Au-delà de l'horreur de la guerre qui se déroule à Gaza depuis deux semaines et de la barbarie du comportement de l'armée israélienne envers la population palestinienne qui a visiblement un seul objectif, celui de placer les Palestiniens devant un choix terrible, partir ou mourir, les milieux diplomatiques commencent déjà à procéder à des lectures stratégiques de cet événement. Une source diplomatique arabe dresse ainsi le tableau suivant : avant le déclenchement de cette troisième guerre de Gaza, la situation régionale était assez confuse, à cause notamment du coup de force de l'EIIL à Mossoul et en Irak en général. L'Iran avait ainsi encaissé ce coup porté contre toutes ses réalisations des dernières années, notamment l'établissement d'un lien géographique concret entre Téhéran et le Liban-Sud qui s'inscrit dans sa stratégie. Même si l'EIIL ne peut pas, à ce stade des informations, être considéré comme un instrument entre les mains d'Israël, il est curieux de voir comment sitôt la province de Ninive contrôlée par les islamistes, le Kurdistan a aussitôt commencé à réclamer son indépendance, sachant que les Israéliens, et le Mossad en particulier, sont très actifs dans cette province. De plus, la première action spectaculaire de l'EIIL à Ninive a été d'en expulser les chrétiens en les plaçant devant un choix terrible : se convertir à l'islam ou partir, après avoir pris soin de détruire les églises et les autres symboles chrétiens. L'exode des chrétiens et le partage de l'Irak en mini-États confessionnels et ethniques (le califat et le Kurdistan et plus tard un mini-État chiite) servent les intérêts d'Israël, « État juif ». Même chose en Syrie, selon la même source, où en dépit de la progression des forces du régime dans certaines régions, la région du Sud-Est, proche du Golan et donc d'Israël, reste une menace claire, d'autant que les Israéliens et les combattants de l'opposition syrienne n'ont pas caché leurs liens. C'est dire que pendant que les Arabes et les musulmans se battent, les Israéliens étaient en train de marquer des points et de faire avancer leur projet de partition de l'ensemble de la région en mini-États confessionnels, en commençant par l'Irak et la Syrie. Brusquement et pour des raisons qui restent confuses, une nouvelle guerre éclate à Gaza. Au départ, les Israéliens l'ont voulue, utilisant l'affaire de l'enlèvement et de l'assassinat des trois colons (dont on n'a aucune preuve concrète, les corps n'ayant jamais été montrés, alors que celui de l'adolescent palestinien brûlé vif par les colons a été exhibé) pour plusieurs raisons : il s'agissait d'abord d'entraver le processus de réconciliation interpalestinienne qui dérange beaucoup les Israéliens et ensuite de porter un coup fort au Hamas, en profitant des divisions arabes et du fait que la situation en Irak était trop préoccupante pour les acteurs dans la région. En même temps, il s'agissait pour les Israéliens de donner un avertissement clair au nouveau président égyptien en lui imposant leurs règles du jeu.
Mais rien n'a fonctionné selon les pronostics des Israéliens. Les Palestiniens ont commencé par riposter avec un flot intarissable de missiles, dont certains ont surpris par leur portée. Certes, les bombardements palestiniens ne sont pas d'une grande précision, mais ils ont quand même poussé plus de la moitié des habitants d'Israël vers les abris tout comme ils ont porté un coup sérieux à la situation économique et touristique du pays. Ensuite, les différentes factions palestiniennes se sont soudées autour du Hamas et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a été contraint de dénoncer l'agression israélienne et de se ranger aux côtés des organisations combattantes. En même temps, le Hamas est revenu dans le giron iranien, comprenant que si le Qatar et la Turquie l'appuient contre le régime syrien, il ne peut pas trouver chez eux la moindre aide dans son combat contre Israël. Mais, par prudence, les Iraniens ont aussi encouragé et aidé d'autres organisations comme le Jihad islamique, le Front populaire et d'autres groupes moins connus, pour ne pas être à la merci du seul Hamas. Les combattants palestiniens ont en tout cas fait preuve d'un grand professionnalisme, exécutant les mêmes tactiques que celles du Hezbollah en 2006. Au point que la grande offensive terrestre, annoncée à cor et à cri par l'armée israélienne continue de piétiner au nord de la bande de Gaza, en enregistrant de lourdes pertes, notamment au sein de la troupe d'élite des Golanis. À Shoujaiya par exemple, les combattants palestiniens ont réussi à prendre une unité des Golanis en tenaille, comme l'avaient fait les combattants du Hezbollah à Bint Jbeil en 2006, tuant treize militaires israéliens dans une embuscade. Les combattants palestiniens ont même réussi à prendre un soldat israélien en otage, alors que l'armée israélienne a multiplié les démentis pendant 48 heures avant de finir par reconnaître qu'un de ses soldats est porté disparu... En même temps, ajoute la source diplomatique arabe, l'armée israélienne est obligée de multiplier les massacres au sein de la population pour tenter de faire pression sur les formations combattantes alors qu'elle est déjà discréditée et son image gravement ternie. C'est dans ce contexte qu'est intervenue l'initiative dite égyptienne, que l'aile militaire du Hamas, « les unités al-Kassam », s'est empressée de rejeter, mettant au pied du mur son commandement politique plus soumis à l'influence des pays du Golfe. La source diplomatique arabe précise que c'est sans doute les Iraniens qui ont directement ou non poussé les Palestiniens à refuser l'initiative égyptienne considérée comme étant en faveur d'Israël.
Quelle que soit l'issue de cette troisième guerre de Gaza, les Palestiniens peuvent considérer qu'ils en sortiront victorieux, puisque face à l'armée israélienne, le fait de tenir bon et d'avoir encore, au bout de quinze jours, un stock de missiles et surtout la volonté de se battre est en soi-même une victoire. De plus, après avoir regardé en spectateur actif les Arabes et les musulmans se déchirer, tout en gardant l'initiative, Israël est désormais plongé jusqu'au cou dans le dossier palestinien et a plus que jamais besoin d'aide pour trouver une issue à cette guerre qu'il a déclenchée. C'est pourquoi la source diplomatique arabe est convaincue que ce qui se passe aujourd'hui à Gaza est, quelque part, une réponse stratégique iranienne au coup qui lui a été porté...
Liban - Éclairage
À Gaza, la réponse stratégique de l’Iran aux manœuvres israéliennes...
OLJ / Par Scarlett HADDAD, le 23 juillet 2014 à 00h00
commentaires (10)
Tout ça c'est du bavardage .... Tout le monde est perdant surtout les gens qui n'ont pas envie de mourir idiot et soit disant martyr! Pour l'instant il faut constater que le moyen orient est dans la bouse .... Tout être HUMAIN normal encore résidant dans ce coin du monde n'a qu'une seule envie : celle de s'en aller à défaut de pouvoir agir autrement et efficacement... La seule stratégie est celle des criminels et de leurs associés politiques... Le grand gagnant de ces guerres c'est ISRAËL et qui peux prouver le contraire ??? Il suffit de voir tout le mal qu'ils font subir à leurs adversaires et quel pauvres adversaires ...qui croient encore à je ne sais quel mot symbolique .... Il suffit pas d'être courageux inconscient pour battre les sionistes... Il faut de l'intelligence surtout ... Et beaucoup de patience : choses que le Hezbollah a cru maîtriser à un moment mais qui hélas a perdu depuis... Les actes des criminels ne seront jamais des stratégies quelque soit le maquillage des médias ... Assad , Netanyahu ... La liste est longue ne sont que des criminels ... Et ceux qui les applaudissent des simples I..... !
CBG
19 h 28, le 25 juillet 2014