Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Syrie

Triomphaliste face à ses ennemis, Assad prête serment

Le président syrien a été investi hier pour un nouveau septennat, se posant en vainqueur face à l'extrémisme, alors que l'attention internationale se trouve ailleurs.

Bachar el-Assad a prêté serment sur le Coran devant les députés réunis en session extraordinaire, en présence de plus d’un millier d’invités syriens. Peu après, les rebelles ont tiré des obus sur la capitale, tuant quatre personnes. Sana/HO/Reuters

Le président syrien Bachar el-Assad s'est montré inébranlable dans sa volonté d'écraser la rébellion et triomphaliste face à ses détracteurs, lors de son investiture hier pour un nouveau septennat.
En costume bleu marine, cravate et chemise bleu clair, il a foulé un long tapis rouge devant une haie d'honneur où étaient représentées les différentes unités militaires, au moment où l'armée est son principal soutien face à la rébellion. L'autocrate de 48 ans a ainsi prêté serment sur le Coran devant les députés réunis en session extraordinaire lors d'une cérémonie dans son palais surplombant la capitale, en présence de plus d'un millier d'invités syriens. Élu le 3 juin lors d'un scrutin organisé dans les régions sous contrôle du régime et qualifié de « farce » par ses détracteurs, M. Assad a été investi alors que le pays est dévasté par un conflit qui a fait plus de 170 000 morts depuis mars 2011 et poussé plus de neuf millions de personnes à la fuite. « Depuis l'élection farce du tueur des enfants de la Syrie », au moins « 743 civils ont été tués dont 197 enfants et 108 femmes seulement dans des raids aériens » des troupes du régime, a encore affirmé hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

 

(Repère : Les dates-clés du régime de Bachar el-Assad)


Évoquant l'instabilité qui règne chez le voisin irakien et ailleurs dans la région, M. Assad a affirmé : « Bientôt, nous verrons les pays arabes et occidentaux, qui ont appuyé le terrorisme, payer eux aussi très cher » leur soutien à la rébellion qui tente de le renverser. Il a assuré que son régime n'arrêterait « pas de combattre le terrorisme jusqu'à rétablir la sécurité à chaque coin de la Syrie », après que son armée a progressé depuis un an face aux rebelles sans toutefois reconquérir tout le terrain perdu.

Les troupes du régime contrôlent le centre et la côte de la Syrie, tandis que les insurgés ont une présence éclatée dans le nord et le sud du pays, et que les jihadistes de l'État islamique (EI) contrôlent des régions du Nord et de l'Est.

M. Assad a également réitéré la position du régime qui n'a jamais reconnu le mouvement de contestation, au départ pacifique avant de dégénérer en guerre civile sous la répression. « Syriens, des années ont passé depuis que certains ont crié "liberté" », a-t-il plaidé, en référence aux manifestations réclamant des réformes politiques dans le pays gouverné depuis plus de 40 ans d'une main de fer par le clan Assad. « Ils ont voulu une révolution, mais vous avez été les vrais révolutionnaires. Je vous félicite pour votre révolution et votre victoire », a lancé à l'adresse de ses partisans M. Assad, ovationné maintes fois.

 

AFP/HO/The official Facebook Page of the Syrian Presidency

Le président syrien a parallèlement appelé de nouveau « au dialogue national » qui exclurait néanmoins « les forces qui n'ont pas prouvé leur patriotisme », en référence à l'opposition en exil. L'un des membres influents de cette opposition, Ahmad Jarba, a d'ailleurs jugé impossible toute réconciliation avec M. Assad. « La seule place pour Bachar el-Assad, qui est un criminel de guerre, c'est la Cour pénale internationale ».


En revanche, le président syrien a remercié ses alliés, notamment la Russie et la Chine qui ont bloqué des résolutions au Conseil de sécurité de l'Onu condamnant son régime, ainsi que l'Iran et le Hezbollah, dont les combattants aguerris lui ont permis de reprendre plusieurs fiefs rebelles.

Selon des analystes, le régime Assad a pu survivre grâce à ces alliés, qui ont fourni une aide militaire, financière et diplomatique, face à une rébellion sous-équipée et qui n'a presque pas reçu d'aide militaire de ses soutiens.


