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Liban - Liban

Les divergences entre Daech et al-Nosra ont fait capoter les médiations à Ersal

Une lueur d'espoir venait à peine de poindre hier en soirée avec la promesse d'une trêve à Ersal qu'elle devait voler en éclats quelques heures plus tard avec la reprise des affrontements.
Suite à l'initiative prise par la délégation des ulémas en mission pour tenter de conclure un accord à Ersal, une trêve humanitaire était entrée en vigueur à partir de 19 heures, après une longue journée d'affrontements entre les éléments islamistes et l'armée libanaise.
Selon les déclarations faites en soirée par le prédicateur islamiste Salem Raféi, ramené d'urgence à Tripoli après avoir été blessé lundi dans la nuit avec deux autres membres de la délégation, les takfiristes « ne désirent qu'une chose : sortir de là, à la première occasion ».


Les combattants jihadistes ont également laissé entendre qu'ils souhaitaient un cessez-le-feu et qu'une aide soit apportée aux blessés. Salem Raféi a refusé toutefois de répondre à la question de savoir s'il y avait une unanimité entre les formations islamistes sur les conditions de l'accord, plus précisément entre Daech et al-Nosra, dont les divergences d'avis et de méthodes ont souvent éclaté au grand jour. Le même scénario devait se réitérer à Ersal, al-Nosra ayant fait de son mieux pour se démarquer de son concurrent islamiste depuis le début des affrontements.


C'est ce qui ressort d'ailleurs des propos confiés à L'Orient-Le Jour par une source salafiste proche des ulémas, qui affirme que les membres d'al-Nosra qui ont pris part aux pourparlers ont fait montre de « flexibilité », ce qui ne semble pas être le cas avec Daech.


Preuve en est, le fait que ce sont trois des seize membres des FSI pris en otages qui ont été libérés par al-Nosra, alors que la requête d'origine était de libérer trois des 13 soldats de l'armée, détenus par Daech. L'optimisme dont a fait preuve cheikh Raféi est imputable au fait qu'il aurait rencontré les éléments d'al-Nosra, et non de Daech, vraisemblablement à cause de sa condition – il a été blessé d'une balle au pied –, mais aussi « à cause de la poursuite des accrochages », confie la source en question.

 

(Lire aussi : Ersal, « une ville fantôme que plus personne n’ose déserter sous la pluie d’obus »)


La source sunnite croit savoir que si la trêve dure jusqu'au matin, il y a de fortes chances que les éléments armés (ou seulement une partie d'entre eux ?) se retirent vers le jurd arrière, soit au-delà de la frontière, comme convenu dans l'accord. Celui-ci stipule en effet une trêve qui permettrait aux combattants de battre en retraite, emportant avec eux les otages, en attendant qu'aboutisse la suite de la médiation qui doit se poursuivre dans le cadre d'un comité formé des habitants de Ersal et des ulémas musulmans.
La condition de la participation d'une délégation du village peut s'expliquer par le fait qu'un certain nombre d'habitants – une minorité – qui ont collaboré avec les takfiristes chercheraient probablement à se protéger de la foudre de l'État après le retrait des combattants.


La délégation du conseil des ulémas qui se rendait à Ersal tard dans la nuit de lundi avait été la cible de tirs à l'entrée du village. Trois membres de la délégation, dont cheikh Salem Raféi et l'avocat Nabil Halabi, ont été légèrement blessés.
Les dignitaires religieux espéraient conclure un cessez-le-feu et obtenir la libération des soldats et des membres des forces de l'ordre capturés par les assaillants.

 

(Lire aussi : Le Hezbollah participerait au bombardement de Ersal)


La source salafiste ne cache pas cependant son scepticisme quant à la réussite de cet accord dont les éléments restent fragiles, surtout que Daech, qui réclame la libération de son chef, Imad Ahmad Jomaa, ne semble pas, pour le moment, concerné par la médiation. De son côté, l'armée refuse catégoriquement de relâcher un responsable aussi dangereux, qui était d'ailleurs à l'origine de tout ce complot et de ses ramifications. La violation de la trêve en soirée devait confirmer ces craintes.
Selon les informations qui ont également filtré au sujet des pourparlers entre cheikh Salem Raféi et les éléments armés d'al-Nosra, ces derniers auraient reconnu qu'il y a eu « une faute commise par un groupuscule qui a eu un effet domino, toutes les autres formations jihadistes et islamistes ayant été entraînées dans l'engrenage ».
D'où, précisément, la difficulté d'une situation où les médiateurs ont affaire à plusieurs têtes, dans un amalgame de rapports de force inégaux, Daech étant de toute évidence le plus puissant, ou en tous les cas celui qui aura le dernier mot.

 

(Lire aussi : De la place Sassine au Musée, élan de solidarité avec l'armée)


Sur le terrain, les affrontements se sont poursuivis tout au long de la journée d'hier, à l'exception d'une courte trêve qui aura duré jusqu'à 23 heures. La troupe poursuit toutefois son avancée pour sécuriser le pourtour du village, ayant déjà réussi à prendre le contrôle de près de 90 % de la lisière de Ersal.
Sa stratégie militaire consiste notamment à couper aux jihadistes tout lien de communication entre le front situé du côté du jurd et le village à proprement parler, où une partie de leurs combattants sont rassemblés, explique une source autorisée. Il reste que la grande difficulté à laquelle seront confrontés les soldats est de déloger les éléments armés du village, les takfiristes ayant pratiquement pris les habitants en otages, pour enliser l'armée dans une guerre de rue coûteuse en vies humaines. Une ligne rouge que l'institution militaire ne franchira jamais, assure la source.
Celle-ci reste convaincue que les takfiristes n'ont d'autre choix que de se retirer, n'ayant pas un milieu favorable environnant pour les accueillir. La grande majorité des habitants de Ersal a clairement proclamé son allégeance à l'État et son soutien inconditionnel à l'armée. Une position confortée par le comportement des jihadistes qui n'ont pas hésité à tuer à bout portant et gratuitement des habitants du village, pourtant de leur propre communauté.


« À la différence de la bataille de Nahr el-Bared où les réfugiés des camps se sont solidarisés avec les islamistes, à Ersal, les habitants ont totalement rejeté les takfiristes », soutient la source précitée qui rappelle que le soutien politique national est également vital, notamment celui exprimé par l'ancien chef de gouvernement Fouad Siniora, au nom du 14 Mars. Et de rappeler que le coût actuel des affrontements est de loin moins lourd que si le complot fomenté par Abou Ahmad Jomaa – voitures piégées accompagnées d'une cascade de guerres communautaires au Liban – avait abouti.

 

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commentaires (1)

Permettre aux combattants de battre en retraite, emportant avec eux les otages est vraiment inadmissible et l'armée ne devra pas en aucun cas accepeter ce troc .

Sabbagha Antoine

12 h 30, le 06 août 2014

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Commentaires (1)

  • Permettre aux combattants de battre en retraite, emportant avec eux les otages est vraiment inadmissible et l'armée ne devra pas en aucun cas accepeter ce troc .

    Sabbagha Antoine

    12 h 30, le 06 août 2014

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