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Nos Lecteurs ont la Parole - Georges TYAN

Et ils dansent, et ils dansent

Les mois s'ajoutant aux semaines, notre seconde nature prenant le dessus, nous allons nous habituer à contempler, tel un bibelot, le fauteuil présidentiel vide, veillé par le drapeau frappé du cèdre en son milieu, veuf d'un occupant qui n'y siègera pas avant plusieurs lunes encore, comme le prédisent les observateurs, qu'ils soient avertis ou non.


Personnellement, je suis loin de croire que le conflit de préséance entre MM. Aoun et Geagea ait abouti à cette vacance sidérale, bien que les deux antagonistes ne manquent pas une occasion de se rappeler à notre souvenir, estimant chacun être le plus fort des chrétiens et, puisqu'il faut appeler les choses par leur nom, comme le plus représentatif des maronites.
Le fauteuil numéro un étant réservé à cette communauté, que de crimes ont été commis en son nom, alors que ladite communauté en est parfaitement innocente, elle qui prétend avoir fait la gloire de ce pays, mais qui, à y regarder de plus près, n'a assurément pas fait son bonheur.
J'ai tendance à suspecter fortement nos deux prétendants de s'entendre comme larrons en foire, gardant l'arène pour eux-mêmes, faisant place nette et, partant, écartant par la force (des choses ?) toute personne susceptible d'arborer un profil présidentiel, conformément aux attentes et aspirations du bon peuple de mon pays.
Ce peuple qui, après avoir connu une période d'accalmie, vécu l'ère de la reconstruction, rêvé d'un pays de lait et de miel, n'a plus connu depuis le 14 février 2005, date de l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri, le retour d'exil de M. Michel Aoun et la grâce accordée à M. Samir Geagea, une seule minute de calme et de prospérité.
Bien sûr, les autres ne sont pas demeurés en reste.

Pourtant il est des coïncidences assez curieuses, comme si tous les démons de la terre s'étaient donné rendez-vous en ce lieu magique appelé Liban. Et le bal s'est ouvert.... L'ennui est que ces gens-là, qui prétendent gouverner le pays, ne sont pas à l'orchestre. Il s'agit de bons danseurs peut-être. Pourtant, ils se trémoussent au son d'une musique écrite à leur intention par des auteurs étrangers au pays.


Que nous sommes loin des chansons de Feyrouz, Sabah, Wadih el-Safi, de la musique libanaise des frères Rahbani et j'en passe, douce, authentique, du terroir. La mode serait aux chansons et musiques importées.
Et ils dansent, et ils dansent et ils dansent encore, effrontément, affichant sans vergogne leurs affinités, leur engouement pour ces belles cavalières venues d'ailleurs, les unes pratiquement échevelées, légèrement vêtues, à l'occidentale quoi, les autres plus réservées, quoique le voile pudique cachant leur anatomie laisse deviner des contours, ma foi, forts affriolants.
Comme si nos filles n'étaient pas plus belles, plus gaies, plus jolies, ou moins espiègles. Certes, elles sont handicapées par le fait qu'elles ne disposent pas de fortunes colossales à dépenser pour que le bal, où évoluent ces danseurs hors pair que sont devenus nos dirigeants, ne s'arrête jamais.
Et nous pauvre peuple, bon peuple de ce pays à qui on a confisqué jusqu'au droit le plus élémentaire en démocratie, celui du vote, avons juste le droit d'applaudir et de nous taire. Les mains rougies pour avoir tant applaudi, las, fatigués, déboussolés, rongés par l'insomnie et la perspective de lendemains incertains, nous ne parvenons même pas à suivre cette musique infernale, qui enchaîne danse sur danse à un rythme endiablé.
Nous ne pouvons plus rester coincés entre l'enclume et le marteau, voguer comme un navire fou dans une mer démontée sans capitaine au gouvernail, emporté au gré des alliances et des mésalliances comme un fétu de paille, englouti par une vague, rejeté par une autre, jusqu'à en perdre haleine et finalement la vie.
On dirait que ceux qui se sont érigés en dirigeants, toutes tendances confondues, vont à l'aveuglette, ils n'ont même pas perçu semble-t-il les bouleversements qui pointent à notre horizon et s'ils ont entendu comme un bruit, ils n'ont pas écouté attentivement le message qui l'accompagnait.


Rien ne sera plus désormais comme avant. La présidence de la République ne concerne nullement une communauté, mais tous les habitants de ce pays ; c'est une grave erreur que commettent nos politiciens en prétendant le contraire, juste pour continuer, comme il leur est intimé, à danser sur les airs que leur chantent en boucle les sirènes d'outre-mont.
Un retour à la conscience collective est inéluctable. Que chacun revoit ses prétentions par rapport à son poids sur l'échiquier national. Nul ne saurait être plus grand que son pays. Sachant que c'est son avenir qui se joue, je ne crois pas que notre jeunesse soit en mesure de pardonner un jour à ses fossoyeurs.
Je n'ai pas la prétention d'établir le cahier de charges du futur président de notre République, mais c'est du sang nouveau qu'il nous faut, une personne qui n'a jamais connu l'occupation, ni subi sa répression, pour être à même d'entamer et de réussir la réconciliation nationale que tous nous recherchons.

Georges TYAN

Les mois s'ajoutant aux semaines, notre seconde nature prenant le dessus, nous allons nous habituer à contempler, tel un bibelot, le fauteuil présidentiel vide, veillé par le drapeau frappé du cèdre en son milieu, veuf d'un occupant qui n'y siègera pas avant plusieurs lunes encore, comme le prédisent les observateurs, qu'ils soient avertis ou non.
Personnellement, je suis loin de croire...

commentaires (2)

LA DANSE ABRUTIQUE... DE TOUS LES ABRUTIS !!!

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 17, le 22 juillet 2014

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Commentaires (2)

  • LA DANSE ABRUTIQUE... DE TOUS LES ABRUTIS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 17, le 22 juillet 2014

  • La férocité avec laquelle de génération en génération des segments entiers de la Tribu Libanaise s'opposent méchamment à d'autres de ce clan ; cependant que sont répudiés, brisés moralement et en définitive annihilés certains autres ; est notoire. On sait kîf l'histoire de ce libanisme va se charger d'offrir à ces indigènes pâmés ce destin actuel névrosé puîné. Généralement, à l'aise on admet qu'il s'en est sorti moins que bien de ces épreuves délicates, puisqu'elles entremêlaient autant d'impératifs publics que de sentiments pseudo-araméanisés mercantiles. Il n'empêche, dans la chaleur de ces événements, Lébnéééne fut non seulement honni par sa proche famille ; par un Mars en 8, notamment, idolâtre du Monchâr le bien-aimé d’à côté tribord anti -libanais ; mais aussi par l'entourage bien pensant de boSSfaïr & Co., petite troupe chafouine et coincée, soucieuse de camoufler d'1 couche de respectabilité "orangée!" son attentisme prudent pendant les années 90 ! Sans aucune passion mahééék, on peut oser cette formule à laquelle tout le monde pense : Il appartient vraiment ce Lébnéééne, à une famille "d'Atrides". Avec le fatum d’un mouton noir dont la jeunesse avait été sans affection, au sein d’1 société génétiquement malveillante qui lui en veut, vu ses défauts plus ou moins innés car phénicisement programmés ! Et c’est pour cela qu’on le voit se recroqueviller de + en + dans 1 complexe d’infériorité, que ses moult manques dus à sa jeunesse agitée n’ont fait qu’exacerber.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 07, le 22 juillet 2014

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