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Moyen Orient et Monde - Syrie

Assad se prend pour... Mandela

Des centaines de combattants kurdes ont afflué en Syrie pour combattre les jihadistes de l'État islamique ; l'armée de l'air israélienne a frappé trois cibles dans la partie non occupée du Golan.

Un homme portant une petite fille après les bombardements des forces du régime à Alep. Baraa al-Halabi/AFP

Investi aujourd'hui, le président syrien Bachar el-Assad entend asseoir son image de vainqueur face aux rebelles, jouer les rassembleurs et regagner les faveurs de ceux lassés par trois ans de guerre ou effrayés par la poussée jihadiste. Réélu le 3 juin pour un troisième mandat lors d'une élection dénoncée comme une « farce », M. Assad ne manquera pas non plus, selon des analystes, de se présenter aux yeux de l'Occident comme un rempart contre les extrémistes de l'État islamique (EI), qui sèment la terreur en Syrie comme en Irak.
Pour donner du lustre à la cérémonie, le président Assad prêtera serment devant un grand nombre de personnalités puis prononcera un discours d'investiture où il tracera les grandes lignes de son nouveau septennat, a affirmé une source proche du pouvoir, sous le couvert de l'anonymat. « Bachar veut renforcer sa stature de victorieux, il s'agira d'une démonstration de défi à l'encontre des pays qui ont exigé son départ » depuis 2011, selon Khattar Abou Diab, politologue et enseignant à l'Université Paris-Sud. La question du départ de M. Assad « est close : même les Américains, les Saoudiens et les Qataris ne l'évoquent plus », selon Bassam Abou Abdallah, directeur du Centre de Damas pour les études stratégiques, proche du pouvoir.

 

 (Pour mémoire : L'Occident commence à changer de position, affirme Assad)

 

Ouverture « superficielle »
D'après Salman Cheikh, directeur du Brookings Doha Center, M. Assad tentera après son investiture de surfer à nouveau sur l'idée de dialogue pour séduire ceux qui se trouvent dans la « zone grise ». « Il va essayer de manière superficielle de tendre la main pour convaincre une majorité d'indécis », explique-t-il. Mais, rappelle l'analyste, « il ne faut pas se leurrer, c'est toujours un cabinet de guerre », sans compter le fait que « les rebelles ne cesseront pas de combattre » ses troupes. De son côté, Karim Bitar, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques, estime également que M. Assad va capitaliser sur la peur des jihadistes, tout en poursuivant son offensive. « Il va continuer de » surfer sur la hantise occidentale de l'islamisme et essayer de se poser en partenaire dans la lutte contre l'EI. » Mais parallèlement, » il poursuivra sa stratégie de contre-insurrection, qui cherche à sanctuariser les grands axes routiers et les centres urbains, quitte à abandonner l'est du pays.

 

(Dossier : Présidentielle syrienne : et maintenant on va où ?)


Sur le terrain, l'armée de l'air israélienne a frappé hier à l'aube trois cibles administratives et militaires dans la partie non occupée du Golan syrien, tuant quatre personnes dont deux femmes, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). De plus, des centaines de combattants kurdes de Turquie ont afflué en Syrie ces derniers jours pour combattre les jihadistes de l'État islamique (EI), qui assiègent la ville kurde de Aïn el-Arab, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). « Cette mobilisation a été lancée après l'appel du PKK », le Parti des travailleurs du Kurdistan, interdit en Turquie, a précisé M. Abdel Rahmane. « Ils se préparent à un assaut éventuel de l'État islamique », a poursuivi M. Abdel Rahmane. « C'est une bataille vitale pour les Kurdes car s'il prend Aïn el-Arab, l'EI avancera plus rapidement à l'est vers les autres régions kurdes de Syrie comme Hassaka », explique M. Abdel Rahmane.

 

Des cratères comme piscines
En attendant, à Alep, deuxième ville de Syrie, les cratères laissés par les raids de l'armée sur les secteurs rebelles se sont transformés en piscines improvisées, certes insalubres, pour les enfants à la recherche d'un peu de fraîcheur. Dans le quartier de Chaar, dans l'est de de la ville, des enfants et des adolescents pataugent avec insouciance dans une mare d'eau créée par un obus, dans une rue complètement dévastée par les bombardements. Cette image presque surréaliste s'offre alors que les températures avoisinent les 35 degrés Celsius dans la ville, et que les pénuries d'eau et d'électricité sont monnaie courante depuis plusieurs mois.

 

Des enfants se baignant dans l'eau insalubre d'un cratère à Alep. Fadi al-Halabi/AFP

 

« Dans le passé, on allait à la piscine du centre-ville. Aujourd'hui, les piscines sont les cratères laissés par les barils d'explosifs qu'il lâche sur nous », affirme Abdel Kader, 12 ans, le corps presque immergé dans l'eau sale. « Il fait très chaud et nous ne pouvons pas dormir, ni le jour ni la nuit », explique-t-il. Selon les résidents, un baril d'explosifs s'est abattu sur une conduite d'eau, formant la mare d'eau boueuse. Moustapha, un adolescent, se réjouit de pouvoir « nager ici ».


Enfin, l'Onu s'est dit « prête » hier à envoyer de l'aide à 2,9 millions de personnes de plus en Syrie, le Conseil de sécurité ayant autorisé lundi les convois humanitaires à passer par les frontières extérieures du pays.

 Pour mémoire

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commentaires (4)

DANS LA VIE... IL FAUT QUAND MÊME RIRE UN PEU !

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 39, le 16 juillet 2014

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Commentaires (4)

  • DANS LA VIE... IL FAUT QUAND MÊME RIRE UN PEU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 39, le 16 juillet 2014

  • L'un est en train d'exterminer carrément son propre peuple en attisant toutes les haines du monde, l'autre a sauvé son pays et son peuple en rejetant la haine et les conflits. Pauvre Mandela dont on souille la mémoire, il doit se retourner dans sa tombe !

    Robert Malek

    11 h 59, le 16 juillet 2014

  • "Il poursuivra sa stratégie de contre-insurrection, qui cherche à sanctuariser les grands axes routiers et les centres urbains, quitte à abandonner l'est du pays." ! Avec ceci, le plus important est dit. L'ignorance est la mère de tous les vices !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 24, le 16 juillet 2014

  • "Assad se prend pour... Mandela", alors qu'il est un petit Hitler grotesque et ridicule ! Qu'avec l'argent de ses "amis", le petit tsar Poutine et les mollahs d'Iran, il reconstruise maintenant seulement 5 % de la Syrie qu'il a détruite et fasse retourner seulement 5% des douze millions de réfugiés syriens qu'il a chassés de leurs foyers par ses bombardements. Il n'en fera rien du tout.

    Halim Abou Chacra

    05 h 13, le 16 juillet 2014

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