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Liban - Social

Prochaine ouverture d’une académie libanaise des arts pour les personnes à besoins spéciaux

Une première au Liban : l'art-thérapie comme facteur d'intégration sociale.

Les intervenants au cours de la conférence de presse pour annoncer la création de l’Académie libanaise des arts.

L'art-thérapie est comme une catharsis pour les personnes à besoins spéciaux, une manière pour eux de « laisser leur inconscient s'exprimer par la main ou par le corps». Voilà ce qu'explique Rita Mourkazel pour présenter l'une de ses dernières initiatives: la création de l'Académie libanaise des arts (LAA), un établissement tout spécialement dédié à l'enseignement de l'art pour les jeunes ayant besoin d'une « assistance spécifique » et qui ouvrira ses portes en octobre 2014. En effet, Rita Moukarzel est convaincue, après vingt-cinq ans de métier et quatre années consacrées à cet art, que la création d'une telle académie pourrait bouleverser la donne : cette formation serait à ses yeux la concrétisation d'un projet artistique à portée résolument sociale, une première dans un pays où la thérapie artistique reste encore méconnue.
Ce sont les très bonnes performances de plusieurs personnes autistes ou trisomiques dont elle s'est occupée qui ont poussé Rita Moukarzel a se lancer dans ce projet dont elle est l'initiatrice et la coordinatrice. Le succès de l'art-thérapie est pour elle comme une évidence, illustrée par de belles « sucess stories », comme celle de Ali Tlaïs. Cet « autiste peintre » avait effectivement fait sensation grâce à son incroyable talent, qui lui permet aujourd'hui d'exposer et de vendre ses toiles après quatre ans d'art-thérapie.


À la lueur de ces nombreuses réussites et suite aux pressantes demandes de parents, la création de cette académie, première du genre au Liban, apparaissait comme la suite logique des projets artistiques visant à l'intégration des personnes mentalement déficientes dans la société libanaise. C'est en effet à travers l'art et la LAA que ces individus, à l'image de Ali, vont pouvoir exprimer leurs talents en se sachant écoutés et compris en retour. C'est là tout l'enjeu du projet : leur apprendre à s'exprimer à leur façon pour que leurs opinions rejaillissent et soient prises en compte.


Car ces talents sur lesquels elle mise tant, Rita ne doute pas qu'ils existent en chacun d'entre nous, mais qu'ils ne demandent qu'à être révélés, chez les individus « déficients » plus que chez personne d'autre. Ces gens-là ont en eux un « jet spontané de création », dit-elle, un jet « libre de tout carcan social qui les pousse à se cantonner à leur propre perception du monde ». « C'est ce talent à l'état brut et cette absence de contraintes qui rend leur vision artistique bien meilleure que la nôtre », insiste-t-elle. Ainsi, trop souvent considérés comme des incapables, « ils auraient pourtant en art plus de capacités que nous ». Des capacités que la LAA ne demande qu'à faire éclore.

 

(Pour mémoire : Ali Tlaïss, l'autisme en couleurs)

 

Soif d'expression et de création
Pour les stimuler, pour les pousser à dévoiler leurs talents, aucune difficulté : Rita raconte même comment certaines des personnes avec qui elle a déjà expérimenté l'art-thérapie trépignent d'impatience à son arrivée dans la salle parce qu'elles ont hâte d'être entendues. Cette soif d'expression et de création les rend extrêmement réceptives à l'art et leur apporte de nombreux bienfaits. L'art-thérapie, c'est pour ces individus l'apprentissage de l'apaisement et de la concentration, à travers un art qui les pousse à s'ouvrir à leur propre inconscient pour pouvoir ensuite le projeter vers autrui. C'est une formation qui dépasse les simples frontières de l'art pour les guider vers une meilleure intégration sociale. Dans un pays où le potentiel des personnes à besoins spéciaux est bien trop souvent jugulé, refoulé derrière un handicap stigmatisant, la mise en place de l'art-thérapie et la création de la LAA apparaissent ainsi comme une urgente nécessité.


Une nécessité donc, peu à peu transformée en réalité, avec toutes les modalités qui s'imposent. Pour pouvoir répondre au mieux aux besoins de ces jeunes artistes en devenir, des cours de dessin, de peinture, de cuisine, de photo, de danse et de théâtre seront dispensés dans l'académie. L'inscription à ces cours se fera sur la base d'initiatives spontanées des parents ou de personnes souhaitant inscrire un enfant ou un proche à la LAA.


Ces leçons seront données, dans un premier temps, les mardis et jeudis à de petits groupes d'élèves (8 à 10 personnes par classe) au Collège du Sacré-Cœur de Gemmayzé. Les cours seront dispensés par des professionnels du métier, voire par des experts, dans des ateliers visant à offrir à ces jeunes une part d'expérience et de savoir-faire. Pour encadrer cette formation des plus complètes, des « assistants spécifiques » seront présents dans l'académie pour guider les personnes aux problèmes les plus difficiles.
Si c'est bien des professionnels de l'art que Rita a tenu à engager, c'est parce qu'elle est convaincue que ces jeunes ne doivent pas subir de discrimination – négative ou, dans ce cas précis, positive. Au même titre que les individus non déficients, ils ont en eux la capacité de suivre des cours qui aiguiseront leurs talents pour leur permettre d'avancer, même avec une assistance. C'est d'ailleurs par souci d'égalité et pour pouvoir rétribuer les professeurs que les cours de la LAA seront payants, comme pour n'importe quel autre cours artistique au Liban.


Cette vision artistique, la LAA compte bien en faire une vision sociale. Pour cela, le plan d'avenir est simple : faire prospérer le centre, lui donner de l'envergure pour qu'il puisse continuer, à travers les pinceaux, les crayons et la musique, à faire sortir les déficients de leur isolement. Par cette ouverture et cette opportunité offerte aux jeunes, la LAA espère faire bouger les mentalités pour faire en sorte que l'intégration de ces jeunes ne soit plus qu'une simple exception, qu'une simple belle histoire comme celle de Ali, mais une réalité que les individus concernés pourraient vivre au quotidien, de manière à être considérés comme des individus normaux... ou plutôt, un peu trop talentueux pour l'être.

 

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commentaires (2)

UNE BONNE INITIATIVE !

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 41, le 02 juillet 2014

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Commentaires (2)

  • UNE BONNE INITIATIVE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 41, le 02 juillet 2014

  • Bravo, Mille Bravos ... Que du bonheur cette nouvelle. On l'aime ce pays parce qu'il y a des gens formaidables, et Rita Moukarzel en fait partie.(On aimerait bien la connaître un peu plus et l'encourager) MT.Achkar/Malezet

    Achkar-Malezet Marie-Therese

    10 h 54, le 02 juillet 2014

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