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Liban - Liban

« Des hommes en cagoule se promènent depuis deux mois à Ersal »

Ersal, localité enclavée de l'Anti-Liban, présente 60 kilomètres de frontière avec la Syrie. C'est ce jurd qui est devenu actuellement le repaire des terroristes et des takfiris. Avant le conflit syrien, cet espace était utilisé par les Libanais et les Syriens pour le trafic des marchandises, le secteur n'ayant jamais été contrôlé par les armées des deux pays.

Ersal, localité exclusivement sunnite de la Békaa, compte 40 000 habitants et 170 000 réfugiés syriens.
Depuis le début du conflit en Syrie, les habitants de la localité ont accueilli les réfugiés syriens à bras ouverts, soutenant à fond la révolution contre le régime de Bachar el-Assad. Aujourd'hui, ils en paient le prix.


Tarek Bridi, originaire de Ersal, est arrivé hier en début d'après-midi à Beyrouth. « Nous étions un convoi de cinq voitures, environ 30 personnes. Je suis venu avec ma femme, mes deux enfants, mes parents, mes frères et mes cousins », raconte-t-il à L'Orient-Le Jour. « J'habite actuellement chez une proche à Aley et je veux rentrer au plus tôt à Ersal ; je compte sur l'armée pour libérer mon village des terroristes », ajoute-t-il.
Tarek soupire : « Nous avons accueilli les Syriens à bras ouverts. Nous leur avons donné de quoi manger et de quoi s'habiller. Nous les avons soutenus. Et voilà de quelle façon nous avons été récompensés. Nombre de réfugiés des camps syriens de Ersal participent avec les terroristes aux combats contre l'armée, nous utilisant comme des boucliers humains. »


Tarek explique que la situation était contrôlable dans le jurd de Ersal jusqu'à la chute de Yabroud, en février dernier. Les miliciens takfiris ayant perdu du terrain en Syrie ont trouvé refuge dans le jurd de Ersal. La situation s'est envenimée au début du mois de ramadan, à la fin de juin passé.
« Ces terroristes ont tué un homme, Moustapha Ezzeddine, et son fils âgé de 22 ans, originaires de Ersal. Cela s'est passé le premier jour du ramadan. Le jeune homme était parti dans le jurd, les miliciens l'avaient empêché de s'approcher. Une altercation verbale a éclaté ; ils l'ont tué. Ils sont ensuite descendus en cagoule au village. Ils ont trouvé son père. Il était chez lui en train de prier. Ils l'on tué par balle alors qu'il était sur son tapis de prière », raconte non sans amertume Tarek.
Les FSI sont intervenues, l'armée aussi. En vain.


« Depuis un peu moins de deux mois donc, ces takfiris ont commencé à faire leur apparition dans le village. On ne pouvait rien faire contre eux. Et voilà où nous en sommes aujourd'hui », soupire-t-il.
« Le matin, ils ont tiré sur les convois qui partaient du village, voulant faire de nous des boucliers humains. Ils doivent être plusieurs milliers dans le jurd. Une partie de ma famille est toujours à Ersal, mais je suis sûr que l'armée nous délivrera », dit-il encore.

 

(Lire aussi : « Pour les jihadistes, l'objectif de l'offensive à Ersal est de s'implanter au Liban »)


Salah Bridi, le cousin de Tarek, est resté au village. Joint au téléphone par L'Orient-Le Jour, il indique que « la situation s'est un peu calmée l'après-midi et les terroristes se sont retirés vers une colline de l'Anti-Liban. Je peux les voir de chez moi ».
Tarek rapporte que nombre de personnes ont été tuées dans le village, des habitants de Ersal. « Si les terroristes disent "ôte-toi de mon chemin" et l'on ne s'exécute pas, ils tirent. On vient de m'appeler pour m'informer que dans un quartier de Ersal, des personnes de la même famille ont été exécutées », ajoute-t-il.
« Samedi, deux hommes du village, Kamal Ezzedine et Mohammad Nouh, ont été tués, exécutés par balles à l'entrée du poste de police des FSI, pour avoir voulu protéger les gendarmes que les terroristes ont pris en otages », dit-il.
« Ils se déplacent à pied et en camionnettes, leurs armes sont assez puissantes et importantes, et s'ils connaissent à ce point l'intérieur de Ersal, et non seulement le jurd, c'est parce qu'ils sont accompagnés de réfugiés syriens qui étaient dans les camps de la localité », poursuit-il.


« Nous ne voyons pas leurs visages, ils sont en cagoule et ils parlent avec un accent syrien, note-t-il.
Si seulement je pouvais être mis en contact avec l'armée libanaise. À partir de ma maison, je peux localiser les terroristes et je peux donner des indications aux soldats afin qu'ils puissent tirer », indique-t-il.
Hier en soirée, le tiers de Ersal avait déjà quitté la localité en attendant que l'armée libanaise la libère des terroristes. Les habitants souhaitent que cela se passe rapidement sans de lourds dégâts humains et matériels.

 

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