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Liban - Urbanisme

La résilience made in Lebanon : Jbeil

Nommée « ville résiliente » par la fondation Rockefeller en décembre 2013, Jbeil (Byblos) accueille désormais le premier « Bureau de la résilience » du Moyen-Orient. Une institution visant à faire de l'historique cité libanaise un exemple à suivre en matière d'urbanisme et de préservation culturelle.

« On ne veut pas une forêt de béton, à l’image de Beyrouth. Ce projet va demander beaucoup d’argent et de travail, mais on espère pouvoir le réaliser, en faisant tout ce qu’on peut », affirme Tony Sfeir. Photo Bigstock

On ne peut être indifférent à Jbeil, ou Byblos. À 40 kilomètres au nord de Beyrouth, cette ville côtière habitée depuis près de 8 000 ans manifeste toujours une vitalité particulière. Les ruines antiques et médiévales y côtoient en harmonie les visiteurs flânant dans les allées du souk, ou aussi les habitants profitant d'un moment de repos à l'ombre des remparts.
Témoin de vie à travers les millénaires, la première ville touristique du monde arabe est aujourd'hui aussi l'une des premières « villes résilientes » au monde. Officiellement nommée ainsi en décembre 2013, la cité historique a été choisie pour faire partie du mouvement leader des « 100 Villes résilientes », une compétition lancée par la fondation Rockefeller.


Le but de ce projet est d'encourager les villes prêtes à faire preuve de résistance face aux défis sociaux, économiques et physiques auxquels est confronté notre monde de plus en plus urbanisé. Choisie pour sa valeur historique et le dynamisme de la municipalité au niveau de ces thématiques, Byblos a inauguré jeudi dernier le premier « Bureau de la résilience » du Moyen-Orient. M. Tony Sfeir, membre du conseil municipal, désigné par le président de ce conseil, Ziad Hawat, a pris la tête du bureau et dirigera les efforts de Byblos en matière de résilience pour la cité. Son rôle sera de rassembler tous les acteurs concernés afin de mettre en place une stratégie de long terme.

 

« Il faut tirer des leçons »
Élu en 2010, Tony Sfeir s'intéresse au thème de la résilience urbaine depuis déjà plusieurs années. L'idée est d'abord née lorsque l'UNISDR (Bureau des Nations unies pour une stratégie internationale pour la réduction des risques) a pris contact avec la municipalité de Jbeil pour lui présenter un programme de réduction des catastrophes (Disaster Risk Reduction). « Nous étions très intéressés, poursuit Tony Sfeir, alors nous avons signé un protocole avec les Nations unies pour être parmi les premières villes libanaises à s'informer, avec Beyrouth, Tripoli, Tyr, Baalbeck et Saïda. »
Situé au cœur d'une zone d'activité sismique considérée comme de « moyen à haut risque », le Liban aurait donc raison de se protéger des aléas naturels. « Des catastrophes ont eu lieu au Bangladesh, un tsunami en 2004. Il faut tirer des leçons de tout cela, en partageant l'information », souligne le nouveau responsable de la résilience à Byblos.
Les priorités de la collaboration entre Jbeil et la fondation Rockefeller sont d'abord la préservation de l'héritage culturel et l'élaboration d'un système de transport en commun efficace et d'un système d'information géographique permettant d'obtenir les statistiques nécessaires à la réalisation des projets urbains. La ville se développant très vite, « il faut réglementer la construction, assurer la sécurité des bâtiments et prévoir des espaces verts. Il faut être écologique et utiliser de nouvelles énergies », précise Tony Sfeir, plein d'ambition.

 

(Pour mémoire : Dans le caza de Jbeil, la femme au cœur du tourisme rural et du développement)

 

Ni ville-musée ni forêt de béton
Réputée pour sa vocation culturelle et touristique, Jbeil pourrait aussi se présenter comme un exemple à suivre au Liban et dans tout le Moyen-Orient. « J'invite les villes arabes et libanaises à participer au challenge de la fondation Rockefeller », souligne Tony Sfeir. Un défi qui peut apporter beaucoup, non seulement financièrement, mais aussi techniquement. « Les municipalités libanaises, note-t-il, n'ont pas de grands budgets parce qu'on a un système centralisé. Tandis qu'une ville française de la même taille que Jbeil reçoit entre 30 et 50 millions d'euros, notre budget est d'à peine trois millions d'euros ! Mais l'aide financière du projet des Rockefeller ne représente pas grand-chose par rapport à l'aide technique qui va être apportée : grâce à de grandes multinationales qui nous sponsorisent, nous aurons accès à des études scientifiques, des études d'ingénieurs. » Des outils nécessaires pour approfondir la politique de la ville qui cherche à se mettre en place depuis quatre ans.


Loin de tomber dans le piège de la ville-musée, Jbeil se bat pour rester vibrante. Après avoir mené à bien la rénovation des façades du centre historique et la construction d'un stade sportif, la ville envisage maintenant, avec l'aide de la fondation Rockefeller et de ses sponsors, l'ouverture à tous du parc archéologique, l'aménagement de zones piétonnes, de pistes cyclables, l'élaboration d'un système de transport propre. « On ne veut pas une forêt de béton, à l'image de Beyrouth, soutient Tony Sfeir. Ce projet va demander beaucoup d'argent et de travail, mais on espère pouvoir le réaliser, en faisant tout ce qu'on peut. »
Sur leur site Internet www.100resilientcities.org, les organisateurs du mouvement soulignent que « la résilience permet aux gens de rebondir positivement après des moments durs » et de « survivre, s'adapter et croître malgré les tensions et les chocs qu'ils ont vécus ».


Face aux risques de catastrophes naturelles, mais aussi pour lutter contre les difficultés chroniques (pénuries, chômage élevé, système de transport inadéquat) qui oppriment certaines cités, cent villes du monde sont invitées à former un réseau de partage d'informations et d'entraide, afin de faire émerger de nouvelles idées innovantes sur la résilience. Cent millions de dollars offerts par la fondation Rockefeller seront ensuite répartis entre les villes élues, en vue d'employer des agents responsables en matière de résilience pour développer une stratégie de développement globale respectant les besoins spécifiques de chaque ville.

 

Choisie pour son histoire et son dynamisme
Pour revenir au projet de villes résilientes, il convient d'indiquer que quelques mois après le lancement de la compétition à la fin de l'année 2013, trente-deux municipalités avaient été sélectionnées pour former le premier groupe du mouvement de résilience, parmi lesquelles Jbeil, mais également New York, Rome, Rio de Janeiro, Melbourne, Bangkok. Une trentaine d'autres cités, issues des cinq continents, seront désignées chaque année pour faire partie du projet, jusqu'à ce que le total de cent villes soit atteint.
Alors que le deuxième tour des candidatures est encore en cours jusqu'au 10 septembre prochain, la ville de Byblos est déjà à l'œuvre. « Il faut que toute la ville soit impliquée dans les projets, explique encore Tony Sfeir à L'Orient-Le Jour. Nous allons former un comité pour réunir des représentants du secteur privé, des ONG, des divers secteurs de la société : de l'université LAU (Lebanese American University), des scouts, de la Croix-Rouge. Des experts de la fondation Rockefeller vont aussi venir de New York précisément pour cela. »

 

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commentaires (1)

Excellent projet!

Pierre Hadjigeorgiou

09 h 10, le 01 août 2014

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Commentaires (1)

  • Excellent projet!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 10, le 01 août 2014

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