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À La Une - Reportage

Les volontaires irakiens se pressent dans les magasins pour s'équiper

Depuis le début de la crise, les ventes matériel paramilitaire ont augmenté de 200%, 300%...

Un jeune Irakien brandissant une arme automatique de la fenêtre d'une voiture à Bagdad. MOHAMMED SAWAF/AFP

Dans le centre de Bagdad, des dizaines de civils parcourent les boutiques de matériel paramilitaire à la recherche des casques, bottes et uniformes dont ils auront besoin pour tenter de combattre l'offensive lancée par des insurgés sunnites.

La plupart repartent seulement avec des tenues de camouflage dans des sacs en plastique, mais quelques-uns se tournent aussi vers le matériel plus cher, comme des gilets multipoches qui ne sont pas forcément pare-balles mais en ont au moins l'air.

A l'appel du grand ayatollah Ali Al-Sistani, le principal chef religieux chiite du pays, des milliers d'Irakiens se sont portés volontaires pour combattre les insurgés sunnites qui se sont déjà emparés de larges pans du territoire dans le nord et l'est.

Pour les vendeurs de matériel paramilitaire, cet afflux de volontaires est une aubaine. "Depuis le début de la crise, les ventes ont augmenté (...) de 200%, 300%" et les prix aussi sont à la hausse, explique Oussama, propriétaire d'une boutique dans le centre de Bagdad. Il vend des uniformes, des bottes, des casques, des gilets pare-balles, mais aussi des crosses ou des visières pour fusils d'assaut, ou encore des insignes militaires.

Auparavant, l'armée et la police étaient ses uniques clients, mais depuis l'offensive des insurgés sunnites, les boutiques vendant du matériel militaire du quartier de Bab al-Sharji à Bagdad voient affluer tout le monde, du jeune homme à celui aux cheveux grisonnants.

"Nous n'avons pas d'expérience militaire, mais si Dieu le veut, nous allons l'acquérir auprès de personnes plus âgées", explique Walid Najm, un jeune homme arborant un chapeau de camouflage et des lunettes de soleil, qui a décidé de s'engager parmi les volontaires. "Je suis barbier, mais j'ai abandonné ce métier parce que le pays a besoin de moi", ajoute-t-il en entrant dans une boutique pour essayer un casque et des lunettes de protection.

"Défendre les innocents"

Hamza Zora, un homme de petite taille à la barbe poivre et sel, tient bien plié l'uniforme de camouflage qu'il vient d'acheter. Lui a passé cinq ans dans l'armée de Saddam Hussein, mais il a choisi de mettre à profit cette expérience pour lutter contre les insurgés, parmi lesquels se trouvent pourtant des partisans de l'ancien dictateur.

Un ami qui l'accompagne, Abbas Sadiq, explique pour sa part vouloir "défendre les innocents", qu'ils soient sunnites, chiites ou chrétiens. Il va s'engager dans les Saraya al-Salam (brigades de la paix, en arabe), une nouvelle force annoncée par le puissant chef chiite Moqtada al-Sadr, et qui devrait inclure des membres de son Armée du Mahdi, officiellement dissoute en 2008.
Abbas Sadiq a déjà acheté son uniforme et son équipement, pour un total de 100.000 à 150.000 dinars irakiens (80 à 125 dollars).

Le quartier de Bab al-Sharji, déjà touché par des attentats, est cerné de fil barbelé et gardé par la police et l'armée. Nerveux, plusieurs des clients et vendeurs refusent d'être filmés. La plupart des boutiques offrent une gamme de produits similaires, mais l'une d'elle propose en plus des insignes des différentes milices chiites issues de l'Armée du Mahdi.
Selon Jabbar Assab, un autre propriétaire de boutique, des milliers d'uniformes militaires ont été vendus ces derniers jours dans le quartier, et la plupart des acheteurs étaient des volontaires.

Mais pour les vendeurs, l'aubaine ne durera que jusqu'à ce que le stock actuel soit écoulé. Les combats qui poussent les civils à vouloir s'équiper bloquent aussi tout nouvel approvisionnement. "Il n'y a aucun moyen d'en importer plus", regrette Jabbar Assad.


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