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Diaspora - Interview

« Le Liban doit montrer au monde ce qu’il est réellement »

Roberto Duailibi, un grand publicitaire libano-brésilien, s'exprime sur son travail au Brésil en faveur de la culture libanaise, sur son attachement à sa famille et à sa patrie d'origine, et sur l'importance de la communication.

Roberto Duailibi à la Conférence des ressources énergétiques de la diaspora libanaise à Beyrouth.

Il a souvent participé à des événements liés à la communauté libanaise, que ce soit au Liban ou au Brésil. Il s'appelle Roberto Duailibi et c'est l'un des plus grands publicitaires du Brésil. Fondateur et associé de la célèbre agence de publicité DPZ, il est connu mondialement et il a été récompensé plusieurs fois pour son travail. En plus de ses nombreuses activités dans différentes organisations, Roberto Duailibi donne des cours à l'université, écrit des livres et il est un conférencier international très sollicité.
Son père, Wadih Duailibi, né au Liban, est arrivé au Brésil à vingt-cinq ans. Peu de temps après, il a épousé Cecília Fadoul. De leur union est né Roberto, cinquième de sept enfants. Depuis son enfance, le petit garçon s'est intéressé aux origines de sa famille. Dans les années 1970, cet intérêt a donné naissance à l'embryon de ce qui est aujourd'hui un important centre de recherche sur l'histoire et le parcours de la famille Duailibi au Brésil. Devenu le « Centro de Estudos da Imigração Libanesa », ce centre d'études est à présent installé dans un beau siège social basé à São Paulo, dans le quartier du Morumbi.
Cette année, Roberto Duailibi s'est rendu au Liban à l'occasion de la Conférence des ressources énergétiques de la diaspora libanaise. Il a participé à différentes tables rondes, y apportant son expérience et ses connaissances. Il a qualifié l'hommage qu'il lui a été rendu au cours de cette conférence de «grand honneur».

OLJ – Quelles sont les activités du Centre d'études de l'immigration libanaise basé à São Paulo ?
R.D. – Tout a commencé quand j'ai contacté une équipe de professionnels pour m'aider à localiser les Duailibi du Brésil. L'idée de départ était de monter l'arbre généalogique de ma famille et de maintenir les liens entre ses membres. Mais le projet à grandi au fil du temps et a fini par devenir un centre d'études en bonne et due forme. Nous y effectuons des recherches sur l'immigration libanaise au Brésil et entretenons une vaste bibliothèque, ainsi qu'une collection d'œuvres d'art moyen-oriental et orientaliste européen.
Nous maintenons également un site Web qui nous permet d'échanger nos connaissances avec des chercheurs du monde entier. Grâce à l'Internet, nous avons construit des partenariats importants avec des universités et des centres de recherche internationaux.

Les tables rondes organisées pendant la conférence concernaient principalement les droits des Libanais de l'étranger et les moyens de tisser des liens entre les résidents et les émigrés.
Je pense que le seul fait de nous avoir réunis est déjà un grand pas en avant. L'événement a été une réussite et, à partir de maintenant, les échanges seront stimulés et des liens noués dans différents domaines. Bien sûr, une conférence ne suffit pas à tout résoudre, mais ce fut une initiative louable. Dès l'instant où l'on pose un regard extérieur sur le Liban et où l'on réfléchit ensemble à des solutions pour changer les idées reçues sur ce pays et aider à son développement, il en ressortira forcément un effet bénéfique à moyen et long terme pour les Libanais.

Que faudrait-il faire, d'après vous, pour endiguer le flux de réfugiés au Liban ?
Je trouve cette situation extrêmement préoccupante et je suis sûr que la communauté internationale est du même avis. Le Liban est un petit pays qui n'a pas les moyens d'accueillir plus de deux millions de réfugiés, tout en leur fournissant l'assistance nécessaire. Un problème de cette ampleur nécessite une solution globale. Il faut que la communauté internationale s'unisse non seulement pour trouver le moyen de résoudre cette crise, mais aussi pour aider financièrement les pays en guerre à se reconstruire, afin que leurs habitants ne soient plus obligés d'abandonner leurs maisons. En attendant, il est urgent de débloquer des fonds internationaux afin d'apporter à ces populations vulnérables l'aide dont elles ont besoin.

