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Liban - Liban

Sans bac, pas d’université pour 45 000 élèves, mais Bou Saab promet une solution

Incapables de s'inscrire dans les universités locales ou étrangères, les bacheliers s'impatientent, dans l'attente des résultats du bac, sur fond de grève des enseignants. Mais le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur promet un déblocage d'ici à une semaine.

Le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Élias Bou Saab, lors de l’interview avec « L’Orient-Le Jour ». Photo Anne-Marie el-Hage

Déjà la mi-juillet, mais les 45 000 élèves qui ont présenté le bac libanais sont toujours dans l'attente. Dans l'attente d'obtenir leurs notes et de s'inscrire dans une université du pays ou même de partir à l'étranger pour certains. La paralysie semble totale. D'une part, les enseignants grévistes, menés par les syndicats, campent sur leurs positions et refusent de corriger les copies d'examen avant l'adoption de la nouvelle échelle des salaires; d'autre part, le Parlement, miné par les profondes divisions politiques, ne parvient toujours pas à se réunir pour adopter la grille approuvée en mars 2013 par le gouvernement de Nagib Mikati, juste avant la démission de ce dernier.

Résultat, les élèves s'impatientent. Ils n'en peuvent plus d'attendre en vain. « Nous sommes otages du conflit entre les fonctionnaires et la classe politique, regrette Jihad. Notre avenir est hypothéqué par les notes du bac. » Issu d'une école privée, le jeune homme voudrait étudier les télécommunications, à l'Université libanaise ou au sein d'une université privée. Il pourrait même se présenter à l'École militaire. Mais son dossier, pour être accepté, doit impérativement comporter les notes du bac. « Pourquoi avoir associé les revendications des enseignants et celles des fonctionnaires ? » demande-t-il, estimant que le dossier est ainsi plus difficile à régler.

 

La rue pour faire pression
Imane, elle, n'a pas de temps à perdre. À 21 ans, cette élève de l'école publique estime avoir perdu assez de temps. « Je voudrais tenter d'obtenir une bourse universitaire pour financer mes études dans une université privée de Beyrouth. » Mais sans les résultats du bac, la jeune femme ne peut rien espérer. « Les délais d'inscription sont dépassés », déplore-t-elle.
Chacun à sa manière, ils expriment leur mécontentement. Hussein fait partie de la poignée d'élèves qui ont manifesté mercredi, devant le ministère de l'Éducation, auprès des enseignants menés par le Comité de coordination syndicale. « Notre vie est interrompue, gronde-t-il. La classe politique va nous faire rater notre avenir. » Car le jeune élève du secteur public avait pour projet de rejoindre son oncle en Suède, pour y mener des études d'ophtalmologie. Mais sans bac, impossible d'être admis à l'étranger. Alors, si la situation ne se débloque pas d'ici à la fête du Fitr, il entend bien pousser ses camarades et amis à descendre dans la rue une nouvelle fois. « Nous devons arracher nos droits et ceux des enseignants », promet-il.
Khaled veut aussi partir, mais il a les mains liées. C'est en Grande-Bretagne qu'il envisage d'étudier les sciences politiques. Le jeune homme se dit « très embêté », car il est presque sûr que la grille des salaires ne sera pas adoptée. Il fait part de sa « grande fatigue ». « J'ai présenté mon bac en tant que candidat libre. Je travaille parallèlement dans une ambassade », explique-t-il à ce propos.
Paul, lui, a décidé de ne plus attendre. Cet élève d'une école privée de Beyrouth a pris l'avion avec sa famille pour les États-Unis, où il envisage de poursuivre des études de sciences informatiques, coûte que coûte. « Je suis prêt à retourner au collège communal, quitte à rater un ou deux ans, assure-t-il. Pour le moment, je me contente d'attendre mes résultats du bac, j'espère commencer l'université, même avec un semestre de retard. »

 

(Pour mémoire : Grille des salaires : la rentrée scolaire menacée)

 

Bou Saab: Respecter le droit des enseignants et des élèves
Interviewé par L'Orient-Le Jour, le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, Élias Bou Saab, tient à rassurer les bacheliers et fait montre d'optimisme. « D'ici à une semaine, les choses pourraient se débloquer, promet-il. Mais il y a des décisions plus ou moins difficiles à prendre. » Par décision, le ministre sous-entend des concessions que chaque partie serait amenée à faire, pour aboutir à un terrain d'entente. Car il faut impérativement « faire l'intérêt des étudiants », notamment ceux qui désirent poursuivre leurs études à l'étranger et qui ont des délais d'inscription à respecter. « C'est au cas où le Parlement ne réussit pas à adopter l'échelle des salaires », tient-il à préciser, notant la paralysie qui bloque le Conseil des ministres, le Parlement et la présidence.
M. Bou Saab n'est visiblement pas du genre à lancer des promesses en l'air. Il l'a prouvé pour avoir convaincu les grévistes d'interrompre leur mouvement permettant le bon déroulement des examens officiels, en juin dernier. « Nous avons négocié et promis aux syndicats que leurs droits seront respectés », souligne-t-il.
C'est également par la négociation qu'il envisage de convaincre les enseignants de corriger les copies d'examen, en coordination avec les différentes parties, notamment le Comité de coordination syndicale, les parents d'élèves... « Il est hors de question de leur imposer la solution ou même de distribuer des attestations », assure-t-il. Il est aussi impensable que les examens soient corrigés par une autre entité que le corps enseignant. « En cas d'échec, les élèves pourraient mettre en doute la correction », explique-t-il. Le ministre de l'Éducation reconnaît d'ailleurs la légitimité des demandes des enseignants. « Je suis à fond avec eux pour l'obtention de leurs droits, dit-il. Il est indispensable d'améliorer leur situation, afin qu'à leur tour, ils préparent correctement les futures générations. »
La semaine prochaine s'annonce donc cruciale, aussi bien pour les bacheliers que les enseignants. Le jeune ministre de l'Éducation réussira-t-il le pari de préserver l'équilibre entre les droits des enseignants et des élèves, comme il promet de le faire ? « Les choses ne peuvent que se régler, ils ne peuvent nous garder en otage », fait remarquer avec philosophie Ali, un jeune bachelier.

 

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