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Culture - Que me chantez-vous là ?

« Ya Mustafa » à la recherche du temps perdu

Est-il chrétien, musulman ou juif, ce Mustafa auquel s'adresse Bob Azzam dans la chanson éponyme qui a fait le tour du monde ? À cette époque bénie du Moyen-Orient, on ne se posait même pas la question et cela importait si peu.

Bob Azzam, c’est lui l’Oriental !

Étrange refrain où trois langues se mélangent en toute harmonie! Qui n'a jamais fredonné ou écouté cet air léger intitulé Ya Mustafa interprété par Bob Azzam et qui semble aujourd'hui si désuet? Nommée quelquefois d'après son refrain, « Chéri je t'aime, chéri je t'adore », cette chanson égyptienne, dont les origines sont mal connues, est composée en trois langues différentes : arabe, français et italien. Il existe même également des versions grecque et turque, très populaires dans ces pays.
C'est Bob Azzam ou Waddie George Azzam, un Palestinien grec-orthodoxe ayant grandi d'abord au Liban puis s'étant établi en Égypte, qui découvre un jour cette chanson écrite et composée par Mohammad Fawzi en 1950. Ou est-ce Fawzi qui découvre lui-même Azzam? Les versions diffèrent, mais toujours est-il que le chanteur reprend ce hit, s'installe en Europe et continuera par la suite à interpréter des chansons légères et gaies aux sonorités orientales.
Ainsi, en 1960, outre la fameuse chanson Ya Mustapha, il sort en France Fais-moi du couscous, chérie et C'est écrit dans le ciel. La même année, il reçoit le Grand Prix du disque pour Viens à Juan-les-Pins. Il enregistre alors une vingtaine de 45 tours.
Après cette période faste, le succès déclinant, Bob Azzam continue sa carrière en tournant avec son orchestre et, enfin, ouvre une boîte de nuit à Genève avant de décéder à Monaco en 2004.
«Ya Mustafa, ya Mustafa (Oh! Mustapha, Oh!
Mustapha)
Ana bahebbak, ya Mustafa (Je t'aime Mustapha)
Sabaa senin fel Attarin, (Sept ans rue Attarine)
Delwa'aty geina chez Maxim (Maintenant, nous dînons chez Maxime).
Quand je t´ai vu sur le balcon
Tu m'as dit monte et ne fais pas d'façon.
Chéri je t´aime, chéri je t'adore,
Como la salsa del
pomodoro
Chéri je t´aime, chéri je t'adore,
Como la salsa del pomodoro (Comme la sauce
tomate)».
Qu'est-ce qui fait donc au juste la particularité de Ya Mustafa, à part le fait qu'elle soit écrite en trois langues ? Cet air qui a fait le tour du monde et figuré dans plusieurs films égyptiens, notamment l'un où Sabah jouait le rôle principal, Al-Hob Keda, est plus qu'une petite chansonnette, une archive qui aurait une grande valeur historique. En effet, Ya Mustafa représente, avec une grande nostalgie, une époque aujourd'hui révolue. Ses paroles sont un quasi-document d'une ère qui aurait duré de 1869 (ouverture du Canal) jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Nasser en 1960. Durant ce siècle d'or, l'Égypte cosmopolite, et notamment l'Alexandrie, où l'action de la chanson a lieu (Attarine), était non seulement polyglotte, mais jouissait d'une joie de vivre unique. Toutes communautés confondues, d'origine européenne (Italiens, Grecs, Français, Levantins), ou des minorités égyptiennes (juifs, coptes), vivaient en parfaite harmonie sans différenciation aucune. Comme le dit également la chanson, il y avait une atmosphère de «keif» qui se traduirait en Italie par la dolce vita.
Une dolce vita que le Moyen-Orient n'est pas prêt de retrouver de sitôt.
Mustafa, mon frère Mustafa, ne vois-tu rien venir?

Étrange refrain où trois langues se mélangent en toute harmonie! Qui n'a jamais fredonné ou écouté cet air léger intitulé Ya Mustafa interprété par Bob Azzam et qui semble aujourd'hui si désuet? Nommée quelquefois d'après son refrain, « Chéri je t'aime, chéri je t'adore », cette chanson égyptienne, dont les origines sont mal connues, est composée en trois langues...

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