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À La Une - Catastrophe

L'avion de Malaysia Airlines qui s'est écrasé en Ukraine a été abattu par un missile

Les autorités de Kiev et les rebelles se sont immédiatement mutuellement accusés d'être à l'origine de la catastrophe.

Des débris de l’avion de la Malaysia Airlines qui s’est écrasé jeudi 17 juillet 2014 dans la ville de Shaktarsk, dans l’est rebelle de l’Ukraine. L'appareil a été abattu par un missile. AFP PHOTO/ ALEXANDER KHUDOTEPLY

L'avion de Malaysia Airlines qui s'est écrasé jeudi dans l'est de l'Ukraine avec 298 personnes à son bord a été abattu par un missile sol-air, mais l'origine reste encore incertaine, ont indiqué à l'AFP des responsables américains. Personne n'a survécu au crash du Boeing 777 parti d'Amsterdam pour Kuala Lumpur.

 

L'avion de Malaysia Airlines a disparu des radars à 10.000 mètres d'altitude et s'est écrasé près de la ville ukrainienne de Chakhtarsk, non loin de la frontière russe, dans une zone contrôlée par les séparatistes prorusses. "Malaysia Airlines a perdu le contact avec le vol MH17 en provenance d'Amsterdam", a déclaré sur son compte Twitter la compagnie, déjà très éprouvée par la disparition de l'avion qui assurait le vol MH370 entre Kuala Lumpur et Pékin. "La dernière position connue était au-dessus de l'Ukraine". Selon un responsable des services de contrôle aérien ukrainien, l'équipage n'avait signalé aucun problème en survolant l'Ukraine.

 

Les autorités de Kiev et les rebelles se sont mutuellement accusés d'être à l'origine d'un tir de missile supposé avoir causé la catastrophe.


Les analystes du renseignement américain "croient fortement" qu'un missile sol-air a abattu le Boeing 777 et ils sont en train d'examiner les données afin de déterminer si le missile a été tiré par les séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine, les soldats russes de l'autre côté de la frontière ou les forces gouvernementales ukrainiennes, a expliqué l'un de ces responsables sous couvert d'anonymat.

 


Le vice-président américain, Joe Biden, a expliqué que cette hypothèse était la plus vraisemblable, bien que les Etats-Unis n'en soient pas encore absolument certains.
"Un avion malaisien, parti d'Europe de l'ouest pour Kuala Lumpur, alors qu'il traversait ou qu'il se trouvait près de la frontière entre l'Ukraine et la Russie, apparemment - et je dis bien apparemment car nous n'avons pas encore tous les détails et je veux être sûr de ce que je dis - a apparemment été abattu", a-t-il dit lors d'un déplacement à Détroit. "Abattu. Pas un accident. Explosé dans le ciel", a-t-il ajouté.

 

Missile Buk
Les forces russes et ukrainiennes possèdent toutes deux des variantes du système de missiles sol-air de moyenne portée Buk, dont les SA-11 et SA-17, capables d'atteindre des cibles à une altitude de 25 kilomètres. Le vol MH17 de la Malaysia volait à environ 10 km d'altitude, trop haut pour les systèmes portables.


Dans la terminologie de l'Otan, les missiles Buk sont désignés sous le terme de "Gadfly". Les missiles sol-air Buk sont très répandus. Avant le début du conflit ukrainien, Kiev en possédait six à huit batteries, a expliqué à l'AFP Edward Hunt, analyste de défense chez IHS Jane.
La Russie en possède beaucoup plus, ainsi que des systèmes sol-air plus sophistiqués, notamment le S-300 et le S-400, mais on ignore si ces systèmes sont déployés dans la région.


L'usage de Buk requiert plus d'expertise que les systèmes portables, ce qui semble écarter l'hypothèse d'une utilisation par les séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine, selon Edward Hunt.
"En général, les forces rebelles ou séparatistes n'en ont pas, pour la bonne raison que leur utilisation requiert beaucoup d'hommes, beaucoup d'entraînement et beaucoup de pièces détachées", dit cet expert militaire.
Les systèmes Buk sont mobiles, installés sur des véhicules. Ils peuvent frapper des avions, des hélicoptères, des missiles de croisière ou d'autres cibles. Ils ont été vus sur la Place rouge à Moscou, lors de parades militaires soviétiques, et ont commencé à être fabriqués dans les années 1970.
Les dernières versions sont fabriquées dans une usine à Ulyanovsk par le fabricant Almaz-Antey, visé par les récentes sanctions américaines.

 

Corps éparpillés

298 personne, dont 154 passagers Néerlandais, se trouvaient à bord de l'avion malaisien en provenance d'Amsterdam, a indiqué en soirée le vice-président de la branche européenne Malaysia Airlines. "Il y avait à bord 283 passagers et 15 membres d'équipage", a déclaré Huib Gorter, vice-président de la branche Europe de Malaysia Airlines, lors d'une conférence de presse à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol.
M. Gorter a ensuite fourni un compte du nombre de passagers par nationalité, tout en précisant que la nationalité de près de 50 d'entre eux devait encore être déterminée. Il a indiqué que 154 Néerlandais, 27 Australiens, 23 Malaisiens, 11 Indonésiens, 6 Britanniques, 4 Allemands, 4 Belges, 3 Philippins et 1 Canadien se trouvaient à bord en plus de ceux donc dont la nationalité n'a pas encore été déterminée.


