Rechercher
Rechercher

Liban - Éclairage

Les services de sécurité font leur travail, aux politiciens de faire le leur...

Même si les mesures de sécurité sont impressionnantes dans certains quartiers de la capitale, les Libanais ne sauraient pas s'en plaindre, tant cela prouve que les services de sécurité, dans leur diversité, font de leur mieux pour enrayer la menace terroriste. La décision de traquer les terroristes, qu'ils appartiennent à des « cellules dormantes » ou à des groupes en pleine activité, est claire et elle ne sera pas remise en cause. C'est du moins ce qu'affirme une source sécuritaire haut placée qui précise que non seulement les autorités libanaises et les différentes parties politiques sont d'accord sur ce point, mais de plus, la communauté internationale, États-Unis en tête, est très ferme sur son attachement à la stabilité du Liban.

D'ailleurs, les services occidentaux aident autant que possible les services libanais en leur communiquant des informations que leurs moyens limités ne peuvent pas capter. La source sécuritaire haut placée ajoute que lors de son entretien avec le chef du courant du Futur Saad Hariri, à Paris, le secrétaire d'État américain John Kerry a insisté sur la nécessité de préserver la stabilité au Liban et de faire en sorte de calmer le discours politique. Ce serait d'ailleurs une des raisons qui aurait poussé Saad Hariri à contacter les députés Khaled Daher et Mouïn Merhabi pour leur demander de ne plus attaquer l'armée et les services de sécurité.

De même, les services de sécurité continuent d'arrêter des suspects au Nord, dans le Akkar mais aussi à Tripoli, dans l'entourage de cheikh Salem Raféi. En même temps, la chasse à l'homme contre Mounzer el-Hassan, l'homme qui devait fournir les équipements aux kamikazes, se poursuit. En d'autres termes, les forces de sécurité font leur boulot, mais c'est aux politiciens de faire le leur, c'est-à-dire de consolider l'entente interne pour ne pas permettre aux fauteurs de troubles de se faufiler dans les brèches que constituent les divisions et les polémiques. La source sécuritaire haut placée estime ainsi que les différentes parties politiques ne devraient pas prendre pour prétexte les troubles sécuritaires pour ne pas régler les problèmes en suspens, et ne pas se rendre au Parlement ou au gouvernement afin de traiter les questions sociales et politiques.


La source précitée explique ainsi que les forces de sécurité savent depuis longtemps que les cellules d'el-Qaëda existent au Liban. C'est une guerre de longue haleine qui est menée contre elles. Celles-ci dorment ou se réveillent selon le contexte interne et régional. Ces cellules se font appeler Fateh al-islam, Osbet al-Ansar, Jabhat al-Nosra, Daech, ou encore Hezb al-Tahrir (qui bénéficie au Liban d'une autorisation du ministre de l'Intérieur, donnée à l'époque par Ahmad Fatfat), mais ce sont là des appellations différentes pour une même mouvance, celle d'el-Qaëda. Pour la source sécuritaire, trois éléments favorisent l'activité de ces cellules : les tensions politiques, la crise économique et sociale aiguë et les troubles sécuritaires. Le gouvernement Mikati, que le courant du Futur a fermement combattu, considérant qu'il l'a exclu du pouvoir, a contribué à créer un climat malsain au Liban et en particulier au sein de la communauté sunnite, qui a favorisé la multiplication de ces groupes extrémistes qui ont exploité le sentiment de frustration de la rue sunnite pour se développer. Le courant du Futur a donc laissé faire, car il n'était pas mécontent de laisser le gouvernement Mikati se débattre avec ces groupes incontrôlables, sachant que son combat ne pouvait pas aboutir, puisque l'accusation de s'en prendre aux sunnites était aussitôt brandie. Aujourd'hui, la situation est différente. Avec la formation du gouvernement de Tammam Salam et le fait que les principaux portefeuilles sécuritaires sont entre les mains du courant du Futur et de ses faucons, les groupes affiliés à el-Qaëda ne bénéficient pas d'une couverture officielle et le courant du Futur ne peut pas – et ne veut pas – les protéger. Même les déclarations de certains députés ou ulémas ne peuvent plus entraver la mission des services de sécurité dans leur traque des terroristes. C'est d'ailleurs ce qui est en train de se passer.


