Une fois n'est pas coutume, les députés libanais ont largement répondu à la convocation que leur avait adressée le président de la Chambre, Nabih Berry, ce samedi à midi. Le thème de la réunion explique cette affluence : la solidarité avec Gaza et les chrétiens d'Orient, alors que les députés ont échoué à neuf reprises à élire un nouveau président, faute de quorum.
Aujourd'hui, il y avait donc foule dans l'hémicycle de l'Assemblée pour cette séance au cours de laquelle les représentants des principaux blocs ont dénoncé l'offensive israélienne contre Gaza et les exactions commises par les jihadistes contre les chrétiens en Syrie, et surtout en Irak.
'Une guerre d'extermination'
Premier à prendre la parole, après une introduction de M. Berry, le chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, a appelé le Conseil de sécurité de l'Onu à assurer des zones sûres aux chrétiens d'Irak et de Syrie contraints à l'exode. "A Mossoul, Daech (rebaptisé l'Etat islamique, ndlr) a violé tous les interdits. Les Assyriens sont victimes d'une guerre d'extermination. Avec chaque kilomètre conquis par Daech, des familles chrétiennes sont forcées de fuir", a déclaré M. Aoun.
Les chrétiens de Mossoul, la deuxième ville d'Irak, tombée le 10 juin aux mains des jihadistes de l'Etat islamique (EI), ont commencé depuis une semaine à fuir en masse après un ultimatum de l'EI leur donnant quelques heures pour quitter les lieux. Cette fuite massive est le plus récent déplacement de population provoqué par les combattants de l'EI, et vide la cité d'une population présente depuis des siècles.
"Où sont les Nations unies aujourd'hui? Où sont les pays occidentaux?", a déploré le leader chrétien, ajoutant : "Ce qui se passe aujourd'hui est une guerre d'extermination, et se taire est un crime".
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Le pacte national libanais, un modèle
Le chef du bloc parlementaire du Futur, l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, a pour sa part estimé que le Pacte national libanais devait servir de modèle de cohabitation aux pays de la région. "La cohabitation islamo-chrétienne consacrée par les accords de Taëf représente la meilleure solution dans une société pluriconfessionnelle", a estimé M. Siniora. L'Etat islamique n'a rien à voir avec l'islam historique ou moderne, a martelé l'ancien Premier ministre sunnite, appelant à la "coopération pour faire face à l'extrémisme". "Sans solution à la question palestinienne, le conflit israélo-arabe restera la priorité dans la région", a-t-il également souligné.
'Coexistence islamo-chrétienne'
"Qui peut imaginer l'Orient sans ses chrétiens. Qui peut imaginer que les églises d'Orient soient menacées? Qui peut croire à ce cauchemar qui a touché des zones où la chrétienté revêt un caractère historique", s'est ensuite interrogé le député Michel Moussa, membre du bloc du Développement et de la libération (bloc de Nabih Berry).
"Nous tenons à la cohabitation avec nos compatriotes chrétiens", a renchéri le député Ali Fayad, membre du bloc de la fidélité à la résistance (Hezbollah). Evoquant Gaza, M. Fayad a souligné que "la résistance est la seule voie pour faire face à l'ennemi israélien. L'expérience de Gaza de même que la guerre libano-israélienne de 2006 l'ont prouvé".
Vendredi soir, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a dénoncé, lors d'un discours à l'occasion de la Journée de Jérusalem, l'agression israélienne et exprimé sa solidarité et son soutien aux Palestiniens, de même qu'il a condamné les exactions contre les chrétiens et les musulmans en Irak.
"Pratiques racistes"
Le député membre du bloc des Forces libanaises (FL) Georges Adwan a dénoncé les "pratiques racistes" à Gaza et en Irak et dénoncé "le silence assourdissant de la communauté internationale absente et une communauté arabe impuissante". Il a par la suite tenu à saluer "le peuple de Gaza et de Palestine, qui fait face à la guerre barbare menée par Israël.".
Le député de la Rencontre démocratique, du leader druze Walid Joumblatt, Ghazi Aridi a pour sa part dénoncé "un complot préparé depuis des années contre la région, soulignant la solidarité de tous les Libanais avec le peuple palestinien".
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'La barbarie israélienne contre Gaza équivaut à celle des jihadistes'
Se prononçant à la suite des interventions des représentants des blocs parlementaires, le Premier ministre Tammam Salam a dénoncé la barbarie israélienne contre Gaza et celle des jihadistes contre les chrétiens d'Orient, mettant les deux sur un pied d'égalité. Après avoir rappelé que le gouvernement libanais a demandé à la Cour pénale internationale d'intervenir face aux actions israéliennes, le chef du gouvernement a souligné que "les chrétiens ne sont pas des réfugiés sur ces terres".
Clôturant la séance, Nabih Berry a appelé la communauté internationale à mettre fin à l'exode des chrétiens d'Orient et au blocus de Gaza. Le chef du législatif a également invité la communauté internationale à juger les responsables israéliens impliqués dans le conflit à Gaza en tant que criminels de guerre. Le Parlement libanais est solidaire des habitants de Gaza, a-t-il déclaré, appelant à la formation d'un comité arabe pour gérer la situation dans ce territoire palestinien.
Le Parlement condamne la persécution des minorités religieuses, a-t-il poursuivi, exhortant l'Organisation de la Conférence islamique, la Ligue arabe et les Nations unies à agir immédiatement pour mettre un terme aux crimes de l'Etat islamique. Il a demandé que les "takfiristes" soient jugés en tant que criminels de guerre, les accusant de ternir l'image de la coexistence religieuse en Orient.
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commentaires (8)
Ils se prennent pour les députés de l'univers ?? Ils sont malades! Quelle utilité ou effet aura cette séance en présence d'un million de réfugiés syriens et l'absence d'un président alors que c'est ....la criminalité du conflit syrien qui a ouvert la porte à celui de Daesch... Et la fenêtre pour les sionistes .... C'est ridicule comme démarche, le chef du parlement est désespérant ... C'était d'un ridicule à faire pleurer! À moins que les chrétiens d'Irak et les palestiniens aient demandé l'aide du Liban.... ??!! Tous les parlements du monde auraient pu organiser une telle séance sauf que tous ces autres parlements tous , auraient été beaucoup plus crédibles que le parlement Libanais .... C'est un parlement trop malade intrinsèquement...
CBG
17 h 59, le 27 juillet 2014