Le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, a estimé hier que l'élection présidentielle au Liban pourrait ne pas avoir lieu avant six mois, en raison du contexte régional.
Dans un entretien accordé à Reuters, M. Machnouk a par ailleurs indiqué que « l'État islamique (Daech) s'est manifesté pour la première fois à Beyrouth ces dernières semaines », soulignant toutefois que « les forces de l'ordre ont fait avorter toute velléité de rééditer au Liban ce qui se passe en Irak ». Selon lui, la présence des extrémistes relevant de Daech dans le pays se limite « uniquement à quelques individus ».
« Il faut reconnaître que ce qui s'est passé en Irak a suscité un sentiment d'euphorie parmi ces groupuscules (jihadistes) qui ont cru qu'ils pouvaient profiter de ce qu'ils considèrent être la réussite de l'expérience irakienne », a relevé le ministre.
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M. Machnouk croit toutefois savoir qu' « au cours des deux derniers mois au Liban, la prise de conscience aiguë et la vigilance au plan sécuritaire ont réussi à affaiblir ce mode de pensée et ce type de vision ».
Le ministre a assuré à ce propos que si le danger terroriste existe, l'environnement social n'y est pas propice. « L'écrasante majorité des sunnites, pour ne pas dire 100 %, qui aurait pu constituer la base populaire de Daech, reste attachée à la modération et à la civilité », a insisté M. Machnouk.
Interrogé sur les informations de presse faisant état d'opérations de recherches effectuées par les forces de l'ordre pour localiser des voitures piégées et des kamikazes à l'œuvre, le ministre a répondu en affirmant que cela « pourrait être partiellement ou entièrement vrai », mais qu'il est difficile d'affirmer cela à 100 % tant que les forces de l'ordre n'ont pas localisé l'emplacement des voitures ou des kamikazes.
« Ces informations sont disponibles chez tous les services de renseignements arabes et étrangers. Elles concordent également avec les résultats des investigations sérieuses menées sur le terrain par les forces de sécurité. Quoi qu'il en soit, ces informations sont une hypothèse sérieuse mais non nécessairement vérifiée à 100 % », a-t-il dit.
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Et M. Machnouk d'apporter une indication caractéristique des opérations jihadistes : « Pratiquement parlant, les kamikazes ne savent pas exactement quelle est leur cible car la majorité des opérations a lieu à la dernière minute, juste après qu'ils eurent été prévenus de leur objectif. Ils s'installent dans un premier temps et surveillent les parages. Ils reçoivent en dernier ressort les directives et les indications concernant la cible », a-t-il expliqué.
Le ministre n'a pas écarté par contre de nouvelles explosions au Liban. « Je crois que le risque de voir des explosions existe toujours tant que ce type d'idéologie est encore présent », a-t-il dit.
« La seule solution est celle que nous appliquons actuellement, à savoir le tarissement des sources dans le sens d'un suivi continu des lieux où ils (les jihadistes) peuvent manœuvrer, en imposant un stricte contrôle sur les nationalités et les personnes en provenance de l'aéroport ou des frontières terrestres », a précisé M. Machnouk, soulignant que ces mesures sont continues dans le temps.
En réponse à une question, le ministre a indiqué que le pays n'a pas connu depuis 1990 une telle coordination entre les services de sécurité, précisant que les mesures préventives ont prouvé leur succès, dans la mesure où trois opérations terroristes ont pu être avortées.
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LA LIBRE EXPRESSION
13 h 46, le 11 juillet 2014