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Économie - Polémique

Télécoms : le ping-pong continue entre Harb et Sehnaoui

Le bras de fer médiatique continue entre le ministre des Télécoms Boutros Harb et son prédécesseur Nicolas Sehnaoui. Dans un communiqué publié par le ministère des Télécoms, M. Harb a réitéré ses accusations contre son prédécesseur. Au menu, gaspillage, embauches aléatoires, baisse des revenus, etc.

Cela fait quelques semaines que le ministre actuel des Télécoms Boutros Harb et son prédécesseur Nicolas Sehanoui sont engagés dans des accusations autour de la gestion financière de certains dossiers. Hier, le ministère a publié un communiqué exhaustif autour de sujets techniques qui concernent les recettes du ministère et la gestion de celles-ci. C'est en réponse à la conférence de presse tenue vendredi dernier par Nicolas Sehnaoui que Boutros Harb s'est exprimé dans une réponse détaillée en six points.


Le ministre des Télécoms a ainsi rejeté les accusations de son prédécesseur autour d'une « campagne diffamatoire préméditée » à son égard et a indiqué qu'il n'y avait rien de personnel dans les points relevés depuis quelque temps comme, par exemple, « le manque de transparence et le gaspillage ».
Le communiqué remet ainsi en question « les chiffres et les conclusions erronés » présentés par Nicolas Sehnaoui la semaine dernière. « Il est de mon devoir de me pencher sur la véracité des chiffres du ministère surtout que ceux-ci accusent des baisses considérables malgré une hausse du nombre des abonnés », explique Boutros Harb, précisant que les budgets du ministère pour les années 2011, 2012 et 2013 ne sont pas corrects, notamment pour ce qui est des recettes.


Dans les détails, le communiqué du ministère des Télécoms souligne que les recettes nettes issues de la téléphonie mobile ont totalisé 1 272 millions de dollars en 2011, 1 201 millions de dollars en 2012 (en baisse de 71 millions) et 1 062 millions de dollars en 2013 (en baisse cumulée de 210 millions). « Le ministre Sehnaoui prétend qu'il a agi dans le cadre de la loi mais il a failli aux règles les plus basiques », a souligné le communiqué.
Revenant sur la différence entre les dépenses en capital (Capex) qui sont les dépenses faites sur les réseaux et les projets de développement et qui font partie de la politique du ministère des Télécoms et les coûts d'exploitation (Opex) relatifs à la gestion du secteur et qui devraient être du recours des deux opérateurs Alfa et Touch, le ministère des Télécoms a accusé M. Sehnaoui d'avoir volontairement coopté les coûts d'exploitation. « À la veille du renouvellement des contrats des opérateurs qui gèrent les réseaux de téléphonie mobile Orascom (Alfa) et Zain (Touch), l'ancien ministre a agi sans soumettre les changements des contrats au Conseil des ministres, transposant ainsi toute la gestion financière sous son égide et celle de son équipe », a rapporté le communiqué. Le ministère des Télécoms a également mis en exergue les « embauches aléatoires » du secteur ; des embauches « qui ont servi à des fins politiques », accuse M. Harb.

Dans les détails, entre les années 2011 et 2014, le nombre de salariés de l'opérateur Alfa est passé de 715 à 1056 (+47 %) et celui de l'opérateur Touch de 434 à 689 (+58 %). Le ministre actuel a également pointé du doigt le fait que son prédécesseur n'a pas eu recours à l'Autorité de contrôle des investissements pour effectuer certains paiements « dont le total est évalué à des centaines de milliers de dollars annuellement ». « C'est le contribuable qui paie le prix, sans mentionner le manque à gagner de l'État »; a accusé le communiqué qui a en outre remis en question les 160 millions de dollars déboursés annuellement pour l'amélioration du réseau ; « un chiffre qui est équivalent aux investissements du secteur de la téléphonie dans des pays développés », s'est indigné le ministre Harb en remettant en question les chiffres avancés par son prédécesseur et mettant en avant la mauvaise qualité des télécommunications comme par exemple la 4G « qui ne fonctionne que dans certaines régions de la capitale ».


Enfin, M. Harb a accusé M. Sehnaoui de n'avoir pas transmis aux municipalités leurs dus. « J'ai libéralisé 60 millions de dollars lors de mon mandat pour payer aux municipalités », a-t-il ajouté.
« M. Sehnaoui a déposé dans un compte à la Banque centrale les sommes de 1765 milliards de livres et 650 millions de dollars ; un compte qui ne génère aucun taux d'intérêt », a fustigé M. Harb en déplorant le manque à gagner de l'État qui est obligé de s'endetter parallèlement à des taux de 6 à 7 %.

 

Sehnaoui répond à Harb
Dans un entretien avec L'Orient-Le Jour, l'ancien ministre des Télécoms Nicolas Sehnaoui a assuré qu'en ce qui concerne la transparence « tous les chiffres ont été certifiés par le compagnie d'audit PricewaterhouseCoopers et les sociétés Alfa et Touch sont soumises à un double audit puisqu'elles ont également leurs propres sociétés de vérification des comptes ». Pour ce qui est des transferts aux municipalités, M. Sehnaoui est revenu sur « la bataille titanesque livrée depuis des années au sein du ministère pour récupérer le droit des municipalités ». Il explique ainsi que la loi prévoit que les transferts soient faits directement du ministère des Télécoms aux municipalités sans passer par le ministère des Finances. « J'ai continué cette méthode », a-t-il expliqué en soulignant que le problème s'est posé quand il s'agissait de distribuer les recettes de la téléphonie mobile puisqu'il n'y a pas de fils électriques visibles que l'on peut tracer. « La grille de distribution n'était donc pas claire et le projet avait été soumis au Conseil des ministres. En attendant leur approbation, j'avais transféré les sommes à la Banque du Liban », a expliqué M. Sehnanoui.
Pour ce qui est des violations des lois, ce dernier a assuré avoir suivi à la lettre le contrat signé par le Conseil des ministres. « Le ministre n'intervient que pour fixer la stratégie du ministère conformément à ce qui figure dans le contrat. Nous avons appliqué le contrat à la lettre », a-t-il soutenu.

 

Affaire à suivre...

Cela fait quelques semaines que le ministre actuel des Télécoms Boutros Harb et son prédécesseur Nicolas Sehanoui sont engagés dans des accusations autour de la gestion financière de certains dossiers. Hier, le ministère a publié un communiqué exhaustif autour de sujets techniques qui concernent les recettes du ministère et la gestion de celles-ci. C'est en réponse à la conférence de...

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