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Flirter sur le Web, boîte à fantasmes ou bouée de sauvetage ?

Quand la cyberaddiction ruine une vie

Sur Internet, la personne dont on vient de faire la connaissance peut être un mystère à découvrir. Photo Bigstock

Les « amitiés virtuelles » peuvent se tailler une place bien tangible dans la vie de tous les jours et finir par évoluer. Une personne inconnue est un mystère à découvrir. Vient ensuite l'envoûtement. Les « textos » envahissent le quotidien.Tout à coup, l'autre devient la perle rare et son attention un besoin, une nécessité. C'est le coup de foudre. Et le cellulaire n'est jamais bien loin. L'histoire peut prendre de plus en plus d'ampleur et devenir obsessionnelle. Jusqu'à parfois briser le couple. Sans parler de la dépendance lorsque ces échanges virtuels se transforment en un mode de vie, une glissade, une addiction.
Sélim, 35 ans, comptable, a priori sans histoire, livre son expérience. « Je trompais sans arrêt ma femme avec des inconnues, consultais régulièrement des sites pornographiques et me livrais continuellement à de l'exhibitionnisme public. Même quand le mari de l'une de mes maîtresses m'a menacé avec une arme à feu après nous avoir surpris, je me suis révélé incapable de m'arrêter. Pour moi, le sexe était un remède contre l'anxiété liée à l'abandon par mes parents à l'enfance. Après mon divorce, j'ai tenté de mettre fin à mes jours par une overdose de médicaments. Quand je me suis réveillé à l'hôpital, j'ai compris ce que j'étais devenu : un accro du sexe. Une maladie qui m'a fait perdre mon épouse, mon travail et ma dignité. » Alors que l'addiction sexuelle concernait autrefois uniquement des hommes de 40 ou 50 ans, de plus en plus de femmes, d'adolescents et de seniors sont touchés par ce phénomène qui « fleurit ». L'explication de cette recrudescence ? L'arrivée d'Internet et la banalisation de la pornographie tendent à aggraver l'état des personnes prédisposées à l'addiction.

Qu'est-ce que l'addiction sexuelle ?
« L'addiction est le fait d'être entièrement, psychiquement et physiquement envahi par les pensées sexuelles », poursuit Claude Ghorayeb, psychothérapeute : « L'univers du dépendant est alors complètement tourné vers le sexe. Chez le patient, qui est le plus souvent masculin, cela se traduit par un désir irrépressible de passer à l'acte, une impossibilité de résister à ses besoins sexuels et de surcroît par un comportement envahissant, autodestructeur. La prise de risque devient de plus en plus importante (rapports sexuels non protégés, risques infectieux, exhibitionnisme...). La dépendance sexuelle est ainsi, pour certaines personnes, la seule manière possible de vivre leurs sentiments et de faire face aux tensions. De ce fait, les comportements sexuels deviennent le principal mécanisme de défense face au stress. Le plus souvent, le dépendant sexuel ne peut supporter la privation, le manque de relations sexuelles, quand il est seul. Ainsi, cette personne passera beaucoup de temps à la recherche de l'assouvissement de ses fantasmes. La dépendance sexuelle comporte plusieurs phases, qui peuvent aller de la phase d'obsession, de ritualisation en passant par la phase compulsive (exécution de l'acte sexuel précis, où le sujet anxieux ne peut dominer son comportement) jusqu'au désespoir, mêlé à un vide émotionnel, au sentiment de culpabilité, de frustration et d'impuissance provoquant isolement, solitude et dépression.
C'est à cause de la recherche d'un refuge, d'une échappatoire à la réalité, que cette tendance à s'extraire du contexte réel pourrait devenir l'une des motivations intimes du cyberdépendant. Le remplacement du réel par le virtuel serait alors la seule manière concevable de vivre », conclut la psychothérapeute.

Les « amitiés virtuelles » peuvent se tailler une place bien tangible dans la vie de tous les jours et finir par évoluer. Une personne inconnue est un mystère à découvrir. Vient ensuite l'envoûtement. Les « textos » envahissent le quotidien.Tout à coup, l'autre devient la perle rare et son attention un besoin, une nécessité. C'est le coup de foudre. Et le cellulaire n'est jamais...

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