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À La Une - Persécutions

Les chrétiens d'Irak veulent rester dans leur pays, assure une ONG

La proposition d'asile lancée par Paris "est à la fois quelque chose de bon et de difficile parce qu'on va aggraver l'exode", estime un cardinal français.

Une Irakienne chrétienne, dans une église, en dehors de Mossoul. AFP/Karim Shahib

Chassés de la région de Mossoul par les jihadistes de l'Etat islamique (EI), les chrétiens d'Irak ne veulent pas quitter leur pays, affirme Portes ouvertes, une organisation non gouvernementale d'obédience évangélique.

Après avoir été dépouillées de leurs biens, au moins 3.000 familles se sont réfugiées au Kurdistan irakien, où elles ont besoin d'une aide internationale pour s'installer, estime l'association.

"Le désir est toujours de rester chez tous ceux à qui nous avons parlé", a dit mardi à Reuters Michel Varton, directeur de Portes ouvertes France. "Pour eux, les inviter à venir en France ou en Europe, ce n'est pas la solution, c'est faire le jeu des jihadistes." "Ils disent : 'c'est notre pays, on est là depuis avant l'islam, depuis les premières années de l'Eglise il y a 2000 ans'", a-t-il ajouté.

L'asile, que le gouvernement français s'est dit lundi prêt à accorder aux chrétiens d'Orient est, selon lui, "compréhensible sur le plan humanitaire mais ne doit pas devenir une porte de sortie".

 

"Il vaut mieux partir que de se faire tuer évidemment"

Mardi, un cardinal français a, lui aussi, estimé qu'il fallait encourager les chrétiens d'Irak menacés à rester dans ce pays où ils ont développé depuis des siècles "un art de vivre ensemble qui est aussi une grande richesse pour l'humanité". Interrogé sur la proposition française d'asile, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon (est) a répondu : "C'est à la fois quelque chose de bon de la part de la France, de généreux, et de difficile parce qu'on va aggraver l'exode et on va aggraver la situation". "Il vaut mieux partir que de se faire tuer évidemment, mais le but n'est pas que tout le monde parte, c'est qu'on arrive à rester et à continuer à vivre ensemble", a ajouté Mgr Barbarin, relevant que les chrétiens d'Irak avaient "édifié, comme dans beaucoup d'autres pays de cette région, un art de vivre ensemble qui est aussi une grande richesse pour l'humanité".


Le cardinal Philippe Barbarin était interrogé depuis l'Irak où il effectue une visite de trois jours menée par une délégation d'émissaires de l'église catholique française visant à apporter son soutien aux chrétiens victimes de menaces et d'exactions de la part de l'EI.


Les chrétiens de Mossoul, la deuxième ville d'Irak, tombée le 10 juin aux mains de l'EI, ont fui en masse après un ultimatum leur donnant quelques heures pour quitter les lieux. Les chrétiens étaient 1,5 million en Irak avant la première guerre du Golfe, ils ne sont plus que 400.000 aujourd'hui et leur présence est réduite à quelques familles à Mossoul, selon certains de leurs soutiens en France. D'après les informations recueillies par Portes ouvertes, la situation serait pire, puisqu'il n'y aurait plus de chrétiens du tout à Mossoul. La population chrétienne de l'ancienne Ninive, qui s'élevait à environ 100.000 personnes il y a dix ans, était estimée à 5.000 avant la prise de la cité par les jihadistes.

 

(Lire aussi : Mossoul chrétienne, de Michel Eddé)

 

Atrocités

"Les jihadistes fêtent le fait qu'il n'y a plus de chrétiens dans la ville. L'église de la Vierge Marie dans le quartier de Tamin et celle du Saint-Esprit, dans l'est de la ville, ont été plastiquées. Dans les autres, on enlève la croix et on met le drapeau noir de l'Etat islamique", assure Michel Varton.

Contraints de partir ou de payer l'impôt des non musulmans, la "jizya", sous peine de mort, les exilés ont rejoint le Kurdistan où la communauté chrétienne s'est développée depuis une dizaine d'années, sous l'effet des persécutions qui ont suivi la chute de Saddam Hussein. Tous ont dû abandonner l'ensemble de leurs biens, jusqu'aux alliances des femmes et à l'argent de poche des enfants, affirme Michel Varton.

 

(Témoignage : A Mossoul, les jihadistes s'emparent même des boucles d'oreilles des fillettes chrétiennes...)

 

Les équipes de Portes ouvertes ont recueilli sur place plusieurs récits faisant état d'atrocités, comme cet homme décapité après une altercation avec un soldat au point de passage de la frontière du nouveau "califat" ou cet autre à qui on avait coupé les mains et les jambes.

 

Les chrétiens de Mossoul "sont souvent des gens qui ont des capacités, qui étaient des commerçants, des professionnels", souligne le responsable de l'ONG protestante. Celle-ci a entrepris de recueillir des fonds pour permettre leur réinstallation.

Après un appel lancé vendredi par email à ses donateurs, la section française a déjà recueilli 48.000 euros. L'objectif est d'en rassembler 1,5 million dans les trois mois au niveau mondial.

 

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commentaires (1)

"Les chrétiens d'Irak veulent rester dans leur pays", mais comment, ces pauvres, peuvent-il le faire s'ils risquent à tout instant d'être égorgés et décapités par les nouveaux barbares qui se sont installés à Mossoul et ailleurs ? Je le répète, les premiers responsables de cette tragédie des chrétiens d'Irak et également de celle des centaines ou peut-être des milliers d'Irakiens non-sunnites exécutés par ces barbares sont le sot et lâche Obama et le petit tsar grotesque et ridicule Poutine, qui commandent ce qu'on appelle encore "la communauté internationale". Celle-ci ne fait absolument rien pour arrêter cette barbarie. Une autre observation : Si Obama et Poutine n'avaient pas permis l'installation et la consolidation de DAECH en Syrie, l'un par sa lâche passivité et l'autre par sa protection illimitée de la dictature criminelle de Damas, complice de cette organisation jusqu'aux récentes victoires spectaculaires de celle-ci en Irak, DAECH n'aurait jamais pu arriver à ces victoires et déclarer son Etat islamique dans ce pays.

Halim Abou Chacra

06 h 37, le 30 juillet 2014

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Commentaires (1)

  • "Les chrétiens d'Irak veulent rester dans leur pays", mais comment, ces pauvres, peuvent-il le faire s'ils risquent à tout instant d'être égorgés et décapités par les nouveaux barbares qui se sont installés à Mossoul et ailleurs ? Je le répète, les premiers responsables de cette tragédie des chrétiens d'Irak et également de celle des centaines ou peut-être des milliers d'Irakiens non-sunnites exécutés par ces barbares sont le sot et lâche Obama et le petit tsar grotesque et ridicule Poutine, qui commandent ce qu'on appelle encore "la communauté internationale". Celle-ci ne fait absolument rien pour arrêter cette barbarie. Une autre observation : Si Obama et Poutine n'avaient pas permis l'installation et la consolidation de DAECH en Syrie, l'un par sa lâche passivité et l'autre par sa protection illimitée de la dictature criminelle de Damas, complice de cette organisation jusqu'aux récentes victoires spectaculaires de celle-ci en Irak, DAECH n'aurait jamais pu arriver à ces victoires et déclarer son Etat islamique dans ce pays.

    Halim Abou Chacra

    06 h 37, le 30 juillet 2014

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