En personne et devant des centaines de partisans, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah a prononcé un discours, vendredi, lors d'une cérémonie organisée dans la banlieue-sud de Beyrouth à l'occasion de la Journée de Jérusalem. Le parti chiite organise à cette occasion, comme chaque année, un meeting oratoire dans son fief.
Le discours du chef du Hezbollah aujourd'hui coïncide avec le 18e jour de l'offensive israélienne contre le Hamas causant la mort de plus de 800 Palestiniens. Ce conflit, le plus sanglant en cinq ans à Gaza, enclave sous blocus depuis des années, est le 4e depuis 2006.
"Il est de notre devoir de nous rassembler aujourd'hui, malgré les menaces sécuritaires, en raison de l'offensive israélienne contre Gaza et en hommage aux victimes de la guerre israélienne de juillet 2006 contre le Liban et notre peuple résistant", a-t-il d'ailleurs déclaré d'emblée.
Hassan Nasrallah a estimé que "le but de l'État hébreu est d'éradiquer cette cause et de tuer l'esprit de la résistance". "Ils veulent isoler le peuple palestinien pour le pousser au désespoir, a-t-il ajouté. Tout ce qui se passe dans la région vise à faire en sorte de pousser le monde arabe à se désintéresser de la cause palestinienne". Et de marteler : "Malgré toutes leurs tentatives, la cause palestinienne s'imposera toujours dans la région et dans le monde. Ce qui se passe aujourd'hui à Gaza en est la plus grande preuve". Selon Hassan Nasrallah, en dépit des énormes pressions, le peuple palestinien a choisi de résister et refuse de baisser les bras.
Le leader chiite a dans ce contexte accusé certains régimes arabes d'être "complices d'Israël et des États-Unis au détriment de la cause palestinienne". "Aujourd'hui nous passons par l'étape la plus dangereuse depuis la violation de la Palestine (en 1948, ndlr)", a mis en garde Hassan Nasrallah. "Nous sommes aujourd'hui témoins d'une destruction organisée d'États, d'armées et de peuples dans le monde arabe", a-t-il poursuivi. Il a dans ce cadre estimé que la Syrie a été et restera le "mur solide" face au projet sioniste et le premier soutien à la résistance.
Gaza "victorieuse"
Selon Nasrallah, Gaza est sortie victorieuse aujourd'hui, au 18e jour de l'offensive" grâce à la logique de la résistance. "Les sionistes ont été incapables d'atteindre un seul de leurs objectifs depuis le début de la guerre", a-t-il ajouté. Et de poursuivre : "Nous comprenons mieux ce qui se passe dans l'enclave palestinienne à l'occasion de l'anniversaire de la guerre de juillet, une guerre que nous avons remportée grâce au triptyque armée-peuple-résistance".
Hassan Nasrallah a dans ce contexte estimé que le but de l'État hébreu n'est pas uniquement le Hamas, mais toute la résistance à Gaza. "D'ailleurs nous ne connaissons toujours pas le véritable but de l'offensive, ce qui dénote d'une peur et d'une agitation israéliennes", a-t-il ajouté.
"Nous sommes aujourd'hui en rendez-vous avec une deuxième victoire de la résistance", en allusion à l'échec d'Israël à écraser le parti chiite en juillet 2006. S'adressant aux Israéliens, il a lancé : "Vous êtes condamnés à l'échec à Gaza".
(Lire aussi: Et si les médias libanais s'unifiaient d'abord... pour la cause libanaise ?)
Le chef du Hezbollah a en outre dénoncé le silence de la communauté internationale et est revenu sur "la complicité de certains régimes internationaux et arabes et leur insistance à innocenter Israël et à faire assumer à la résistance la responsabilité de ce qui se passe". Et de marteler : "Je suis sûr que certains leaders arabes appellent (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu et lui demandent de poursuivre son offensive jusqu'à la destruction de la résistance".
Hassan Nasrallah a dans ce contexte appelé à "laisser toutes les divergences politiques, au Liban et dans la région, de côté et à mettre les événements de Gaza au-dessus de tout". "En ce qui nous concerne, le Hezbollah n'hésitera pas se tenir aux côtés de la résistance en Palestine et à lui assurer tout le soutien dont elle a besoin", a-t-il assuré.
Très rare apparition publique vendredi dans la banlieue-sud pour Hassan Nasrallah qui redoute une tentative d'assassinat et se contente de discours réguliers à la télévision. AFP PHOTO / ANWAR AMRO
Dimanche dernier, le chef du parti chiite avait affirmé sa solidarité avec la "résistance" à Gaza et s'était déclaré convaincu de sa victoire contre les forces israéliennes. Dans un entretien téléphonique avec le chef du Hamas en exil Khaled Mechaal, il a assuré que le "Hezbollah et la résistance libanaise se tiennent ardemment aux côtés de l'Intifada et de la résistance du peuple palestinien et appuient la stratégie du Hamas et ses conditions justes pour terminer le conflit".
Par ailleurs, dans un autre entretien téléphonique avec Ramadan Abdallah Challah, secrétaire général du Jihad islamique, le second groupe armé à Gaza, le chef du Hezbollah l'avait assuré que son organisation et "la résistance libanaise ont la volonté de coopérer totalement pour que se réalisent les objectifs de la résistance palestinienne et pour faire échouer l'agression" israélienne.
Non aux exactions contre les chrétiens d'Irak
Évoquant ensuite la situation en Irak, le secrétaire général du Hezbollah a dénoncé "les exactions contre les chrétiens mais aussi les musulmans qui s'opposent à Daech (l'Etat islamique) en Irak". "Il est de notre devoir en tant que musulmans de condamner ces actes", a-t-il assuré, ajoutant que l'Irak est "entré aujourd'hui dans un tunnel sombre". Selon lui, "les destructions des églises et des mosquées en Irak sont un prélude à la destruction de la mosquée d'al-Aqsa par les Israéliens".
(Lire aussi: Gaza et Mossoul, les deux faces d'une même monnaie, pense-t-on au Liban)
Les chrétiens de Mossoul, la deuxième ville d'Irak, tombée le 10 juin aux mains des jihadistes de l'Etat islamique (EI), ont commencé depuis une semaine à fuir en masse après un ultimatum de l'EI leur donnant quelques heures pour quitter les lieux. Cette fuite massive est le plus récent déplacement de population provoqué par les combattants de l'EI, et vide la cité d'une population présente depuis des siècles.
Dimanche, le pape François a dénoncé les persécutions dont sont victimes les chrétiens de Mossoul, tandis que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a évoqué un "crime contre l'humanité".
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commentaires (9)
LES UNS SONT CONDAMNÉS À L'ÉCHEC... ET LES AUTRES... QUI ENCAISSENT LES CHÈQUES... PERDENT DANS LEURS JEUX D'ÉCHECS !
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 43, le 29 juillet 2014