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Liban - La situation

Désengager le Liban de l’imbroglio régional

Tammam Salam recevant hier Élias Bou Saab : Disputez-vous dehors, pas en Conseil des ministres. Dalati et Nohra

Tout, au Liban, semble désormais lié à l'imbroglio irakien. Les développements récents dans le Nord irakien semblent traduire une action des forces régionales et occidentales qui va d'abord dans le sens de l'avènement d'un Kurdistan souverain et de plus en plus puissant, désormais doté de Kirkouk et de ses pétroles.
« Le noyau de ce Kurdistan, précise un chercheur libanais résidant en France, date de l'époque de Bush père, qui avait imposé une no-flight zone pour protéger une région kurde articulée autour d'Erbil et de Suleimaniyé, et qui avait forcé les deux partis kurdes – le PDK de Barzani et l'UPK de Talabani – à se réconcilier après s'être longtemps combattus ».


« L'apparition de ce Kurdistan, ajoute-t-il, est conforme aux souhaits des pères d'Israël comme Ben Gourion ou Moshé Sharrett qui – dans une correspondance des années cinquante transcrite dans Le Monde diplomatique il y a une vingtaine d'années – écrivaient qu'il fallait morceler l'Irak, seul pays arabe disposant simultanément, à profusion, de trois atouts : la population, le pétrole et l'eau... Trois atouts qui pourraient lui permettre de développer une base industrielle et technologique avancée. En tout cas, le Kurdistan d'aujourd'hui est très lié aux États-Unis et à Israël. En concertation avec Washington, les leaders kurdes sont désormais en mesure de promulguer leur indépendance au moment qu'ils auront choisi. »
En deuxième lieu, les développements en Irak semblent se diriger vers la formation d'une zone sunnite irakienne, qui permettra de séparer physiquement Téhéran et Bagdad de Damas et de Beyrouth, et qui pourrait permettre de relier la Turquie aux États arabes sunnites (Jordanie, l'Arabie et pays du Golfe), ajoute le chercheur cité. Deux questions importantes demeurent : la première, c'est qui, in fine, s'imposera à la tête de cette zone sunnite irakienne, un conglomérat de tribus ? L'État islamique ? Les baassistes de Izzat al-Douri, qu'on a pu entendre dimanche ? La seconde porte sur les décisions finales de la Turquie. Ce pays va-t-il s'emparer de territoires dans le Nord irakien en profitant du chaos ? Va-t-il annexer la région et le pétrole de Mossoul, à propos desquels il existe un vieux contentieux ? Nous n'avons aucune réponse sûre à ces deux questions. Il reste que, ce qui est certain, c'est que la création de la zone sunnite irakienne vise à éloigner l'Iran du Proche-Orient.

 

Perspectives
C'est à la lumière de ces données que les observateurs politiques interprètent ce qui se passe au Liban, y compris le blocage presque total des institutions dû à l'impasse présidentielle.
Au niveau de la présidence de la République, en effet, il semble que le général Michel Aoun exclut jusqu'à présent la possibilité de l'élection d'un président de compromis et aspire toujours à s'imposer comme candidat d'entente, sans se rendre compte de la contradiction qui existe entre ces deux termes. Car, en tant qu'allié privilégié du Hezbollah, Michel Aoun est désormais clairement identifié comme le prolongement chrétien de l'axe chiite allant de Téhéran au Liban-Sud et que l'axe sunnite cherche à contrer en éloignant l'Iran du Proche-Orient.


Or, l'absence d'un chef de l'État paralyse progressivement les institutions. Et pour commencer, le Conseil des ministres, où les décisions doivent être prises à l'unanimité, ce qui paralyse, par exemple, le dossier des contractuels et du conseil des doyens de l'Université libanaise (UL). Ainsi, le premier ministre Tammam Salam, qui a reçu hier le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, Élias Bou Saab, a décidé de ne plus convoquer le Conseil des ministres avant que cette question ne soit réglée.
L'impasse présidentielle a fini par paralyser le Parlement, qui se réunit à titre exceptionnel, ce jeudi, pour dégager le Liban de sa dette externe en eurobonds, question considérée comme liée à la crédibilité internationale du Liban. Mais pour le 14 Mars, il n'est plus question de légiférer à l'ombre de la vacance présidentielle, le Parlement devant être exclusivement considéré comme collège électoral.


