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Moyen Orient et Monde - Trois questions à...

Tarek Mitri : Malgré le chaos, la Libye gardera son unité nationale et territoriale

...Tarek Mitri, envoyé spécial de l'Onu en Libye.

Alors que la crise politique reste à son apogée en Libye, nationalistes et islamistes exhibant farouchement leurs profondes divergences, les combats entre milices rivales font rage depuis juillet, non seulement à Tripoli, mais aussi à Benghazi, faisant plus de 220 morts et un millier de blessés. En effet, depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, les autorités transitoires ne parviennent pas à contrôler les dizaines de groupes armés composés d'ex-rebelles qui font la loi en l'absence d'une armée et d'une police bien structurées et entraînées.
Une situation qui fait craindre la dislocation du pays, une guerre civile ou tout au moins le règne du chaos et de la terreur pour bien longtemps. Tarek Mitri, envoyé spécial de l'Onu en Libye, a bien voulu répondre aux interrogations de « L'OLJ » sur le sujet.

Après la chute de Mouammar Kadhafi, la transition démocratique semblait être sur la bonne voie. Quelles sont alors selon vous les raisons de l'impasse actuelle ?
Sur le plan formel, il y avait en effet des progrès : des élections municipales ont été tenues ainsi que celles du Parlement. Mais nonobstant ces avancées, les dissensions ont éclaté au grand jour, et ce pour plusieurs raisons, parce que les conflits internes sont multiples. Ils sont d'abord idéologiques, entre les islamistes et les autres (comme les libéraux, par exemple). Ensuite, certains conflits datent de la révolution de 2011, et opposent ceux qui se réclament des idéaux de ce soulèvement et ceux qui, sans être nécessairement pro-Kadhafi, ne partagent pas ces idéaux. Troisièmement, et cela a toujours été le cas en Libye, il y a des rivalités entre tribus et/ou des factions armées qui exacerbent encore plus les tensions. Et enfin, il y a une lutte particulièrement féroce pour le pouvoir. Avant même la formation du gouvernement, tous les partis impliqués voulaient chacun une part du gâteau, d'autant que la Libye est un pays riche.

 

(Lire aussi : « Les Tripolitains se sentent piégés : ils ne peuvent plus s’enfuir, même s’ils le désirent »)

 

À votre avis, la Libye se dirige-t-elle vers une guerre civile en bonne et due forme ?
J'espère que non. Pour le moment, les affrontements qui ont lieu actuellement à Tripoli et Benghazi sont localisés. Ce sont de grandes villes, importantes c'est certain, mais je ne pense pas que le pays verra les violences se généraliser au reste du territoire. Toutefois, il est sûr que le chaos, qui va s'aggraver probablement, est là pour un moment encore. En outre, il y a des dizaines de milliers d'éléments armés divisés en groupes, dont certains se sont formés après la révolution. La présence de ces hommes armés et désœuvrés, combinée à l'absence d'une police et d'institutions dignes de ce nom, est un réel problème. L'Onu a pourtant proposé plusieurs solutions à ce phénomène, mais l'intégration de ces éléments à une structure militaire quelconque comme la garde nationale, comme ces éléments armés l'ont demandé, semble être hors de question et aucun consensus n'a pu être atteint.

Alors que nous assistons à la désintégration des frontières nées du colonialisme, notamment en Irak et en Syrie, y a-t-il une crainte de voir la Libye divisée ? Ou tout au moins se diriger vers une sorte de fédéralisme ?
Je pense que la Libye gardera son unité nationale et territoriale. Il y a des forces centrifuges, mais pas fédérales, ou en tout cas elles sont minoritaires. Certes, les partisans d'un fédéralisme quelconque ont gagné en influence au niveau politique et ont acquis des sièges dans le gouvernement, mais je ne pense pas qu'ils iront plus loin. La grande majorité des Libyens ne veut pas un morcellement du pays. Le système administratif est fortement centralisé et le restera.

 

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