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Liban - Éclairage

Washington et Londres au secours de l’armée libanaise pour combattre le terrorisme

L'ambassadeur de Grande-Bretagne Tom Fletcher avec le commandant en chef de l'armée libanaise Jean Kahwagi. Photo ANI

Il a fallu que l'armée libanaise soit prise en tenailles par les fous furieux de Dieu pour que le monde se mobilise pour venir à son secours. Tout comme à Nahr el-Bared, où la troupe s'était engagée, sans moyens dans les premiers temps, dans une des guerres les plus difficiles, les affrontements meurtriers de Ersal ont révélé, une fois de plus, le dénuement total des soldats libanais, pourtant réputés pour leur héroïsme et leurs exploits militaires.

C'est l'Arabie saoudite, l'un des pays les plus concernés par la lutte contre le terrorisme, qui avait répondu en premier au SOS lancé par l'institution militaire libanaise, le royaume faisant don d'un milliard de dollars que le gouvernement libanais vient d'accepter. L'aide, répartie entre l'armée (50 %) et les autres services sécuritaires, sera mise en œuvre très prochainement si l'on en croit les informations qui circulent à ce propos.

En attendant bien sûr le dénouement de l'imbroglio – mystère qui entoure le don saoudien initial de 3 milliards de dollars qu'un scandale financier présumé semble avoir retardé, en plus ou sous l'alibi d'une pléthore d'obstacles d'ordres administratif et politique. Là encore, les sources concernées assurent que les équipements qui seraient acquis grâce à cette somme ne sauraient plus tarder, la France ayant notifié hier le Liban de la signature prochaine du don par l'Arabie saoudite, fin août. Le volet français devra suivre sitôt après, soit dès la fin des vacances officielles. Commencera alors l'examen du type d'armes requises sur base d'une liste soumise par l'institution militaire libanaise, ce qui signifie que ce don n'est pas près de se concrétiser dans les prochains jours, la lourdeur administrative devant notamment ralentir le processus.

Entre-temps, et en attendant que ce don parvienne à destination, la troupe peut désormais compter sur deux aides qui lui ont été octroyées en urgence par les États-Unis et la Grande-Bretagne. Les deux pays ont en effet répondu favorablement et rapidement à l'appel de l'armée, recourant à un mécanisme accéléré vu le contexte et les dangers qui guettent le pays depuis la récente expérience de Ersal. C'est par la bouche des deux ambassadeurs respectifs que l'on apprenait hier que les aides sont en route et qu'elles seront délivrées en un temps record.

Les États-Unis vont fournir des armes « offensives et défensives » à l'armée pour la soutenir dans son combat contre les jihadistes, a déclaré l'ambassadeur américain à Beyrouth, précisant que l'aide commencera à arriver « durant les prochaines semaines et se poursuivra dans les mois à venir ».
Selon une source informée, le gouvernement américain a usé d'un « raccourci, une sorte de couloir militaire », pour passer outre la bureaucratie et les diverses approbations requises qui, dans des cas pareils, « peuvent prendre des mois et des mois avant d'aboutir ».
L'aide sera probablement acheminée à partir des bases américaines dans les pays voisins, notamment le Qatar, histoire de gagner du temps.

Allant dans le sens des propos formulés par le diplomate US qui précise que cette livraison fait partie d'une stratégie globale de soutien à l'armée libanaise, la source précise que ces aides sont accordées « pour combattre le terrorisme, mais ne peuvent en aucun cas servir à mener une guerre à proprement parler ». Entendre : une guerre contre Israël, une ligne rouge occidentale que le Liban et l'armée plus particulièrement connaissent par cœur.

À l'instar du soutien logistique apporté à la troupe à Nahr el-Bared, la nouvelle aide américaine à la troupe devrait en principe inclure des véhicules militaires, des munitions et probablement des hélicoptères que l'armée pourra adapter à ses besoins, comme elle en avait brillamment donné l'exemple dans la bataille de Nahr el-Bared, transformant en quelque sorte ses hélicoptères en bombardiers. La source tient à souligner que l'institution militaire a une « excellente réputation » aux yeux de l'administration US qui considère qu'elle se comporte comme « une des meilleures armées du monde ».

C'est ce qui fera dire à David Hale d'ailleurs que l'armée libanaise est souvent perçue « comme une des seules institutions du pays jouissant d'un soutien quasi unanime ». « Au fil des ans, les États-Unis ont pu développer une véritable relation de confiance avec l'armée libanaise et savent pertinemment qu'il n'y a pas un seul boulon qui n'est pas utilisé à bon escient par les soldats. Pas un seul barda qui se perd non plus », insiste la source. Autrement dit, ce qui est octroyé à l'armée reste à l'armée. L'allusion est faite en réponse aux rumeurs véhiculées par certains pays qui affirment craindre de voir les armes octroyées à la troupe finir aux mains du Hezbollah. Comme si le parti chiite, armé jusqu'aux dents et doté d'un arsenal des plus sophistiqués au monde, avait besoin de quoi que ce soit de l'armée libanaise.

L'inquiétude que suscitent désormais les frontières du Liban est également partagée par la Grande-Bretagne, qui a annoncé hier également – l'émulation profite une fois de plus à la grande muette – une assistance pour améliorer la capacité de l'armée de sécuriser la frontière.
Le soutien de la Grande-Bretagne n'est pas récent non plus, mais s'est progressivement accentué pour s'étoffer durant les deux dernières années. Ayant prévu dès le début les débordements potentiels de la guerre voisine en Syrie, Londres devait déjà développer tout un programme de soutien à l'armée aux frontières, comprenant des accessoires de protection balistiques, des équipements de communication, des véhicules et la formation requise à l'emploi de ces équipements.

La nouvelle aide survient dans un contexte d'urgence, comme nous l'explique une source proche du dossier. Elle concerne principalement la reconstruction des positions militaires à Ersal, l'édification de fortifications et toute une batterie d'équipements de protection.
Autant de « largesses » dont la troupe est probablement ravie, mais qui ne règlent pas le problème sempiternel auquel elle fait face : jusqu'à quand pense-t-on administrer de l'aspirine à un grand malade ?


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commentaires (3)

LES MÊMES PAROLES ON ENTEND DEPUIS CINQ ANS AU MOINS !

MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

21 h 24, le 16 août 2014

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Commentaires (3)

  • LES MÊMES PAROLES ON ENTEND DEPUIS CINQ ANS AU MOINS !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    21 h 24, le 16 août 2014

  • Avec le soutien de la Grande-Bretagne et de Washington espérons cette fois une aide et des armes vraiment efficaces pour l'armée libanaise et surtout pas des stocks pour pouvoir lutter contre les terroristes .

    Sabbagha Antoine

    11 h 09, le 15 août 2014

  • ..."la lourdeur administrative devant notamment ralentir le processus..." Dites-nous, Messieurs nos "RESPONSABLES", quand notre patrie le LIBAN ainsi que notre ARMEE sont en danger...ne pouvez-vous pas pour une fois passser au-dessus des ces lourdeurs administratives ? Agir en URGENCE, toutes autres affaires cessantes ? Rester assis dans vos bureaux,(vous avez certainement l'air conditionné) et penser, travailler, décider et ordonner, signer, obliger vos collaborateurs indispensables à faire de même ! Pour vous donner les forces nécessaires, vos restaurants préférés se feront un plaisir de vous livrer sur place ! Votre patrie le LIBAN ne mérite-t-elle pas ce petit sacrifice ??? Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 26, le 15 août 2014

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