Pensez-vous qu'il faudrait investir davantage dans la communication pour développer les échanges entre les Libanais résidents et la diaspora comme cela a été suggéré durant la conférence?
Cette proposition a été l'une des bonnes surprises de l'événement. Le hashtag #LebanonConnect créé pour le lancement a permis à des immigrants du monde entier de poster des photos et des témoignages. C'est une très bonne idée et il faut continuer à l'exploiter. En faisant tomber les barrières physiques ou géographiques, les réseaux sociaux offrent des possibilités infinies. Il est important pour le Liban de s'en servir pour diffuser le plus d'informations possibles sur son histoire, sa culture et ses beautés naturelles. Mais si l'investissement en communication est important, la planification l'est tout autant. Et, d'après ce que j'ai pu constater, ce qui a été fait dans ce domaine est une réussite. J'espère que le Liban poursuivra ses efforts dans ce sens, que l'intérêt ne retombera pas et qu'il accordera toujours à la communication l'attention qu'elle mérite.

Que faut-il faire, d'après vous, pour modifier l'image souvent erronée qu'ont les Brésiliens du Liban ?
Il est vrai que le public a une image erronée du Liban, ce que la presse occidentale ne se gêne pas d'exploiter. Les gens peu avertis ont tendance à confondre le Liban avec d'autres pays où l'on parle arabe.
La communication est un outil indispensable pour changer les idées reçues, combattre les préjugés et surtout construire une nouvelle image. Le Liban doit montrer au monde ce qu'il est réellement. Mais une communication efficace ne consiste pas seulement à se servir des médias online et offline. Il faut aussi organiser des événements dans le pays, développer les relations publiques et internationales, inciter les populations locales à promouvoir leur région, stimuler le tourisme et valoriser la diversité culturelle. Il faut produire des films, diffuser des livres, bref, faire circuler l'information, parce que la connaissance est la meilleure des armes pour lutter contre les préjugés.

Vous avez écrit un jour que votre père avait bâti sa vie sur trois piliers : travail, humanité et amour familial. Pouvez-vous nous parler un peu de votre famille et nous dire si vos descendants ont conservé les mêmes liens que vous avec leurs racines
libanaises ?
Mon père est né à Zahlé. Après des études de pharmacie à Paris, il s'est installé à São Paulo où il a rencontré ma mère. Mes parents se sont beaucoup investis dans notre éducation. Malgré les difficultés – et il y en avait beaucoup à l'époque –, ils nous ont envoyés dans de bonnes écoles et nous ont encouragés à lire, écrire et discuter. Cet environnement culturel m'a beaucoup aidé. Enfant, j'entendais parler différentes langues à la maison et je vivais entouré de livres. Bref, j'ai eu une éducation très stimulante. Mon père était un entrepreneur qui n'a jamais hésité à bouger pour aller de l'avant. Après avoir travaillé dans l'industrie pharmaceutique, il s'est lancé dans la vente et l'exportation de tissus, puis a ouvert son propre commerce. Il s'est efforcé toute sa vie, avec une grande détermination et beaucoup de dévouement, de nous éduquer dignement. Notre enfance a été nourrie d'histoires sur le Liban et le Moyen-Orient. On nous racontait les voyages, l'adaptation, la lutte que nos ancêtres ont menée en arrivant au Brésil. Mes racines libanaises comptent beaucoup pour moi. D'une certaine manière, c'est ce lien que je m'efforce de maintenir avec le Centre d'études. On peut y découvrir le parcours de ses ancêtres, sauvegarder les souvenirs des familles et accéder à de nombreuses informations importantes, permettant ainsi de comprendre le rôle fondamental qu'ont joué les immigrants libanais dans le développement du Brésil. Notre champ de recherche ne se limite pas à l'histoire de notre famille, il concerne le groupe et l'époque historique à laquelle nous appartenons.

Il a souvent participé à des événements liés à la communauté libanaise, que ce soit au Liban ou au Brésil. Il s'appelle Roberto Duailibi et c'est l'un des plus grands publicitaires du Brésil. Fondateur et associé de la célèbre agence de publicité DPZ, il est connu mondialement et il a été récompensé plusieurs fois pour son travail. En plus de ses nombreuses activités dans...