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Moyen Orient et Monde - Terrorisme

Face aux offensives jihadistes en Irak, la nécessité d’une coopération internationale accrue

 « Vu ce qui se passe en Irak, au Nigeria et ailleurs, c'est le moment d'aller casser de l'islamiste sans que personne ne réagisse trop. »

De Syrie, des volontaires internationaux ont renforcé les rangs de Daech, tandis que d’autres rentrent dans leurs pays d’origine après des mois d’endoctrinement et d’entraînement. Handout/AFP

Pour faire face aux offensives jihadistes en cours en Irak, en Afrique et dans la zone pakistano-afghane, la coopération internationale doit être accrue, estiment officiels et analystes.
L'attaque lancée contre de grandes villes irakiennes par les combattants de Daech (État islamique en Irak et au Levant – EIIL), l'attentat commis au musée juif de Bruxelles par un jeune Français récemment revenu de Syrie ou l'enlèvement au Nigeria de plus de 200 jeunes filles par le groupe islamiste armé Boko Haram démontrent cette nécessité, d'après eux.


Au Pakistan, l'armée a lancé un important assaut contre la zone tribale du Waziristan du Nord, et les sanctuaires des talibans et de leurs alliés étrangers d'el-Qaëda ; au Yémen, les autorités assurent avoir tué 500 jihadistes liés au réseau fondé par Oussama Ben Laden depuis la fin avril, et en Europe occidentale, les arrestations de jeunes gens rentrant de séjours en Syrie et les démantèlements de filières destinées à en envoyer d'autres se multiplient. « Je ne pense pas qu'on puisse pour l'instant parler de coordination et d'une vaste offensive antijihad au niveau international », confie Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité à la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), « mais ce qui est certain, c'est que, par exemple, l'armée pakistanaise y va franco dans les zones tribales parce qu'elle a compris que le climat était bon pour elle. Vu ce qui se passe en Irak, au Nigeria et ailleurs, c'est le moment d'aller casser de l'islamiste sans que personne ne réagisse trop ».

 

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S'adressant fin mai à la promotion sortant de l'académie militaire de West Point, le président Barack Obama a de son côté annoncé la création d'un fonds de 5 milliards de dollars pour financer la lutte contre le terrorisme, citant notamment les financements de l'entraînement de l'armée yéménite, de la force multinationale en Somalie, de la formation des forces de sécurité libyennes ou des opérations militaires françaises au Mali. « La nécessité d'une nouvelle stratégie reflète le fait que la première menace ne provient plus d'une direction centralisée d'el-Qaëda, a déclaré le président Obama. Elle provient plutôt de mouvements qui lui sont affiliés ou d'extrémistes, avec des objectifs locaux. »

 

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Arsenal juridique
Tous les experts s'accordent en effet à dire que l'Égyptien Ayman el-Zawahiri, qui a succédé à Oussama Ben Laden à la tête de l'organisation, n'exerce plus au mieux qu'une sorte de magistère moral sur la mouvance jihadiste internationale, qu'il tente d'entretenir par de longues diatribes diffusées sur Internet. Mais son leadership est de plus en plus contesté par la jeune génération, qui voit dans Abou Bakr al-Baghdadi, chef de Daech qui refuse de faire allégeance à el-Zawahiri, un dirigeant autrement plus efficace et redouté. Parce que les jihadistes, aguerris par des années de lutte ou apprentis venus du monde entier, s'y rassemblent par milliers, la Syrie est devenue le nouveau centre du jihad international. De là, des volontaires internationaux ont renforcé les rangs des légions de Daech qui menacent Bagdad, tandis que d'autres, grâce à leurs passeports occidentaux, rentrent dans leurs pays d'origine après des mois d'endoctrinement et d'entraînement. « Il y a des camps d'el-Qaëda en Irak et en Syrie qui sont utilisés pour doter ses membres de capacités utilisables à la fois sur ces théâtres et au-delà, a récemment assuré le directeur de la CIA, John Brennan. Le fait qu'ils se servent de la Syrie comme d'une rampe de lancement nous inquiète. »

 

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Pour Jean-Pierre Filiu, professeur en études moyen-orientales à Sciences po, c'est en Syrie que devrait avoir lieu une intervention internationale dont il affirme « l'impérieuse nécessité ». « Une intervention envisagée au nom de la prévention des crimes contre l'humanité perpétrés par le régime Assad en Syrie cédera bientôt la place à une intervention pour éviter à la région et au monde une catastrophe du type 11-Septembre, indique-t-il. Car (Daech) est devenu la principale menace à la sécurité du Moyen-Orient et appellera une réponse internationale à la mesure de ce défi. » « Nous allons avoir tout un tas de jeunes Européens qui rentrent de Syrie après s'être fait étriller ou maltraiter par les islamistes locaux, poursuit Alain Chouet. Ils rentrent avec l'aura du jihadiste et un besoin de vengeance et d'affirmation. » En France, en Espagne, en Allemagne, des jihadistes de retour de Syrie ont été arrêtés, et des filières destinées à les y envoyer démantelées. Partout, les services de sécurité se mobilisent. « Mais là, on retombe sur le problème de leur surveillance, ajoute Alain Chouet. Nous n'avons ni les moyens humains ni l'arsenal juridique nécessaire. »

 

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