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Liban - Le commentaire

Vénalité, courte vue, surenchère politique : après les Palestiniens, les Syriens

L'afflux de réfugiés syriens au Liban rappelle irrésistiblement celui des réfugiés palestiniens et les justifications politiques – et économiques – qui nous ont conduits, après 1948, à croire que cet afflux était acceptable, étant de courte durée, que nous pouvions en tirer parti, y compris sous la forme d'aides internationales.
C'est l'une des raisons pour lesquelles, historiquement, certains n'eurent pas d'objections à la localisation des camps de réfugiés dans certaines agglomérations chrétiennes ; l'aveuglement et la surenchère arabiste étaient tels que même en 1970, après le Septembre noir jordanien, certains n'eurent pas d'objection à ce que les 25 000 Palestiniens expulsés de Jordanie se retrouvent au Liban plutôt qu'en Syrie, comme il en fut d'abord question. Par ailleurs, la création de l'Unrwa avait répondu antérieurement à la vénalité des Libanais planifiant de piller discrètement l'aide internationale.
La situation se modifia de fond en comble quand les camps de réfugiés se transformèrent en camps retranchés dans un pays affaibli par les divisions de sa caste politique entre partisans passionnés et adversaires farouches de la présence armée palestinienne, en particulier après l'extension de l'autorité des groupes palestiniens à certains quartiers sensibles. Tous les efforts pour inverser la tendance furent vains, y compris la tentative de déplacer tous les camps vers le Liban-Sud.
La guerre libano-palestinienne finit par éclater, avec les conséquences funestes que l'on sait. Les réfugiés palestiniens étaient finalement devenus des combattants qui planifièrent tant et si bien leur action qu'aucun pouce de territoire palestinien ne fut libéré, mais que la population libanaise du Liban-Sud fut chassée de ses foyers, qu'une guerre libano-palestinienne éclata, aussitôt suivie d'une guerre civile libanaise et enfin d'une succession d'invasions israéliennes.
Ces épisodes de l'histoire du pays devraient mettre les Libanais sur leurs gardes, et les conduire à se méfier de l'afflux des réfugiés syriens. Certes, les Syriens ne sont pas les Israéliens, mais qui sait comment va tourner la roue syrienne de la fortune ? Le manque de vision, de vigilance et d'organisation risque de conduire le Liban à une situation politique, économique et sécuritaire bien plus explosive que celle qu'il a connue du temps des Palestiniens.
Ce flux est en effet, quantitativement, bien plus important que celui des Palestiniens. Il est souvent incontrôlé et difficile à localiser, surtout dans le cas des Syriens relativement aisés qui s'installent chez des amis ou à l'hôtel, ou qui louent des appartements. Par ailleurs, le devoir d'accueil du Liban dépasse de loin ses possibilités matérielles, sans compter l'insuffisance de son infrastructure.
Ainsi, on réalise que l'aide extérieure comme l'aide intérieure (municipalités, moukhtars) sont indispensables pour recenser, localiser, discerner entre les véritables réfugiés et ceux qui usurpent cette qualité afin de piller l'aide envoyée, sachant d'ailleurs que celle-ci reste bien en dessous des besoins.
En conclusion, force est de constater que le Liban a fait, une fois de plus, preuve de courte vue ; qu'il a été victime d'une propagande qui a minimisé les risques de l'accueil et exagéré ses avantages, sachant que certains avaient considéré cette présence comme un atout politique, et calculé que la guerre en Syrie s'achèverait rapidement.
Il est désormais vital de déterminer exactement qui, parmi les Syriens arrivés au Liban, a droit au statut de réfugié, et qui doit en être refoulé. Il est également impératif de recenser le nombre de Syriens réfugiés au Liban et de déterminer, comme certains le prétendent, s'il existe ou non un plan pour en implanter une partie chez nous. Et faire vite, avant que la qualité de réfugié ne change de camp...

L'afflux de réfugiés syriens au Liban rappelle irrésistiblement celui des réfugiés palestiniens et les justifications politiques – et économiques – qui nous ont conduits, après 1948, à croire que cet afflux était acceptable, étant de courte durée, que nous pouvions en tirer parti, y compris sous la forme d'aides internationales.C'est l'une des raisons pour lesquelles,...

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