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Liban - Ressources

Protéger la source de Jeïta, c’est protéger plus de 70 % de l’eau de Beyrouth

Les résultats d'un projet technique libano-allemand sur la protection de la source de Jeïta ont mis le doigt sur les nombreuses sources de pollution et les moyens de prévenir celle-ci.

L’ambassadeur d’Allemagne s’adressant aux participants à la conférence.

Les eaux usées jetées en pleine nature, des dizaines de dépotoirs sauvages, des fermes d'animaux qui jettent leurs résidus près des fleuves, des usines, un hôpital, plus de 20 carrières... Autant dire que la source de Jeïta (Kesrouan), qui étanche la soif de la capitale entre autres, n'est pas épargnée. Le sol karstique de cette zone n'arrange pas les choses puisque la pollution en surface se retrouve inévitablement dans le sous-sol, riche en nappes phréatiques.

Une étude, la plus complète jamais effectuée sur cette source d'eau cruciale qui alimente plus de 70 % des foyers de Beyrouth, vient d'être terminée, mettant en lumière tous les dangers qui pèsent sur elle et dévoilant des données nouvelles sur le système hydrogéologique complexe qui la sous-tend.
Dans une conférence tenue hier, l'équipe du projet de coopération libano-allemand pour la protection de la source de Jeïta a présenté les résultats de ses recherches et ses recommandations, notamment celles d'éloigner les installations polluantes des zones très sensibles. Un des résultats immédiats de ce projet a été le changement de l'emplacement de la station d'épuration des eaux usées prévue pour la région, sur recommandation des experts, en vue d'éloigner tout risque de contamination de la source. Un autre apport a été la préparation d'une carte des vulnérabilités des nappes phréatiques, qui délimite les zones où les installations polluantes devraient être interdites ou alors sévèrement contrôlées, car la porosité du sol karstique conduit à une contamination rapide (en quelques jours) de la source.

 

(Lire aussi: La pénurie est de « 400 millions de mètres cubes », selon Machnouk)



Le projet était financé par le ministère allemand de Coopération économique et de développement (BMZ), à hauteur de 1,7 million d'euros sur quatre ans. Il a été mis en place par l'Institut fédéral des géosciences et des ressources naturelles allemand (BGR), en coopération avec le ministère de l'Énergie et de l'Eau, le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), et l'Office des eaux de Beyrouth et du Mont-Liban. Un représentant du ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk, le président du CDR Nabil el-Jisr et l'ambassadeur d'Allemagne Christian Clages étaient présents à l'inauguration.

Un kilomètre carré...de carcasses d'animaux
Renata Raad, ingénieure au sein de l'équipe, s'est attardée sur les sources de pollution. Elle a noté en premier lieu la présence de larges superficies d'agriculture intensive, qui utilise des pesticides polluants. « Je n'aurais jamais cru que les agriculteurs jetteraient des conteneurs à moitié pleins de pesticides tout près de la source de Nabeh el-Laban », a-t-elle dit.

 

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Les eaux usées non traitées et jetées dans la nature sont une autre source de pollution majeure, d'où « la présence d'un taux anormalement élevé de polluants bactériologiques dans l'eau ». « L'Office des eaux effectue le traitement nécessaire, mais cela ne doit pas prévenir une lutte de la pollution à la base », a-t-elle ajouté. Autre problème : les dépotoirs sauvages dont on compte non moins de... 74 entre le Kesrouan et Jbeil. « Nous en avons vu un, d'une superficie d'un kilomètre carré au moins, rempli de carcasses d'animaux », a-t-elle déploré.
Mme Raad a parlé des nombreuses stations d'essence, environ 80, dont les dégâts sur l'eau ne sont pas encore bien établis. « Les polluants qui résultent de ces stations, mélangés au chlore utilisé pour la purification, pourraient devenir cancérigènes », a-t-elle estimé. Même constat pour les carrières : les déchets qu'elles déversent rendent l'eau trouble, et tout procédé de traitement ultérieur devient inefficace. Idem pour les abattoirs, les fermes, les restaurants, l'hôpital unique de la région...

Interrogée par les journalistes sur les principales recommandations du projet, Renata Raad a insisté sur la nécessité de « conjuguer les efforts de toutes les autorités concernées en vue de protéger la source ». « Une autre recommandation-clé est celle de la sensibilisation à la protection de l'environnement, a-t-elle poursuivi. L'usine qui pollue devrait traiter ses déchets solides et liquides, et assumer ses responsabilités. »
Mme Raad évoque également la nécessité d'apporter une aide à l'Office des eaux de Beyrouth pour que celui-ci se dote de laboratoires qui puissent contrôler continuellement la qualité de l'eau.

 

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Pour ce qui est des sources de pollution, l'ingénieur insiste sur « un contrôle imminent des stations d'essence par les ministères de l'Environnement et de l'Énergie et de l'Eau, et par les municipalités ». « Les hôpitaux devraient acquérir une station d'épuration qui leur sera propre, en vue d'empêcher l'infiltration de déchets dangereux dans l'eau souterraine, a-t-elle poursuivi. Une très petite quantité d'eaux usées provenant des hôpitaux, si elle se retrouve mélangée aux autres eaux usées, devient un risque majeur pour la santé. Ces déchets tuent la bactérie utilisée pour le traitement des eaux et neutralise donc ce traitement. »
Elle souligne que les cartes de vulnérabilité fournies par le projet doivent pousser les responsables à suspendre les permis d'installations polluantes dans les zones sensibles.

Par ailleurs, le projet a permis de délimiter avec précision les zones d'infiltration qui alimentent la source de Jeïta, a expliqué le directeur du projet, Armin Margane. Des zones d'infiltration d'une superficie remarquable, un peu plus de 400 kilomètres carrés, en raison de la nature karstique du sol, ce qui explique que la source de Jeïta soit l'une des plus importantes du pays.
M. Margane a également évoqué les analyses faites sur des dizaines d'échantillons prélevés dans les sources, ainsi que les systèmes de surveillance mis en place en plusieurs endroits.

 

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commentaires (3)

ON FERA BOIRE AUX LIBANAIS DE L'EAU HUILÉE... COMME LA BENZINE HUILÉE QUI FAIT DÉMARRER LES MOTOS... MAIS ICI POUR LES FAIRE SE TAIRE !

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 43, le 12 juillet 2014

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Commentaires (3)

  • ON FERA BOIRE AUX LIBANAIS DE L'EAU HUILÉE... COMME LA BENZINE HUILÉE QUI FAIT DÉMARRER LES MOTOS... MAIS ICI POUR LES FAIRE SE TAIRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 43, le 12 juillet 2014

  • QUI ENCAISSE LES REVENUS DE LA GROTTE DE JEÎTA ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 16, le 12 juillet 2014

  • Et le canal d'alimentation de Jeïta à Dbayé...c'est un vrai dépotoir,troué comme un emmental ...les gens jettent des vieilles batteries (métaux lourds) ,de l'huile de vidange et l'eau d'infiltration des égouts à puit perdus etc..

    M.V.

    09 h 43, le 12 juillet 2014

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