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Lifestyle - Disparition

Nadine Gordimer, militante engagée jusqu’à son dernier souffle

L'écrivaine sud-africaine, prix Nobel de littérature, est morte paisiblement durant son sommeil à 90 ans.

Née le 20 novembre 1923, Nadine Gordimer était la fille d’immigrants juifs venus d’Europe en Afrique du Sud. Elle avait toujours refusé de quitter son pays, même aux heures les plus sombres de l’apartheid. Auteure prolixe, elle avait ausculté les maux de sa société d’une plume sobre et sans concessions, avec pour thème central les conséquences du régime ségrégationniste. Morten Hvaal/AFP

La romancière sud-africaine Nadine Gordimer, prix Nobel de littérature 1991 et engagée dans la lutte contre l'apartheid, est morte dimanche à l'âge de 90 ans, a fait savoir hier sa famille. Mme Gordimer est décédée paisiblement durant son sommeil, dans sa maison de Johannesburg, précisent ses proches dans un communiqué rendu public par le cabinet d'avocat familial. « Ses plus grandes fiertés, rappellent ses enfants dans leur communiqué, n'étaient pas seulement d'avoir reçu le prix Nobel (...), mais aussi d'avoir témoigné (à un procès) en 1986, contribuant à sauver la vie de 22 membres de l'ANC (le Congrès national africain, désormais au pouvoir), tous accusés de trahison. »
Née le 20 novembre 1923, l'écrivaine était la fille d'immigrants juifs venus d'Europe. Sud-Africaine, elle avait toujours refusé de quitter son pays, même aux heures les plus sombres de l'apartheid, le régime de ségrégation raciale en place de 1948 à 1994. Auteure de quinze romans et de nombreux volumes de nouvelles, elle a ausculté les maux de sa société d'une plume sobre et sans concessions, avec pour thème central les conséquences du régime ségrégationniste. En lui donnant le prix Nobel de littérature juste après la libération de Nelson Mandela, l'Académie suédoise avait salué sa « magnifique écriture épique. Elle dépeignait des relations personnelles et sociales extrêmement complexes dans son environnement, confrontant les lecteurs au visage du racisme ».

La grande dame de la littérature
Depuis l'avènement de la démocratie en 1994, elle n'hésitait pas non plus, malgré son grand âge, à pointer les défauts du nouveau pouvoir des successeurs de Mandela. « Le slogan de l'ANC, Une vie meilleure pour tous, n'est pas allé sous terre », a-t-elle par exemple dit en 2012, quelques semaines après que la police eut abattu 34 grévistes à la mine de Marikana. Elle s'était récemment opposée à une loi restreignant la diffusion d'informations classifiées, jugée liberticide par la presse sud-africaine. « Notre système éducatif est un désastre. C'est le foutoir », avait-elle aussi déploré en 2012, alors que beaucoup espéraient que l'ANC émanciperait la majorité noire par un enseignement de qualité et romprait avec l'apartheid, qui a sacrifié des générations entières de Noirs sur les bancs d'écoles de seconde zone.
La Fondation Nelson Mandela a immédiatement rendu hommage à « la grande dame de la littérature sud-africaine et amie de Nelson Mandela », décédé en décembre dernier à 95 ans. « J'ai lu tous les romans non interdits de Nadine Gordimer et ai appris beaucoup sur la sensibilité des Blancs libéraux » (opposés à l'apartheid), a écrit le héros national dans son autobiographie, relatant ses vingt-sept ans passés en prison.

Une amie de Mandela
Proche de l'ANC, Nadine Gordimer avait été du voyage à Oslo lorsque Mandela reçut son prix Nobel de la paix en 1993 avec le dernier président de l'apartheid, F.W. De Klerk. « Pour nous, c'était une sorte de trahison de voir qu'il devait partager, que le président de l'apartheid avait quelque chose à partager avec Mandela et de voir Mandela se tenir-là, à Oslo, à côté de De Klerk, placé au même niveau », avait confié Mme Gordimer en décembre. Mais « Mandela étant le merveilleux personnage qu'il est, il décida d'accepter ce que des gens comme moi auraient considéré comme un déshonneur », avait-elle raconté.
La ministre sud-africaine de la Communication, Faith Muthambi, a salué dans un communiqué « une militante politique et auteur légendaire. Elle racontait l'histoire qu'il était interdit de raconter et a ouvert la voie à d'autres grandes voix anti-apartheid. Elle a influencé de nombreux Sud-Africains et sa mort est une perte, mais elle restera toujours parmi nous à travers ses œuvres », dont un premier roman publié à l'âge de 15 ans.
La date de ses funérailles n'a pas encore été fixée.

(Source : AFP)

La romancière sud-africaine Nadine Gordimer, prix Nobel de littérature 1991 et engagée dans la lutte contre l'apartheid, est morte dimanche à l'âge de 90 ans, a fait savoir hier sa famille. Mme Gordimer est décédée paisiblement durant son sommeil, dans sa maison de Johannesburg, précisent ses proches dans un communiqué rendu public par le cabinet d'avocat familial. « Ses plus grandes...

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