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Liban - Éclairage

Houssam Sabbagh, un poids lourd d’el-Qaëda qui a combattu l’armée à Nahr el-Bared

Une banderole à Tripoli en solidarité avec l'islamiste Houssam Sabbagh. Photo tirée de Facebook

L'arrestation à Tripoli de Houssam Sabbagh, l'islamiste recherché par la justice depuis des années, continue de provoquer des remous dans les milieux tripolitains. Contrairement à l'assaut mené contre Mounzer Hassan pour ses implications terroristes – une opération acclamée par l'ensemble des Libanais –, le guet-apens tendu au cheikh salafiste a été critiqué par une partie de la rue sunnite, y compris par des chefs religieux et certaines figures politiques de la communauté.

D'après eux, le sentiment d'injustice est motivé, une fois de plus, par l'état d'« impunité » dont continue de jouir le Hezbollah, notamment pour son intervention en Syrie et pour la glorification de son arsenal militaire qui reste à leurs yeux un véritable défi à l'État, alors que les armes aux mains des sunnites sont proscrites.
Autant d'arguments qui expliquent la flopée de déclarations faites à l'issue de l'arrestation de Sabbagh la qualifiant d'« arbitraire », « injuste » et « visant une communauté précise ».

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Le timing de la capture de cheikh Sabbagh est d'autant plus significatif qu'il a coïncidé avec les mouvements de protestation organisés à Tripoli pour réclamer la libération des chefs de front qui ont pris part des années durant aux combats sanglants qui se déroulaient entre Bab el-Tebbané et Jabal Moshen. Une contestation qui s'est calmée depuis que Sabbagh est sous les verrous.

Même s'il n'y a pas de lien direct entre les deux événements, il n'en reste pas moins que le message envoyé au lendemain de la capture du cheikh salafiste est assurément en faveur du règne de la loi, quelles que soient les considérations politiques en jeu. Il donne également des indications claires qui vont à l'encontre de la libération des chefs de front en dépit des assurances politiques données à leurs familles.
Certains analystes ont tiré la sonnette d'alarme, mettant en garde contre la radicalisation des islamistes suite à ces arrestations, couronnées par celle du cheikh sunnite dont le crime, soutiennent-ils, « se limite au port d'armes et à la formation d'une organisation armée et l'appartenance à une autre organisation interdite au Liban ».

Quelles que soient les circonstances atténuantes que tentent de lui accorder certains, il n'en reste pas moins que Houssam Sabbagh a un dossier judiciaire des plus lourds. Il est recherché par les services de renseignements occidentaux – Sabbagh est un acteur-clé au sein d'el-Qaëda, qui a combattu sur plusieurs fronts, notamment en Irak et en Afghanistan, et continuait, à ce jour, d'envoyer des jihadistes dans ces pays. Il est également recherché depuis plusieurs années par la justice libanaise et fait l'objet de plusieurs mandats d'arrêt.

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Certes, on peut lui concéder le fait qu'il était parmi ceux qui ont refusé d'encourager le jihad en Syrie, et d'avoir rechigné à prendre part aux quatre derniers rounds de violence à Tripoli, sur un ensemble de vingt rounds au cours desquels ses 250 combattants étaient parmi les plus actifs.
Il n'en reste pas moins que ce guerrier de l'islam fait l'objet, depuis 2007, d'un jugement de la cour de justice, pour appartenance à Fateh el-Islam et pour avoir combattu avec férocité l'armée libanaise à Nahr el-Bared.
Il faisait partie en 2005 du groupuscule salafiste Nabil Rhim qui avait été suspecté avec d'autres membres dans l'affaire de l'assassinat de Rafic Hariri. C'est dire que ses déplacements et son influence au sein de la mouvance jihadiste ne sont pas récents, encore moins candides.

La question qui reste posée cependant est de savoir pourquoi les services de l'armée ont autant tardé à l'arrêter, surtout que Houssam Sabbagh, qui refusait systématiquement de rencontrer les médias, ne se terrait pas pour autant dans les labyrinthes de Tripoli. Ceux qui le connaissaient le remarquaient de temps à autre dans les ruelles de la vieille ville et, aux occasions, à la tête d'une manifestation aux côtés de ses pairs salafistes.

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À cette question, une source proche du dossier explique qu'il était extrêmement difficile pour les forces de l'ordre de le capturer dans des lieux surpeuplés ou parmi une foule de protestataires sans faire de dégâts et des victimes humaines. D'autant que Houssam Sabbagh, toujours armé et entouré de son garde du corps, n'était pas de ceux qui capitulent facilement.
Même si les craintes sont de mise dans la capitale du Nord qui vit aujourd'hui au rythme des rumeurs les plus folles, la situation reste sous contrôle.

Dans quelques jours, l'affaire sera oubliée et les condisciples de Sabbagh ne tarderont pas à faire profil bas. « Ils doivent se dire que si un homme aussi important que Sabbagh est tombé, c'est que leur tour risque d'arriver », assure un magistrat tripolitain.

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Au cours des dernières 24 heures, l'armée a poursuivi ses perquisitions dans les maisons et les mosquées à la recherche d'armes. Elle en a saisi une quantité, notamment à la mosquée al-Nour où la troupe a trouvé des roquettes notamment.
« Business as usual », commente une source sécuritaire qui estime que la troupe fait son travail, lentement mais sûrement et au moindre coût humain, assurant que le règne de la loi prévaudra, en dépit de tout.


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commentaires (3)

Au trou ! Suivront un jour tous ceux qui, par leurs armes et leurs idées néfastes, mettent constamment le Liban en danger.

Robert Malek

13 h 26, le 23 juillet 2014

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Commentaires (3)

  • Au trou ! Suivront un jour tous ceux qui, par leurs armes et leurs idées néfastes, mettent constamment le Liban en danger.

    Robert Malek

    13 h 26, le 23 juillet 2014

  • L'arrestation à Tripoli de Houssam Sabbagh est correcte . La justice n'est pas objet de chantage .

    Sabbagha Antoine

    13 h 21, le 23 juillet 2014

  • S'il a tire sur l’armée en combattant avec Fath el Islam, alors il n'a que se qu'il mérite. Ses disciples devraient le suivre aussi s'il persistent dans leurs actions. Ici, il n'y a pas question de parti pris ou pas. il faut donner l;exemple et empêcher le Hezbollah de se donner des excuses. Un jour viendra qu'il devra confronter la réalité et très bientôt il remettra ses armes et ses criminels a l’état. Il faut parfois savoir faire la guerre sans nécessairement porter les armes surtout lorsque la majorite de la population vous soutient. Le fanatisme ne conduit qu'a plus de fanatisme et l’extrémisme a plus d’extrémisme. Si mon voisin vole, triche et tue cela ne me donne pas le droit de faire la même chose. Les Druzes et le Sunnites se sont trompes par le passée moult fois et ont enfin compris qu'il fallait changer pour sauver le pays. Le Hezbollah pèche aujourd'hui et, cet enfant prodigue, finira par comprendre qu'il n'a pas d'autre choix que de rentrer au bercail. Patience et il n'est plus loin ce temps la.

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 50, le 23 juillet 2014

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