Son investiture est survenue alors que l'attention internationale est dispersée en raison de la situation explosive dans plusieurs pays de la région. « La situation au Proche-Orient est très fluctuante. Et malheureusement pour les Syriens, cette instabilité a distrait l'attention de la communauté internationale », confie amèrement Samir Nachar, membre de la Coalition de l'opposition syrienne. « Doit-elle se concentrer sur l'État islamique ? Sur l'Irak ? Sur l'Égypte? Sur la Palestine? » ajoute-t-il. Pour l'opposant, « il faut avouer qu'Assad a réussi dans une large mesure à se mettre dans une position (favorable) en comparaison à l'État islamique et à l'extrémisme ». Des experts estiment en effet que la montée des jihadistes a été un « cadeau » pour M. Assad, qui n'a cessé de présenter les rebelles comme des « terroristes », et peut désormais essayer de se présenter aux yeux des Occidentaux comme un rempart contre l'extrémisme. Pour le nouveau chef de l'opposition, Hadi al-Bahra, Bachar el-Assad « reste la cause principale d'instabilité, et non la solution au conflit ».

Pour Lina Khatib, qui dirige le centre Carnegie Moyen-Orient à Beyrouth, « la stratégie d'Assad est de s'étendre autour des régions que le régime contrôle déjà et de remettre la main sur la totalité d'Alep ».
Alors que M. Assad a voulu se poser en « vainqueur », les rebelles ont voulu montrer qu'ils pouvaient tirer sur la capitale, place forte du régime où des obus se sont abattus à la fin de son discours d'investiture, tuant quatre personnes au moins selon les médias officiels.


Enfin, le nouveau médiateur de l'Onu en Syrie, Staffan de Mistura, va rencontrer demain à New York les ambassadeurs du Conseil de sécurité, dans un premier contact depuis sa nomination le 10 juillet pour succéder au démissionnaire Lakhdar Brahimi.

Lire aussi

Ersal redoute l'extension de la bataille du Qalamoun jusqu'à ses portes

Le Hezbollah déserte Nahleh après des combats sanglants avec al-Nosra ; pluie de roquettes sur Ersal

Le président syrien Bachar el-Assad s'est montré inébranlable dans sa volonté d'écraser la rébellion et triomphaliste face à ses détracteurs, lors de son investiture hier pour un nouveau septennat.En costume bleu marine, cravate et chemise bleu clair, il a foulé un long tapis rouge devant une haie d'honneur où étaient représentées les différentes unités militaires, au moment où...

commentaires (4)

" Évoquant l'instabilité qui règne chez le voisin irakien et ailleurs dans la région, M. Assad a affirmé : « Bientôt, nous verrons les pays arabes et occidentaux, qui ont appuyé le terrorisme, payer eux aussi très cher »... Comme si il n'y avait pas d'instabilité et dégâts et morts et destructions en Syrie! comme si la Syrie ne paye pas le prix très cher du maintien au pouvoir de la famille Assad!...Il reste au pouvoir non pas a ses dépends mais au dépends des autres syriens malheureux qui ont tout perdu...

Bibette

14 h 19, le 17 juillet 2014

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • " Évoquant l'instabilité qui règne chez le voisin irakien et ailleurs dans la région, M. Assad a affirmé : « Bientôt, nous verrons les pays arabes et occidentaux, qui ont appuyé le terrorisme, payer eux aussi très cher »... Comme si il n'y avait pas d'instabilité et dégâts et morts et destructions en Syrie! comme si la Syrie ne paye pas le prix très cher du maintien au pouvoir de la famille Assad!...Il reste au pouvoir non pas a ses dépends mais au dépends des autres syriens malheureux qui ont tout perdu...

    Bibette

    14 h 19, le 17 juillet 2014

  • Imaginons un instant que Bachar ait été renversé par l'opposition. Qui contrôlerait la Syrie en ce moment: l'EI, bien sûr! Alors, si j'avais à choisir entre Abou-Bakr Al-Baghdadi et Bachar el-Assad, je choisirais ce dernier sans aucune hésitation, hélas!

    Georges MELKI

    12 h 02, le 17 juillet 2014

  • Une petite pause et le petit commentaire envoyé réapparaît. Je vois un erreur de frappe. Veuillez lire : Morale (et non Moral) de l'anecdote.. Merci

    Halim Abou Chacra

    06 h 03, le 17 juillet 2014

  • Les espagnols racontent à ce jour une anecdote sur la longue dictature du général Franco. La voici : Franco est sur son lit de mort, inconscient. Une petite foule de ses partisans -imaginer un groupe de la petite bourgeoisie de Damas qui soutient Assad- se rassemble devant le palais et crie : "viva Franco, viva Franco". Le général a un instant de conscience et demande : "qu'est-ce que c'est". Son infirmier lui répond : "ils sont venus vous dire adieu". Et Franco : "où vont-ils" ? Moral de l'anecdote : jusqu'au dernier souffle, un dictateur est complètement hors de la réalité. C'est parfaitement le cas du petit Hitler de Damas.

    Halim Abou Chacra

    05 h 44, le 17 juillet 2014

Retour en haut