Cela fait près de soixante-dix ans que les peuples de tous les continents vivent dans l'expectative morbide d'une troisième guerre mondiale. La littérature, le cinéma, la BD ont fait leurs choux gras de cette phobie, imaginant les formes que prendrait l'occurrence d'une telle guerre avec les moyens militaires de plus en plus sophistiqués désormais disponibles, surtout après le grand traumatisme nucléaire qui a mis fin au dernier conflit international. Certes, ne manquant pas de références, on a imaginé des guerres sophistiquées, nucléaires bien sûr, mais aussi technologiques, bactériologiques, génétiques, en somme des conflits intelligents. Sauf que, visiblement, en ce troisième millénaire qui a enflammé tous les esprits férus de science-fiction, ce n'est pas du tout ce genre de scénario qui semble prévaloir.
Contre toute attente, la guerre mondiale protéiforme qui se joue à nos portes n'a rien d'un délire futuriste. Elle nous ramène en droite ligne au Moyen Âge, à ces temps obscurs où les fanatiques de tout poil tuaient pour épurer leur voisinage, imposer leurs mœurs et leur religion, et effacer la terrifiante différence de l'autre. Pour la première fois depuis l'aube de l'islam, les chrétiens dits d'Orient, puisqu'ils ont toujours vécu dans cette partie du monde, ces chrétiens que rien ne distinguait de leurs voisins musulmans, pas même le voile au temps où toutes les femmes portaient le voile, pas même la barbe au temps où tous les hommes portaient la barbe et juraient sur celle-ci comme sur l'honneur, ces chrétiens d'Orient sont menacés pour leurs mœurs, leurs coutumes et leur religion, autrement dit sans raison valable.
Étrange phénomène que celui du néocalifat dit EI, Isis et autres Daech. Tout bon musulman vous dira qu'il n'a rien de l'islam. Ses excès caricaturaux, comme d'ériger le suicide en acte pieux, imposer la fermeture des restaurants et des cafés pendant le jeûne, obliger les magasins de mode à voiler la tête des mannequins de vitrine, mettre au pilori un enfant attrapé en train de boire avant le coucher du soleil, tout cela est aussi éloigné du Coran que l'Inquisition le fut de l'Évangile, au nom de la préservation de la foi et de la lutte contre l'hérésie. Le vrai danger est que l'on touche ici au domaine de l'irrationnel, donc d'une vraie folie contre laquelle nul discours sensé ne peut prévaloir. Et l'on sait que la violence commence là où le langage ne passe plus.
La partie du monde qui se flatte d'être « civilisée » n'est pas à meilleure enseigne en s'abstenant d'agir pour arrêter la barbarie israélienne contre les Palestiniens de Gaza. Non, les Israéliens dans ce conflit, malgré leur prétention démocratique et leur supériorité économique, ne sont pas du bon côté de la justice ni des droits de l'homme. Apparemment, chacun, dans chaque foyer de tension de ce monde qui n'a plus rien de vaste, se bat pour son « lebensraum », cet espace vital que Hitler fut le premier à oser nommer. Il est clair qu'on commence à manquer de place, même si on ne manque pas d'air.
Ça part en quenouille
OLJ / Par Fifi ABOU DIB, le 24 juillet 2014 à 00h00
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LA LIBRE EXPRESSION
10 h 13, le 24 juillet 2014