La dernière vague d'attentats est donc une tentative de la part de ces groupes de déstabiliser le Liban à la faveur de la percée de Daech en Irak et grâce au fait que certains pays régionaux ont fermé les yeux sur leurs déplacements. Mais leur projet ne peut pas tenir la route, car aucune partie politique ne peut les couvrir, dans le contexte actuel. Ce qui est toutefois requis, ajoute la source sécuritaire précitée, c'est que les parties religieuses assument elles aussi leurs responsabilités. Par exemple, le conflit entre les principaux pôles sunnites et le mufti de la République a favorisé la prise en charge de certaines mosquées par des cheikhs qui ne sont pas dans la ligne modérée de Dar el-Fatwa. En temps normal, Dar el-Fatwa devrait exercer une sorte de surveillance dans les mosquées, non seulement au niveau des prêches des imams, mais aussi sur le plan de l'assistance, car sur les cent personnes qui viennent prier, il y en a peut-être deux ou trois, plus fragiles que les autres, susceptibles d'être enrôlées dans les courants extrémistes. Les autorités religieuses ont donc une grande responsabilité dans ce domaine et celle-ci serait beaucoup plus efficace si l'autorité de Dar el-Fatwa n'était pas remise en question. De même, la classe politique devrait assumer ses responsabilités de manière à faire baisser les tensions et à régler les questions conflictuelles qu'il s'agisse de dossiers sociaux ou politiques. Cela contribuerait énormément à faciliter le travail des services de sécurité, car cela éviterait de développer un environnement favorable à la pensée extrémiste, d'où qu'elle vienne. La montée des extrémismes est donc favorisée par les divisions internes et par les politiques d'exclusion. C'est d'ailleurs un phénomène international, mais les explications ne suffisent pas. Il faut aussi agir et, sur ce plan, tous les Libanais sont concernés...

 

Lire aussi

Après Aïn el-Héloué, des affrontements à Chatila font deux morts et plusieurs blessés

 

Même si les mesures de sécurité sont impressionnantes dans certains quartiers de la capitale, les Libanais ne sauraient pas s'en plaindre, tant cela prouve que les services de sécurité, dans leur diversité, font de leur mieux pour enrayer la menace terroriste. La décision de traquer les terroristes, qu'ils appartiennent à des « cellules dormantes » ou à des groupes en pleine...

commentaires (4)

Les forces de sécurité font bien leur boulot quand les politiciens font eux seuls aussi leurs boulots sans aucun trafic d 'influences .

Sabbagha Antoine

19 h 16, le 01 juillet 2014

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Les forces de sécurité font bien leur boulot quand les politiciens font eux seuls aussi leurs boulots sans aucun trafic d 'influences .

    Sabbagha Antoine

    19 h 16, le 01 juillet 2014

  • Il faut que les politiciens fassent leur boulot, certes, nous ne cessons de le répéter. Mais sans vouloir prendre la défense de ces derniers, il faudrait en premier lieu lever les blocages ! Personne n'est dupe, tout le monde sait que la vacance présidentielle profite au Hezbollah, voilà pourquoi il l'entretient.

    Robert Malek

    16 h 19, le 01 juillet 2014

  • Et vous avez raison cette fois. il faut en effet que les politiciens fassent leur boulot. Vous oubliez cependant que pour ce faire, il faut encore que le Hezbollah et ses amis, aux idéologies que vous défendez avec bec et ongles, arrêtent d’éliminer physiquement tout ceux qui les opposent, acceptent de respecter les lois et la constitution, acceptent de jouer le jeu démocratique sans chercher a imposer leur candidat coûte que coûte en bloquant les institutions de l’état. De ce fait, ils permettront aux autres en face de faire leur boulot. quand a eux, eh bien qu'ils se présentent au parlement pour élire un président etc... ce sera déjà une bonne chose.

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 43, le 01 juillet 2014

  • SI LES FORCES SÉCURITAIRES ET L'ARMÉE FONT PROPREMENT LEUR TRAVAIL... LES POLITICIENS, PAR CONTRE, SONT ATTEINTS D'ABRUTISSEMENT AIGU... IRRÉMÉDIABLE... À MOINS D'UN BON DÉBARRAS ... EN MASSE... LE PAYS EN SOUFFRIRA ÉNORMÉMENT ENCORE ET RISQUE, AVEC LEURS BËTISES, LA DÉSINTÉGRATION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 21, le 01 juillet 2014

Retour en haut