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Moyen Orient et Monde - Centrafrique

Bangui va un peu mieux

La peur est encore forte et les nuits sont toujours déchirées par des tirs d'armes à feu, mais Bangui, ravagée depuis plus d'un an par de terribles affrontements, exactions, traques et pillages, va mieux. Un peu mieux.
Signe révélateur de cette très lente amélioration, la réouverture d'une agence bancaire au PK-5, grand centre commercial et seule enclave musulmane restante dans la capitale centrafricaine après l'incessante traque des musulmans, assimilés à l'ex-rébellion Séléka par les milices à dominante chrétienne antibalaka, dans la plupart des quartiers. « Face à la demande croissante des habitants du PK-5 qui réclamaient la réouverture de l'agence pour effectuer les transactions, nous avons consulté l'Eufor et Sangaris qui ont estimé que l'agence pouvait reprendre ses activités. Pour le moment, seuls les versements sont autorisés, les clients peuvent faire des retraits avec leur carte bancaire », explique Didace Sabone, chargé du marketing et de la communication d'Ecobank. Depuis la mi-juin, les soldats de la force européenne (Eufor), venus appuyer dans Bangui les forces française Sangaris et africaine Misca, sont déployés dans le 3e arrondissement où se trouvent le PK-5 et le 5e, deux quartiers où des violences intercommunautaires ponctuelles provoquent encore des victimes civiles. « Nous avons fêté l'Aïd sans problème. Malheureusement, les femmes et les enfants ne sont pas là », témoigne Abou Ataïrou, commerçant au PK-5. La plupart des musulmans encore présents ont en effet envoyé femmes et enfants à l'étranger pour leur éviter d'être tués comme tant d'autres par les antibalaka. Beaucoup d'entre eux se retrouvent, après un exode chaotique, dans des camps de réfugiés dans les pays voisins. Ici, les principaux marchés de produits frais ont rouvert, comme les kiosques, les échoppes, les quincailleries et même les boulangeries. « Je prends mes baguettes de pain chaque après-midi à la boulangerie du PK-5. Elles sont bien faites et les enfants adorent ça pour le petit déjeuner », explique Agnès Yatènè, qui, bien qu'habitant le 2e arrondissement, vient s'approvisionner au PK5.

« J'ai encore peur »
Mais Isabelle Yazoniko, auparavant vendeuse de légumes au PK-5, n'ose pas y retourner et s'est installée sur un marché du 2e arrondissement depuis l'éclatement des grandes violences en décembre dernier. « J'ai encore peur. Ces gens-là, il faut se méfier d'eux : antibalaka, ex-séléka et musulmans, ils sont les mêmes. Ils provoquent des tensions qui dégénèrent en violences et nous payons les pots cassés. Je vais rester ici au marché Simbanza dans le 2e arrondissement jusqu'à ce que tout redevienne normal », assure-t-elle. Une peur partagée par l'enseignant Daniel Yembi, réfugié au quartier de Bimbo, dans le sud de Bangui : « Plus question de repartir au PK-5. Je n'arrive pas à me débarrasser de la peur. Je me sens bien ici à Bimbo. J'y suis et j'y reste pour de bon. »
Autre signe de normalisation, l'exigence faite aux motards de porter des casques. Et le réveil d'un front social avec la reprise de quelques grèves comme à l'université de Bangui, où un mouvement des enseignants du supérieur paralyse les cours depuis plus d'un mois pour des revendications salariales envers un État failli aux caisses vides, qui survit de l'aide internationale. Plusieurs éléments concourent à cette lente amélioration : la mort ou la fuite de la plupart des musulmans de la ville, objets des attaques par les antibalaka, le contrôle progressif du terrain par Sangaris, la Misca et l'Eufor, ainsi que l'engagement des anti balaka et de la Séléka à cesser les hostilités pris au récent Forum de Brazzaville.

(Source : AFP)

La peur est encore forte et les nuits sont toujours déchirées par des tirs d'armes à feu, mais Bangui, ravagée depuis plus d'un an par de terribles affrontements, exactions, traques et pillages, va mieux. Un peu mieux.Signe révélateur de cette très lente amélioration, la réouverture d'une agence bancaire au PK-5, grand centre commercial et seule enclave musulmane restante dans la...

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