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Moyen Orient et Monde - Gaza

Annonces de trêve et échange de tirs en même temps

Les frappes israéliennes ont fait 1 031 morts et 6 233 blessés.

En soirée hier, le président US Barack Obama a affirmé qu’un cessez-le-feu à Gaza est désormais un « impératif stratégique ». Suhaib Salem / Reuters

Il dort deux heures par nuit dans son bureau exigu de l'hôpital Chifa de Gaza, submergé de mauvaises nouvelles et harcelé par les journalistes : au rythme des frappes israéliennes, le docteur Achraf al-Qodra annonce au monde entier les morts palestiniens.

Après trois semaines à additionner les cadavres, il dresse un constat sans appel : « Il n'y a aucun endroit où l'on puisse être en sécurité à Gaza », minuscule territoire surpeuplé d'environ 40 km de long sur 10 km de large. Depuis le début de l'offensive israélienne le 8 juillet, il a recensé plus d'un millier de mort dans l'enclave palestinienne. « Les données que nous utilisons et celles que nous publions sont précises et objectives », assure-t-il avec une certaine défiance.

(Lire aussi: Rapt et meurtre de trois étudiants israéliens : le directoire du Hamas ne serait pas impliqué)


Agé de 41 ans, cet homme grand à la barbe soigneusement taillée travaille pour une entité gouvernementale dirigée par le Hamas. Pour autant, il ne se considère pas comme affilié au mouvement islamiste qui dirige la bande de Gaza depuis 2007 mais ne parvient plus à payer ses fonctionnaires. En cas d'erreur, il rectifie ses chiffres, comme hier quand il a revu le bilan général à la baisse ou vendredi, quand il a finalisé le bilan dans l'école de l'ONU de Beit Hanoun à 15 morts après en avoir d'abord évoqué le double dans la confusion ayant suivi l'explosion d'un obus au milieu des réfugiés. En tout, les frappes israéliennes ont fait 1 031 morts et 6 233 blessés. À ce sujet d'ailleurs, l'armée israélienne a reconnu hier avoir tiré un obus de mortier contre l'école de l'Onu, tout en assurant que personne n'avait été tué sur place...

Les informations fournies par Achraf al-Qodra, au rythme de l'arrivée des corps dans les morgues de chacun des sept hôpitaux de l'enclave palestinienne, comptent pour beaucoup dans l'émotion mondiale qu'a suscitée le conflit. « Je crois profondément au caractère humanitaire de ma mission », souligne cet ancien kiné devenu médecin. Cette mission consiste à répondre à quelque 700 appels par jour et à actualiser encore et toujours sur Twitter et Facebook le nombre de ceux qu'il appelle « martyrs ». Il s'allonge pour une sieste sur un matelas posé près de son bureau, avant d'être brusquement interrompu par un assistant : « Dr Qodra ! Il y a énormément de morts à l'hôpital des Martyrs » à Deir al-Balah.

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Entre radio et téléphone

Le téléphone sonne, Achraf al-Qodra prend fébrilement des notes, pendant que la radio posée sur son bureau égrène les morts dans un Gaza dévasté. Le porte-parole appelle les hôpitaux débordés, suit la trace des blessés transportés en ambulance. Et ne cache pas sa colère. « Je vois des corps et des morceaux de corps tout le temps. Mais ce qui me touche le plus, c'est de voir des femmes et des enfants tués dans les bombardements », témoigne-t-il. « Ils ont visé l'hôpital al-Wafa, dans la banlieue de Gaza, l'hôpital des Martyrs, l'hôpital européen à Khan Younès, comme je craignais. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'ils frapperont ici à un moment ou à un autre ici », lâche-t-il à propos de l'hôpital Chifa, le plus important de Gaza, en regardant par la fenêtre une ambulance arriver chargée de blessés. Le téléphone sonne encore : cinq morts et 70 blessés à Khan Younès.

Mais à l'appel suivant, le visage du médecin s'éclaircit d'un rare sourire. C'est son épouse, qui lui donne des nouvelles de leurs quatre enfants. « Ils me manquent », confie l'homme qui, entre deux décomptes, n'a eu le temps de voir sa famille qu'une seule fois en trois semaines.


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commentaires (3)

Trêve et en même temps échanges de tirs, comme à Beyrouth en 75/76 !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 22, le 30 juillet 2014

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Commentaires (3)

  • Trêve et en même temps échanges de tirs, comme à Beyrouth en 75/76 !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 22, le 30 juillet 2014

  • LES DEUX ABRUTISSEMENTS SE CONFRONTENT À COUPS DE PALESTINIENS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 36, le 29 juillet 2014

  • Pour votre information, Mien commentaire paru ce jour dans l'édition électronique du " Jerusalem Post " : UNE SEMAINE ENCORE ET CE SERA LA PAIX EN ORIENT... 29 juillet 2014, 04:01 Antoine Ged Mes chers Ami(e)s, Le discours aux accents guerriers que tient plus que jamais votre premier ministre pourrait faire douter du bien-fondé de ce que j'avance. Mais il faut comprendre qu'aucun chef de guerre ne peut se permettre de tenir des propos à connotation trop pacifique sauf à apparaître très démobilisateur à un moment où chacun sur le terrain cherche à pousser ses pions pour arriver en position de force à la table des négociations. Tout ceci alimente un psychodrame, qui peut désorienter certains, mais qui illustre bien le véritable jeu de rôle que se jouent entre eux les chefs des deux camps. C'est pourquoi les pertes en vies humaines chez chacun des belligérants, pour éminemment déplorables qu'elles soient, ne doivent pas inquiéter outre mesure. Et je gage que des discussions franches et directes vont s'établir très bientôt entre les deux adversaires, et que ce sera l'amorce de négociations beaucoup plus larges au cours desquelles les pays du Proche-Orient, dans leur ensemble, jetteront entre eux les bases d'une paix juste et durable. Ce qui aura pour effet un essor d'une ampleur insoupçonnée, et quasi-immédiat, des échanges politiques, économiques et culturels entre tous les pays de la région. Très fidèlement, Antoine Hakim-Ged

    Ged Antoine

    14 h 52, le 29 juillet 2014

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