C'est aussi à la lumière de ce qui se passe dans la région qu'il faut lire les tirs de roquettes contre Israël à partir du Liban, ainsi que les combats qui se déroulent à la lisière de nos frontières Est entre les jihadistes et le Hezbollah. Dans les milieux proches d'Amal, on impute à des milieux jihadistes les attaques aux roquettes contre Israël à partir du Liban, et l'on ajoute que « ces attaques ne servent pas la cause palestinienne ». En secret, on se félicite de ce qu'elles restent inoffensives. Mais la répétition de ces attaques est inquiétante et détonne par rapport à ce qui se passait auparavant, quand ces tirs se produisaient de façon isolée. C'est pourquoi certains milieux diplomatiques redoutent que la répétition de ces attaques ne conduise éventuellement l'armée israélienne à riposter plus durement qu'en envoyant des obus de 155 mm dans les garrigues inhabitées de Zebkine ou les bananeraies de Tyr.


En ce qui concerne les combats dans le Qalamoun syrien et les hauteurs de Ersal, le combat est à découvert entre le Hezbollah et les jihadistes, c'est-à-dire entre deux axes régionaux, l'un qui cherche à rapprocher Téhéran du Proche-Orient, l'autre à l'en éloigner. Nulle part mieux qu'ici ne ressort la sagesse de la déclaration de Baabda, que Walid Joumblatt demandait avec instance que l'on remette en vigueur « malgré les difficultés » et au nom de laquelle le Hezbollah devrait se retirer de Syrie, désengageant ainsi le Liban de l'imbroglio régional.

 

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Tout, au Liban, semble désormais lié à l'imbroglio irakien. Les développements récents dans le Nord irakien semblent traduire une action des forces régionales et occidentales qui va d'abord dans le sens de l'avènement d'un Kurdistan souverain et de plus en plus puissant, désormais doté de Kirkouk et de ses pétroles.« Le noyau de ce Kurdistan, précise un chercheur libanais résidant...

commentaires (5)

En bref, nous ne sommes pas encore sorti de l'auberge!

Pierre Hadjigeorgiou

13 h 05, le 15 juillet 2014

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Commentaires (5)

  • En bref, nous ne sommes pas encore sorti de l'auberge!

    Pierre Hadjigeorgiou

    13 h 05, le 15 juillet 2014

  • Les fakkihdio-bääSSyriens sont tellement affaiblis par leur embourbeMent en territoire Syrien Sain, qu'ils sont devenus dorénavant incapables d'influencer sur le cours des événements au Grand-Liban. Basta !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 36, le 15 juillet 2014

  • La situation est tres inquietante... Plusieurs fronts au Liban risquent de s'embraser, notamment aux frontieres libano-syrienne et libano-israelienne...

    Michele Aoun

    09 h 14, le 15 juillet 2014

  • OBJECTIF DES INSTIGATEURS ET POURVOYEURS DU CALIFAT : COUPER LE CROISSANT CHIITE... CRÉER L'ETAT KURDE... ÉLOIGNER LA SYRIE DE L'IRAQ, PARTANT DE L'IRAN ! ÉLOIGNER LA SYRIE DU HEZBOLLAH, PARTANT DE L'IRAN ! BRISER L'AXE ! COIFFER LE TOUT PAR L'ENFANT GÂTÉ ! LA TURQUIE ? PLUS DE POIDS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 15, le 15 juillet 2014

  • LA SITUATION vue populairement. Le chaos total dans ce Proche-Orient de merde se reflète de manière parfaite au Liban. D'autant plus que ce pays compte des chefs politiques au nombrilisme le plus sot et stupide du monde, car à force de ne tenir compte que de leur intérêt mesquin ils perdent l'Etat qu'ils poussent au naufrage et à fortiori leur intérêt.

    Halim Abou Chacra

    06 h 09, le 15 juillet 2014

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