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Du neuf avec du vieux

Attentat-suicide contre un barrage de police, hier, rumeurs persistantes sur des attaques projetées contre de hauts responsables, tant sécuritaires que politiques, rafles frénétiques dans deux hôtels, quartiers entiers bouclés durant plusieurs heures, commentaires officiels confus ou contradictoires et début de panique au sein de la population... Il faut se rendre à la triste évidence : au seuil de la saison estivale, et alors que commencent à affluer les visiteurs de toutes origines, c'est le terrorisme qui s'invite chez nous.

Mais en réalité, n'y a-t-il pas longtemps déjà que l'immonde bête se sent parfaitement chez elle au Liban ?
Cela fait des années que l'on assassine, dans notre pays, chefs politiques et leaders d'opinion, que les auteurs présumés de ces crimes défient impunément la justice internationale et qu'explosent des voitures piégées près des mosquées ou dans les secteurs populeux. Comme on pouvait s'y attendre, le conflit de Syrie n'a fait qu'aggraver les choses. C'est, allègue-t-il, pour nous protéger tous que le Hezbollah a lancé une guerre préventive contre la terreur islamiste en s'en allant guerroyer aux côtés du sanguinaire régime de Damas : sans cela, les hommes de Daech seraient déjà à Beyrouth, clamait ainsi, il y a trois jours encore, Hassan Nasrallah. Remercions-en donc, pour le coup, une milice qui prétend sauver l'État en se posant en substitut de l'État ; et prédisons-lui, dans la foulée, de nouvelles et glorieuses aventures en Afghanistan, au Yémen ou même, au diable l'avarice, aux Philippines !


Ce n'est pas en s'obstinant dans l'erreur, en s'ingéniant à creuser toujours plus profond les fractures nationales que l'on peut faire front à la terreur importée : le premier de ces points de discorde étant précisément le droit de guerre ou de paix – à l'intérieur autant qu'outre-frontière – que s'est arrogé un parti puissamment armé qui ne fait guère secret, bien au contraire, de ses ascendances iraniennes. Ce n'est pas non plus en paralysant, l'un après l'autre, les rouages de la machine étatique, en bloquant l'élection de tout président qui ne serait pas soumis d'office (lui ou personne) que l'on sauve la République. Or, ce genre de chantage et d'extorsion à main armée n'est qu'une autre forme, tout aussi condamnable, de terrorisme venue se greffer sur nos mœurs politiques : plus grave encore, un terrorisme en voie de banalisation, puisqu'il fait désormais partie intégrante du discours public, même s'il peut parfois dépasser l'entendement. Telle cette incroyable déclaration télévisée du général Michel Aoun qui, fort de sa bienveillante influence sur les agresseurs potentiels – suivez son regard –, a offert la vie sauve à un Saad Hariri barricadé depuis des mois dans sa résidence parisienne, si seulement celui-ci acquiesçait à son accession à la magistrature suprême. Non moins ineptes, au demeurant, sont les mises au point emberlificotées auxquelles a donné lieu l'hallucinante proposition : de quoi regretter vivement, en vérité, ce bon vieux terrorisme que l'on dit intellectuel.

Issa GORAIEB
igor@lorient-lejour.com.lb

Attentat-suicide contre un barrage de police, hier, rumeurs persistantes sur des attaques projetées contre de hauts responsables, tant sécuritaires que politiques, rafles frénétiques dans deux hôtels, quartiers entiers bouclés durant plusieurs heures, commentaires officiels confus ou contradictoires et début de panique au sein de la population... Il faut se rendre à la triste évidence :...