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Diaspora - Success story

Philippe Ziade, une star de l’immobilier à suivre jusqu’au Nevada

Seize ans après son départ du Liban, le jeune businessman a réussi son pari de faire fortune. Classé premier individuel parmi les professionnels de l'industrie de l'immobilier aux États-Unis, il n'a pas pour autant oublié ses racines et est activement de retour à Beyrouth.

Le professionnel de l’immobilier construit aujourd’hui une dizaine de villas de luxe dans la vallée du Grand Las Vegas, dont les prix varieront entre 3 et 15 millions de dollars.

Philippe Ziade fait partie de ces émigrés libanais dont il faut absolument retenir le nom, et dont on entendra sûrement parler à Beyrouth bientôt. À 38 ans seulement, le jeune homme d'affaires originaire de Kattine, au Kesrouan, a déjà tout réussi.

Au Nevada, où sa carrière dans l'immobilier est aujourd'hui florissante, il est officiellement classé numéro un parmi les entreprises et professionnels de l'industrie, en termes de nombre et de volume de transactions immobilières. En 2011, par ailleurs, le Wall Street Journal lui attribuait la 46e place dans son top 1 000 des professionnels de l'industrie aux États-Unis, tandis que l'association des agents du Grand Las Vegas l'annonçaient vainqueur de leur « Top 40 Under Forty », qui honore les agents à succès n'ayant pas encore atteint la quarantaine. Aujourd'hui PDG et fondateur de plus de 19 entreprises immobilières au Nevada, où lui a été attribué un prestigieux permis illimité de construction, Philippe Ziade n'a pas eu pourtant, au fil des années, un parcours des plus faciles.

C'est en 1998 que le jeune Philippe laisse tomber ses études de génie à la LAU et se dirige avec un ami aux États-Unis, dans le Nevada, pour aller chercher fortune. Élevé dans une famille modeste et aîné de deux frères et d'une sœur, il pense pouvoir réussir à l'étranger, même s'il ne sait pas le moins du monde par où commencer. Au Nevada, où son oncle et son cousin résident depuis longtemps, il rejoint l'université pour poursuivre ses études en génie civil et mécanique, mais ses désirs de succès encore inassouvis le poussent à s'occuper de manière plus utile et plus productive. « Le père d'une de mes amies au Liban possédait une usine de transformation de marbre, raconte Philippe Ziade à L'Orient-Le Jour, qui l'a rencontré lors de son dernier passage à Beyrouth. Je lui ai donc demandé de m'envoyer une marchandise que je pourrais vendre aux États-Unis, et c'est ainsi que tout a commencé. »

« C'était une période assez difficile pour moi, et je me demandais souvent ce que j'étais venu faire ici, ajoute Philippe. À cause du stress créé par le boulot, la fac et le manque de sommeil, je craquais souvent. Fréquemment, à la fin du mois, je dormais en sachant que je n'avais pas de quoi payer les salaires de mes employés le lendemain. Il n'est pas facile de se lancer dans les affaires aux États-Unis, car tout est strictement régulé. Mon oncle et mon père se demandaient souvent ce que j'étais venu y faire, puisque je passais mon temps à sécher les cours pour conclure mes marchés de marbre, et mon business prenait la plus grande partie de mon temps ; j'ai à peine eu le temps de participer à ma cérémonie de promo. Mais mes efforts ont fini par payer. J'ai rencontré de nombreuses personnes qui m'ont aidé et rendu service. À 23 ans seulement, j'ai signé un contrat avec l'un des plus grands hôtels de Las Vegas... »

Des châteaux construits sur le sable du Nevada
Quand il se remémore « ces nuits difficiles », Philippe Ziade, aujourd'hui bel homme puissant et confiant, ne peut s'empêcher de cacher une certaine fatigue derrière son serein regard bleu. « Je ne savais rien, explique-t-il, et beaucoup ont tenté de me mettre en échec. C'était une perpétuelle course à contre-courant, comme construire un château sur une montagne de sable. Je mentais toujours à propos de mon âge et j'avais peur de paraître trop jeune. Dans le monde des affaires, il faut toujours créer chez l'autre une perception plus importante de soi. »

 

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Écouter et apprendre rapidement en éliminant les risques et les erreurs, c'est ainsi que le jeune Philippe a grandi en assurance et en renom dans son entourage. Intéressé et passionné par les constructions, il se lance dans l'immobilier en 2005 et dirige la construction de plus de 650 condominiums avant de fonder Appleton Properties, aujourd'hui devenue sa marque de fabrique. Mais c'est l'année du crash financier qui marquera un tournant dans sa carrière. Retardé dans ses affaires par un heureux concours de circonstances, il ne se sera pas encore lancé dans ses nouveaux projets quand se produit la crise.

En ingénieux observateur du marché en détresse, Philippe Ziade s'engage alors à acheter aux banques en difficulté des maisons peu coûteuses qu'il rénove et revend. En 2012, il vend plus de 420 projets, se classant 13e parmi les professionnels de l'industrie aux États-Unis et premier au Nevada. « Quand on prend en charge une centaine de projets, le risque est minime, mais il faut savoir que les prix chutent au quotidien dans un marché en crise, et qu'une véritable course contre la montre prend place entre le moment de l'achat d'une maison et celui de sa revente, explique Philippe. J'ai donc développé un logiciel unique qui est à l'origine de ce grand succès, un programme qui automatise les transactions immobilières. »

Ainsi, si le jeune millionnaire n'a jamais proprement travaillé dans le domaine du génie, il a su user de ses connaissances d'ingénieur au profit de l'immobilier, à travers cette application approuvée par l'État du Nevada pour être offerte à chaque agent, et qui permet de suivre la marge de profit d'un projet au cours du temps, en automatisant les transactions de rénovation, d'assurance et de formalités légales, tout en permettant à l'investisseur de comparer différents projets. Ce logiciel sera bientôt accessible de façon payante au public et devra révolutionner l'immobilier aux États-Unis.

