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Moyen Orient et Monde - Témoignage

« Les Tripolitains se sentent piégés : ils ne peuvent plus s’enfuir, même s’ils le désirent »

« La ville est enveloppée par un épais nuage noir », dû à un incendie qui ravage depuis dimanche soir un immense dépôt d’hydrocarbures près de la capitale. Ismail Zitouny/Reuters

« Désespoir, désillusion, déception, découragement... » Que des mots forts pour exprimer la colère des Tripolitains coincés dans les combats depuis plusieurs semaines. Le Dr Hasan Agili, 31 ans, avait quitté l'Italie en 2011 pour retourner travailler en Libye après la révolution, avec plein de projets et d'espoirs en un avenir meilleur... « Aujourd'hui, il n'y a plus rien. Pas d'eau, pas d'électricité, pas d'essence, et ce avec des températures dépassant les 40° », se lamente Hasan affirmant que les besoins de base de la population sont manquants. « Personne ne sort de chez lui, les rues sont désertes, les magasins vides », ajoute-t-il, et pour compléter le décor, « la ville est enveloppée par un épais nuage noir » dû à un incendie qui ravage depuis dimanche soir un immense dépôt d'hydrocarbures près de la capitale, alors que les risques d'une explosion majeure planent sur la ville.


« Les autorités ont appelé les habitants de la région à quitter les lieux, explique Hasan, mais où aller ? »
Au-delà des combats sanglants près de l'aéroport de Tripoli, et qui ont entraîné sa fermeture et la destruction de plusieurs avions, « les Tripolitains se sentent piégés, bloqués : ils ne peuvent plus s'enfuir, quitter le pays, même s'ils le désirent. Les gens sont fous de rage », déplore Hasan qui explique que le conflit actuel oppose des miliciens de Zenten et de Misrata, suite aux résultats des élections qui ont vu la défaite, comme d'habitude, des islamistes. Les combats à Tripoli visent à prendre le contrôle de l'aéroport de la capitale pour faire pression sur le nouveau Parlement. Hasan réfute toutefois l'idée d'une guerre civile, malgré les risques d'un conflit généralisé. Selon lui, c'est une guerre entre les milices. Les milices de différentes villes. Et c'est la population civile qui paie le plus fort tribut.


Le plus difficile reste la situation désespérante de la population coincée entre deux feux. « Nous sommes désespérés. Nous ne voyons aucune issue au conflit, et ce depuis la chute de Kadhafi. Qui va arrêter la violence ? Qui va faire face aux miliciens, aux islamistes ? Pas de police, pas d'armée, pas de gouvernement... », dénonce Hasan, estimant que personne ne peut contrôler des miliciens armés jusqu'aux dents et qui manipulent la religion pour arriver au pouvoir coûte que coûte.
« Nous n'avons pas peur des combats ou de la violence. Nous avons connu pire lors de la révolte et sous la dictature de Kadhafi. Mais nous sommes déçus et déprimés. La pression est trop forte. Nous avons perdu espoir », conclut Hasan qui affirme avoir déjà postulé à des postes hors du pays : « Dès que l'opportunité se présente, je quitte la Libye. »

 

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