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Moyen Orient et Monde - Crise

Les insurgés sunnites progressent dans l’Ouest irakien

Kerry appelle à l'unité et exhorte les dirigeants à dépasser les considérations confessionnelles.

Des volontaires de l’armée du Mehdi paradent dans Najaf, ville sainte que Daech a promis d’écraser. Alaa al-Marjani/Reuters

Les insurgés sunnites consolidaient hier leurs positions dans l'Ouest irakien frontalier avec la Syrie au moment où le secrétaire d'État américain John Kerry appelait les dirigeants irakiens à l'unité pour éviter que le pays ne s'enfonce dans le chaos.
Sur le terrain, les insurgés, emmenés par les jihadistes ultraradicaux de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL, Daech), se sont emparés de trois villes de la province occidentale d'al-Anbar : al-Qaïm, Rawa et Aana. Dans ces deux dernières villes, les insurgés ont abattu 21 responsables locaux entre samedi et dimanche, selon des officiers et des médecins. Ces exécutions se sont produites après que l'armée irakienne se fut retirée de ces villes, laissant le champ libre aux insurgés. L'armée a affirmé hier qu'elle s'en était retirée pour des raisons « tactiques » de « redéploiement ».
Après le poste-frontière d'al-Qaïm, Daech a également pris le contrôle du poste-frontière d'al-Walid, a-t-on déclaré de source proche des services de sécurité. Depuis le début de leur offensive le 9 juin, ils ont mis la main sur Mossoul, deuxième ville d'Irak, une grande partie de sa province Ninive, de Tikrit, et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine, Diyala et Kirkouk, et avancent désormais à l'Ouest.
En outre, au moins 17 soldats et auxiliaires de l'armée ont été tués lors de combats contre des hommes de Daech dans le secteur de Saïed Gharib, soit à une cinquantaine de kilomètres au nord de Bagdad, a-t-on appris de sources militaires et médicales. Et un kamikaze portant une ceinture d'explosifs a actionné ses charges à quatre kilomètres de Ramadi lors des obsèques d'un officier tué au combat samedi. Une voiture piégée a explosé quelques minutes plus tard et, au total, ces explosions ont fait six morts et huit blessés, a-t-on déclaré de sources militaires et médicales.
Pour le troisième jour consécutif enfin, des combats ont opposé hier matin les combattants de Daech à des tribus sunnites soutenues par l'Armée de Nakchbandi, composée d'anciens officiers de l'armée, et de partisans du parti Baas et de Saddam Hussein.
Après leur débandade aux premiers jours de l'offensive des insurgés, les troupes gouvernementales tentent de reprendre du terrain. Hier, elles ont mené des raids aériens sur Mossoul et Tikrit. La télévision d'État irakienne a affirmé que cette dernière frappe, visant un groupe d'insurgés, avait tué 40 d'entre eux, tandis que des témoins ont expliqué que sept personnes avaient péri dans cette attaque contre une station-service du centre-ville.
Face à l'offensive fulgurante des insurgés sunnites, les chefs religieux chiites d'Irak ont appelé les citoyens à prendre les armes pour contrer l'avancée de Daech, qui a proclamé son intention de marcher sur Bagdad et les villes saintes chiites de Kerbala et Najaf, au sud de la capitale.

« Débordé sur des pays alliés »
Sur le plan diplomatique, M. Kerry s'est rendu hier au Caire, d'où il a appelé les dirigeants irakiens à dépasser les fractures confessionnelles. L'idéologie de Daech « est une menace non seulement pour l'Irak, mais aussi pour la région tout entière (...). Nous sommes à un moment critique où nous devons exhorter les dirigeants irakiens à dépasser les considérations confessionnelles et à parler à tous », a-t-il lancé.
Les États-Unis, qui ont promis d'envoyer 300 conseillers militaires pour aider l'armée Irakienne tout en excluant les frappes aériennes réclamées par Bagdad, ne ménagent pas leurs critiques contre M. Maliki, qu'ils ont pourtant longtemps soutenu, accusé de mener une politique confessionnelle dans un pays au bord du chaos. « Les États-Unis ne cherchent pas à sélectionner ou choisir quiconque (...). C'est au peuple Irakien de choisir ses dirigeants », mais Washington aimerait le voir « se trouver une direction prête à représenter tout le peuple irakien », a-t-il martelé, estimant que son pays n'était « pas responsable » du fait que l'Irak soit désormais au bord du chaos.
M. Kerry est arrivé en fin de journée à Amman, avant de poursuivre à Bruxelles et Paris sa mission au chevet de l'Irak, que les troupes américaines ont envahi en 2003 avant de s'en retirer en 2011.
Parallèlement, dans une interview diffusée hier, le président américain Barack Obama a mis en garde contre les dangers que l'avancée de Daech représentait pour la stabilité de l'ensemble de la région, estimant qu'ils pouvaient « déborder sur des pays alliés comme la Jordanie ». Selon lui, la population locale irakienne finira par rejeter les extrémistes sunnites « à cause de leur violence et de leur extrémisme ». « Nous avons vu cela de nombreuses fois. Comme par exemple dans la province occidentale d'al-Anbar durant la guerre en Irak où des tribus sunnites se sont soudainement soulevées contre eux à cause de leur idéologie extrémiste », a précisé Barack Obama.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a de son côté averti les États-Unis hier sur une chaîne américaine que toute intervention dans la crise irakienne ne devait pas conduire à un renforcement de l'influence iranienne dans le pays et sur la scène internationale. « Au Moyen-Orient en ce moment, en Irak et en Syrie, nous assistons à la haine violente entre les chiites radicaux, emmenés dans ce cas par l'Iran, et les sunnites radicaux, emmenés par el-Qaëda, Daech et d'autres, a déclaré Benjamin Netanyahu sur la chaîne NBC, en duplex de Jérusalem. Ces deux camps sont les ennemis des États-Unis, et quand vos ennemis se battent entre eux, il ne faut en renforcer aucun, il faut affaiblir les deux. »
Le Premier ministre israélien a estimé qu'il fallait à la fois « prendre les actions nécessaires pour empêcher Daech de prendre le contrôle de l'Irak et ne pas permettre à l'Iran de dominer l'Irak de la façon dont il dominait le Liban et la Syrie ».

(Sources : agences)

Les insurgés sunnites consolidaient hier leurs positions dans l'Ouest irakien frontalier avec la Syrie au moment où le secrétaire d'État américain John Kerry appelait les dirigeants irakiens à l'unité pour éviter que le pays ne s'enfonce dans le chaos.Sur le terrain, les insurgés, emmenés par les jihadistes ultraradicaux de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL, Daech), se sont...

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