Des journalistes de l'AFP arrivés sur place ont vu un grand nombre de corps éparpillés dans la zone d'impact. Des morceaux du fuselage déchiqueté, dont la queue de l'appareil avec le logo de la compagnie malaisienne, ainsi que des bagages, parsemaient une vaste zone au village de Grabove, près de la ville de Chakhtarsk, dans la région de Donetsk. Des soldats des forces rebelles et des pompiers étaient arrivés sur place.


Boîtes noires

Les autorités de Kiev et les rebelles se sont immédiatement mutuellement accusés d'être à l'origine de la catastrophe, sans qu'aucun élément matériel ne permette d'étayer solidement une de ces thèses opposées.

Cependant, des messages affichés - et parfois rapidement enlevés - sur des sites internet rebelles et des conversations interceptées par les services de sécurité ukrainiens laissaient penser que l'appareil a pu être abattu par erreur par les rebelles, qui l'ont pris pour un avion militaire ukrainien. Si jamais cette hypothèse - à traiter avec prudence, dans le contexte d'une virulente guerre de propagande et de désinformation - se confirmait, la position des séparatistes et de Vladimir Poutine qui les appuie, se trouverait considérablement affaiblie face à la communauté internationale.


Mais, pour le président russe, c'est l'Ukraine qui "porte la responsabilité de cette terrible tragédie".
Les autorités rebelles ont annoncé que les corps des victimes seraient transportés à Donetsk et qu'elles comptaient envoyer les boîtes noires de l'avion pour expertise à Moscou. Mais ces enregistreurs de vol n'étaient pas encore retrouvés jeudi soir, a indiqué un chef rebelle à l'AFP.

 

Acte "terroriste"
Le président ukrainien Petro Porochenko a, de son côté, jugé qu'il s'agissait d'un "acte terroriste". "Nous n'excluons pas que cet avion (malaisien) ait pu être abattu et nous soulignons que les forces armées ukrainiennes n'ont pas effectué de tirs susceptibles d'atteindre des cibles dans les airs", a-t-il dit.
Un conseiller du ministre ukrainien de l'Intérieur, Anton Guerachtchenko, a formulé des accusations bien plus précises, affirmant que l'avion de ligne avait été abattu par un missile Buk, "gracieusement offert aux terroristes (les rebelles prorusses) par Poutine". Un porte-parole militaire ukrainien, Andriï Lyssenko, a affirmé jeudi, quelques heures avant la chute de l'avion malaisien, que de tels missiles avaient été fournis aux séparatistes.

 

"Provocation délibérée"
Le "Premier ministre" de la "République populaire de Donetsk" autoproclamée, Alexandre Borodaï, a aussitôt affirmé sur la Première chaîne de télévision russe que l'appareil avait été abattu par les forces aériennes ukrainiennes et qu'il s'agissait d'une "provocation délibérée". Présent sur les lieux de la catastrophe, il s'est dit prêt à observer un cessez-le-feu de deux ou trois jours pour permettre l'évacuation des corps et le travail d'experts internationaux.
"Nous savons que nous serons la cible d'accusations pour dire que nous avons abattu cet avion", a-t-il dit. "Ce sont des mensonges, même si nous l'avions voulu, mais nous n'avons pas cette motivation, nous n'avons pas les armes antiaériennes pour abattre un avion a 10.000 mètres, nos défenses antiaériennes ont une portée de 2.500, 3.000 mètres".
Un commandant séparatiste a indiqué sur sa page Facebook que les insurgés prorusses avaient abattu un avion de transport militaire ukrainien An-26 à peu près à l'heure et dans la zone de la chute de l'avion de ligne malaisien. Igor Strelkov (Guirkine), "ministre de la Défense" de la "République populaire de Donetsk", a diffusé sur son site une vidéo montrant une épaisse fumée noire s'élevant de l'endroit d'impact de l'appareil abattu. Cette vidéo offre une grande ressemblance avec des images présentées sur YouTube comme étant celles de la chute de l'avion de ligne malaisien. "On vient d'abattre un An-26 près de Snijné", a-t-il écrit à 13H37 GMT.
Snijné est une localité proche de l'endroit où l'avion malaisien s'est écrasé.

 

Enquête internationale
La communauté internationale a réclamé jeudi que la lumière soit faite sur le drame, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon appelant à une "enquête internationale complète et transparente" et Londres à placer cette dernière sous l'égide des Nations unies.
L'Organisation mondiale de l'aviation civile (OACI) a à cet égard proposé son aide et des enquêteurs malaisiens étaient en route pour l'Ukraine, qui va mettre en place un couloir humanitaire pour accéder au lieu de la catastrophe.
Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait par ailleurs avoir vendredi après-midi une réunion d'urgence publique sur cette affaire, à la demande du Royaume-Uni.


Les autorités ukrainiennes ont fermé toutes les routes aériennes traversant l'est de l'Ukraine, a annoncé Eurocontrol, et elles "resteront fermées jusqu'à nouvel ordre", tandis que le gouvernement malaisien a souligné que l'avion traversait un espace "non soumis à des restrictions".

 

 

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