affirmé que « arrêter l'agresseur injuste est licite ». Il était même sur le point de faire escale à Erbil, mais c'était faire l'impasse sur Bagdad, et le Vatican a hésité, par souci du protocole.
En tout état de cause, le thème du recours légitime à la force – ou de la légitime défense – prend de plus en plus de place dans les discours que tiennent les responsables d'Églises orientaux ou occidentaux. Pour le chef de l'Église catholique, il est clair toutefois que c'est aux Nations unies, et non aux États-Unis, qu'il revient de décider de ce qui doit être fait, pour « dissuader » les « agresseurs ». C'est donc un processus international – souvent lourd et lent – que l'Église catholique souhaite en Irak, sans se prononcer ni positivement ni négativement sur les frappes aériennes américaines, qui ont permis aux peshmergas kurdes de progresser, encore que difficilement, dans la plaine de Ninive, et d'abord autour du barrage sur l'Euphrate. Ces questions sont soulevées en même temps que celles du financement de l'État islamique.

 

Partition de l'Irak ?
Ces points soulèvent, à leur tour, quelques interrogations, dont celle de savoir s'il existe un plan de partition de l'Irak. Pour les experts, c'est le terrain qui va trancher.
La durée des frappes aériennes des États-Unis et leur profondeur diront si c'est uniquement les frontières du Kurdistan que les États-Unis veulent protéger, ou si le sort de plusieurs dizaines de milliers de chrétiens, et le tissu social irakien intéresse aussi Barack Obama. Si les frappes américaines avaient commencé une semaine plus tôt, les chrétiens de Qaraqosh seraient encore chez eux, fait-on observer dans ces milieux.
Dernier point que la visite du patriarche va implicitement soulever, ou plutôt accentuer, c'est celui de l'islam et du dialogue interreligieux. Le premier temps de stupeur passé, de hautes autorités musulmanes, en Égypte et en Arabie saoudite, à la demande insistante de certains, ont condamné l'islam fanatique dont le groupe Daech donne le modèle archaïque et barbare. Mais pour les théologiens chrétiens engagés dans le dialogue, cela ne suffit plus. L'existence même de ce modèle, et sa possibilité, fait problème. Selon eux, pour donner du fruit, ce dialogue doit être précédé d'un autre dialogue, entre les musulmans eux-mêmes.
Il faut que l'islam soit d'urgence épuré des pratiques d'un autre âge qui lui ont été associées sous les yeux d'un monde horrifié. Voilà encore l'une des implications futures de la période tragique de l'histoire du Moyen-Orient, et dont l'Irak est en ce moment le foyer. Un Irak où l'humanité de l'homme a été bafouée, et où l'on ne sait pas encore comment réparer cette injustice.

 

Pour mémoire

« À Mossoul, 700 femmes yazidies ont été vendues sur la place publique à 150 dollars pièce... »

À Erbil, les réfugiés veulent « seulement savoir quand tout cela va prendre fin »

 

Repère

Qui sont les Yazidis ?

Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, arrive ce matin à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, pour une visite de solidarité – et d'humanité – d'un jour avec les chrétiens expulsés de leurs maisons et spoliés de leurs biens par le drapeau noir de pirate de l'État islamique (EI, ex-Daech). Le patriarche est accompagné d'une délégation de dignitaires civils et religieux,...

commentaires (2)

SI UNE SOLUTION N'INCLUT PAS AUSSI LA SYRIE, AVEC L'IRAQ, L'EI SERAIT MÉNAGÉ, PAR L'ABRUTISSEMENT ET LES FINANCIERS, TANT QU'IL NE S'EN PRENDRAIT PLUS AUX KURDES... ET UN ETAT ISLAMIQUE FANATIQUE, À L'IMAGE DE CELUI DES AYATOLLAHS, MAIS SUNNITE, QUI DIVISERAIT OU ÉLOIGNERAIT L'IRAN CHIITE DES SYRIENS ALAOUITES ET DES HEZBOLLAHI CHIITES, CAD UN ETAT DE FAIT ENTRE SUNNITES ET CHIITES DE LA RÉGION VERRAIT LE GRAND JOUR... ETANT L'ENJEU ET LE BUT DE CE QUI SE PASSE... LES CAUSES JUSTIFIANT LES ACTIONS !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 25, le 20 août 2014

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Commentaires (2)

  • SI UNE SOLUTION N'INCLUT PAS AUSSI LA SYRIE, AVEC L'IRAQ, L'EI SERAIT MÉNAGÉ, PAR L'ABRUTISSEMENT ET LES FINANCIERS, TANT QU'IL NE S'EN PRENDRAIT PLUS AUX KURDES... ET UN ETAT ISLAMIQUE FANATIQUE, À L'IMAGE DE CELUI DES AYATOLLAHS, MAIS SUNNITE, QUI DIVISERAIT OU ÉLOIGNERAIT L'IRAN CHIITE DES SYRIENS ALAOUITES ET DES HEZBOLLAHI CHIITES, CAD UN ETAT DE FAIT ENTRE SUNNITES ET CHIITES DE LA RÉGION VERRAIT LE GRAND JOUR... ETANT L'ENJEU ET LE BUT DE CE QUI SE PASSE... LES CAUSES JUSTIFIANT LES ACTIONS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 25, le 20 août 2014

  • Erbil c'est où? Peut être dans la région de Ras Baalbek, Ain et des petits villages chrétiennes à côté de Irsal dont les habitants étaient à deux pas d'être massacrés...

    Bahijeh Akoury

    06 h 47, le 20 août 2014

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