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Campus - Libre cours

Une nouvelle ère pour les sciences humaines ?

Photo prise au cours de la « master class » portant sur la méthodologie de la recherche et de la culture numérique, et qui s’est déroulée à l’USJ les 18 et 19 juin.

« À n'en pas douter, une révolution est en cours. Et cette révolution est globale. Car, parallèlement à la révolution numérique, ou peut-être en partie à cause d'elle, le monde de la recherche se déploie désormais dans un environnement qui dépasse de loin les frontières nationales. Les idées, les publications, maintenant dématérialisées, mais aussi les chercheurs et les étudiants, circulent autour de la planète en flux toujours plus étendus et rapides, et ce quels que soient la discipline ou l'objet d'étude considéré », affirme Marin Dacos, ingénieur de recherche au Centre national de la recherche scientifique, en France (CNRS), fondateur et directeur du Centre pour l'édition électronique ouverte (Cléo), dans son rapport sur les humanités numériques. Étude qu'il a présentée au rectorat de l'Université libanaise (UL) à Beyrouth, le 20 juin, lors du séminaire « Numérique et sciences humaines, un changement d'époque pour les humanités ? ». Cette réunion de spécialistes – qui fait écho à la master class organisée par l'Institut français du Liban en partenariat avec l'AUF, l'Université Paris 3 Sorbonne nouvelle, l'UL, l'USJ et l'USEK – a rassemblé, à l'USJ les 18 et 19 juin, plus de 20 doctorants de l'UL, l'Usek, l'USJ, et d'universités d'Égypte, d'Iran et de Chypre.
« L'objet de cette rencontre était de mettre l'accent sur la dimension collective de la formation et de l'échange au niveau des études doctorales, et de croiser les regards et les expériences : en bref, de mettre en contact et en situation de dialogue de jeunes doctorants en littérature, linguistique, éducation et sciences humaines et sociales, leurs directeurs de recherche qui ont pu se libérer ainsi que des directeurs de recherche extérieurs : linguistes, littéraires, spécialistes de l'éducation et des sciences sociales : sociologie, anthropologie, histoire, philosophie. L'objectif était de réfléchir ensemble aux multiples effets que peut avoir le numérique sur leurs démarches et leurs recherches, et sous quelles conditions, en fonction de la spécificité des projets, il peut être le plus utile », précise Emmanuel Fraisse, professeur de littérature française, vice-président délégué aux relations internationales et européennes, Université Sorbonne nouvelle – Paris 3.

Numérique et enseignement universitaire
Les effets du numérique sont multiples et très diversifiés pour les étudiants, les enseignants et les chercheurs. Un de ses effets, selon Emmanuel Fraisse, est de déplacer l'importance de la mémoire comme base des apprentissages. « Les techniques de mémorisation se trouvent affectées par cette mémoire artificielle, intelligente et constamment disponible, issue de la numérisation », affirme-t-il avant de s'interroger en évoquant la prise de notes lors d'un cours oral : « Quel est l'effet des outils numérisés sur ce mode de rédaction en temps réel, qu'on espère synthétique et favorable à la mémorisation, alors que la numérisation pousse à l'accès aux références et au prélèvement des informations pertinentes plus qu'à la réécriture et à la reformulation d'un discours professoral ? »
Dans l'environnement numérique, que deviennent le texte, l'auteur, le livre, l'œuvre ? La recherche empirique et l'exploitation des corpus peuvent-elles se passer de théorie ? Que change le numérique à la hiérarchie et à l'autorité des sources ? Des questions qu'ont débattues – lors de tables rondes animées par Mathieu Potte-Bonneville, responsable du pôle « idées et savoirs » à l'Institut français Paris et maître de conférences en philosophie à l'École normale supérieure de Lyon – des experts, parmi lesquels Alexandre Grefen, critique littéraire, chargé de recherche au CNRS, et Jean-Marie Fournier, professeur des universités en sciences du langage.
Badia Mazboudi, professeur de lettres modernes françaises et chargée des relations extérieures à l'École doctorale des sciences humaines et sociales de l'Université libanaise, et Jarjoura Hardane, président de l'École doctorale des sciences de l'homme et de la société à l'USJ, ont clôturé le séminaire. Dans son mot prononcé à cette occasion, Badia Mazboudi a appelé les doctorants à « faire attention au plagiat » et à demeurer « vigilants à l'égard de l'authenticité des informations ».

« À n'en pas douter, une révolution est en cours. Et cette révolution est globale. Car, parallèlement à la révolution numérique, ou peut-être en partie à cause d'elle, le monde de la recherche se déploie désormais dans un environnement qui dépasse de loin les frontières nationales. Les idées, les publications, maintenant dématérialisées, mais aussi les chercheurs et les...

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