Après « l'initiative de Saad Hariri », lancée la semaine dernière, la conférence de presse du général Michel Aoun était très attendue. Après la réunion hebdomadaire hier du bloc du Changement et de la Réforme, Aoun s'est bel et bien adressé à la presse mais il a commencé par évoquer la situation à Gaza et en Irak.
Le général a quand même déclaré pour la première fois depuis le lancement de la campagne présidentielle que le choix du président importe peu : « Dans ce contexte inquiétant, certains oublient les pactes libanais pour élire à la présidence des candidats n'ayant pas de représentativité alors que d'autres exploitent la vacance. Nous autres, peu nous importe la personnalité qui sera élue à la présidence. Ce qui compte pour nous, c'est surtout la réforme des lois électorales dans leurs deux volets, présidentiel et législatif. Car cette réforme permet aux Libanais d'élire un président qui ne sera pas soumis à des intérêts internes ou étrangers. »
En réponse à une question sur l'initiative de Hariri , le général Aoun a déclaré : « Cheikh Saad prône l'élection présidentielle d'abord et moi je dis, l'élection législative d'abord », mais il a affirmé que les propos de Saad Hariri ne sont pas en contradiction avec les siens. Il a aussi précisé que le projet qu'il a présenté (d'élire le président au suffrage universel en deux temps, le premier par les chrétiens et le second au niveau national) n'est pas dirigé contre quelqu'un. Il s'agit simplement d'une proposition visant à rassurer et à donner leurs droits aux différentes communautés. Selon Aoun, le fait de répartir les sièges sur la base d'une loi électorale confessionnelle n'est nullement un coup porté à l'entente nationale. « Au contraire, le fait de donner leurs droits aux différentes communautés renforce la stabilité », a-t-il déclaré. Il s'est aussi demandé : où est l'atteinte portée à l'accord de Taëf lorsqu'on réclame l'élection du président au suffrage universel sans toucher à ses prérogatives et lorsqu'on souhaite respecter les dispositions de cet accord ? »
Selon Aoun, le fait qu'il soit élu par le peuple donne au président un filet de sécurité politique, contrairement aux autres options. Aoun a aussi tiré la sonnette d'alarme sur une mauvaise application de l'accord de Taëf si le projet de loi orthodoxe n'est pas adopté pour les élections législatives. Il a aussi souligné que si sa proposition est acceptée, c'est tant mieux, mais si elle est critiquée, il est prêt à répondre à toutes les questions.
Le chef du CPL a ensuite évoqué les questions régionales, affirmant que « l'épuration ethnique qui se déroule en Irak, notamment à Mossoul, et en Syrie est aussi un crime contre l'humanité qui se déroule au milieu d'un silence total arabe et alors que les déclarations internationales ressemblent plus à des condoléances présentées après un décès qu'à une action effective ».
Aoun a aussi estimé que les événements de Gaza ressemblent de plus en plus à une épuration ethnique, visant à éliminer la présence palestinienne et à détruire l'identité palestinienne à l'intérieur et à l'extérieur, accusant Israël de ne pas vouloir de solution.
Aoun a salué le courage des enfants de Gaza qui affrontent l'agression israélienne face à l'inertie du monde. Selon lui, Israël cherche à travers son agression contre Gaza à éliminer l'identité palestinienne, tout en essayant d'éliminer l'identité chrétienne dans la région, car à travers l'élimination de ces deux composantes, la présence chrétienne et l'identité palestinienne, il aura porté un coup fatal au nationalisme arabe.
Liban
Aoun répète : Les législatives avant la présidentielle
OLJ / le 23 juillet 2014 à 00h00
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20 h 58, le 23 juillet 2014