« Quand quelqu'un réussit, il écrit généralement un livre, estime Philippe Ziade. Mais je trouve qu'un livre ne peut que motiver et inspirer. Ce logiciel, rendu public, racontera mon histoire, mais permettra également aux jeunes agents de suivre mon exemple et de réussir. »

De nouveaux projets en perspective
Outre le lancement bientôt de son logiciel, ce professionnel de l'immobilier construit aujourd'hui une dizaine de villas de luxe dans la vallée du Grand Las Vegas, dont les prix varieront entre 3 et 15 millions de dollars. En outre, il vient également de signer un contrat avec le département américain de l'Énergie pour construire une nouvelle génération de maisons « organiques et intelligentes », où l'air est 10 fois moins pollué qu'à l'extérieur et où la climatisation et l'eau chaude s'ajustent automatiquement au nombre de personnes présentes dans l'appartement, ainsi que des « maisons passives » qui s'autochauffent et s'autorefroidissent. Il construit également, en partenariat avec d'autres professionnels, un prestigieux casino de 4 000 chambres à Las Vegas, qui sera lié à un circuit de formule 1.

« Dans mon travail, je suis assez conservateur, dit-il, mais j'aime m'engager dans de nouveaux projets et de nouveaux domaines. Je m'ennuie vite, aussi, et rien ne me rend plus heureux que l'excitation de conclure un deal. Il faut savoir comprendre le fonctionnement du marché, s'y ajuster et faire un pas en avant, et il est alors facile de faire de l'argent. C'est ce que j'ai appris en ces 16 ans, comme j'ai également appris que le succès en affaires n'est aucunement lié au hasard, qu'il faut toujours considérer le pire des scénarios dans chaque projet, et qu'il faut toujours tenter de conclure un partenariat avec des personnes plus importantes que soi-même, pour grandir. »

 

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Intransigeant au bureau parmi ses employés qu'il considère comme une famille, bosseur même les week-ends, Philippe Ziade est un grand stressé qui estime aujourd'hui ne plus avoir la même patience qu'avant. Au travail, il fixe des délais pour la réalisation de ses projets, même s'il ne compte pas les vendre tout de suite, et le moindre retard le gêne. Ce n'est qu'en venant à Beyrouth, chaque mois et demi, que le businessman peut enfin prendre un peu de répit.

Un attachement aux racines, à la famille
Si pendant sept ans Philippe Ziade ne pouvait quitter le Nevada, il n'a pas oublié la capitale libanaise pour autant. Dans son entreprise, 70 pour cent des employés sont libanais. Sa femme, Christelle, l'est également. Et depuis un an, ses enfants Yasmine (6 ans) et Sherif (4 ans et demi) suivent leurs études au Collège Louise Wegmann et passent, chaque un mois et demi, trois semaines avec leur papa rentré d'Amérique. « J'ai envoyé mes enfants vivre au Liban pour que naisse en eux ce sentiment d'appartenance au pays et au village, raconte-t-il. En Amérique, il est difficile de les éduquer aux mêmes valeurs et il faut les suivre de près constamment. Je ne veux pas les perdre ; j'ai accepté donc de faire ce sacrifice, même si cela me fait de la peine de les voir grandis à chaque retour. »

Amoureux du Liban, le jeune papa développe actuellement un projet avec le ministère des Affaires étrangères, qui consiste à proposer des opportunités d'investissements immobiliers en Amérique aux émigrés libanais qui aimeraient aider le Liban, des projets rentables qui n'auront pour condition que le réinvestissement d'une partie des profits au pays du Cèdre. « Le facteur de risque lié à la situation sécuritaire libanaise aura été éliminé puisque l'investissement initial se fait en dehors du pays, et nous ferons en sorte d'employer des fils d'émigrés libanais qui ne connaissent pas le Liban dans ces projets, ce qui les encouragera à découvrir le pays, explique Philippe, qui assure que le Liban lui a donné la rage de réussir. Il faut se sentir privé et dans le besoin pour réussir. Je suis fier du Liban. Nous quittons ce pays et nous débarquons dans d'autres pays, sans autre option que de nous surpasser, mais nous n'oublions pas nos racines.

Et à bien revoir ces 38 années, je remarque que rien n'a été fait en vain. J'ai appris de chaque chose, de chaque difficulté. Il faut avoir peur d'échouer pour pouvoir réussir et je pense qu'aujourd'hui, le gros a été fait, et j'ai vécu avec plaisir chaque seconde de ce parcours. »
Et l'entrepreneur de poursuivre : « J'avais peur de ne pas revenir jeune au Liban pour pouvoir en profiter. » « Je vis un rêve », dit-il en souriant, avant de se rappeler un souvenir d'enfance : « Au Kesrouan, nous étions proches de la famille Ephrem.

Je me rappelle de Georges Ephrem qui m'a un jour dit que le chemin le plus rapide pour accéder à une réussite durable est celui du dur labeur et de l'honnêteté. Cette phrase a changé ma vie. Des années plus tard, je me souvenais toujours de cet homme qui a tout partagé avec ses frères et j'ai suivi son exemple. Mes deux frères et ma sœur vivent aujourd'hui avec moi aux États-Unis et je n'ai pas hésité à tout leur donner, car ils sont ma force et la principale motivation de ma réussite, affirme Philippe Ziade. L'argent n'est pas tout dans la vie, et il ne vaut rien sans famille et sans patrie. »

 

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