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Moyen Orient et Monde - Conflit

L’Irak demande « officiellement » l’aide des USA

Bataille à la principale raffinerie du pays ; Rohani « fera tout » pour protéger les lieux saints chiites.

À Najaf, de nombreuses Irakiennes se sont armées, se portant volontaires pour combattre les insurgés sunnites. Haïdar Hamdani/AFP

Le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, a annoncé hier que Bagdad avait « officiellement » demandé aux États-Unis de mener des frappes aériennes contre les jihadistes qui mènent une offensive fulgurante dans son pays, après des consultations interarabes sur la situation en Irak en marge d'une réunion ministérielle de l'Organisation de la coopération islamique (OCI).


« Bagdad est infranchissable », a aussi assuré hier M. Zebari, tout en admettant que « la situation reste très grave ». « L'option militaire est insuffisante et nous convenons de la nécessité de parvenir à des solutions politiques radicales », a-t-il ajouté, citant notamment « la formation d'un nouveau gouvernement, représentatif de tous, sans distinction ni marginalisation ». Il adhère ainsi implicitement à des appels lancés en ce sens par certaines monarchies du Golfe, dont les Émirats arabes unis, qui ont rappelé hier leur ambassadeur à Bagdad, et l'Arabie saoudite, qui ont dénoncé la politique « d'exclusion » de la minorité sunnite en Irak, dirigé par la majorité chiite. Mais M. Zebari, qui a été reçu hier par le numéro trois du régime saoudien, le prince Moqren ben Abdel Aziz, a appelé au « soutien des pays arabes et du monde pour contrer l'offensive » de Daech (État islamique en Irak et au Levant – EIIL) car « le risque d'un démembrement de l'Irak existe ». Dans le même temps, le ministre irakien a dit avoir demandé aux dirigeants saoudiens de faire « cesser les campagnes médiatiques d'incitation (...) d'autant que certaines fatwas (de religieux saoudiens) présentent ce qui se passe en Irak comme une révolution ».


En attendant, le président américain Barack Obama évalue depuis la semaine dernière les options militaires et autres à sa disposition pour aider le gouvernement irakien face à l'offensive des combattants jihadistes de Daech. La Maison-Blanche a d'ailleurs indiqué hier que le président Obama n'exclut aucune option à l'exception des troupes au sol.

 

(Analyse : Face aux offensives jihadistes, la nécessité d’une coopération internationale accrue)

 

« Face au terrorisme »
Un peu plus tôt dans la journée, le Premier ministre Nouri el-Maliki a affirmé que les forces gouvernementales tentaient désormais de stopper l'avancée des jihadistes, après leur déroute aux premiers jours de l'offensive lancée le 9 juin. « Nous ferons face au terrorisme et mettrons en échec le complot », a assuré dans un discours télévisé M. Maliki, jugeant qu' « un revers n'est pas une défaite ».


Sur le terrain, les insurgés de Daech ont lancé un assaut contre la raffinerie de Baïji, à 200 km au nord de Bagdad, selon le porte-parole des forces armées. Mais les forces gouvernementales leur faisaient face et les combats ont tué 40 insurgés, selon le général Qassem Atta, porte-parole de M. Maliki sur la sécurité. « L'attaque contre la principale raffinerie de Baïji peut constituer une source de pétrole pour (Daech) (...) Mais elle ne fournit pas de pétrole hors d'Irak et l'impact de l'attaque est probablement moindre que ce que l'on craint », estime Rebecca O'Keeffe, de la maison de courtage Interactive Investor.

 

(Lire aussi: L’Irak est-il en train de payer les erreurs de Maliki ?)


Les jihadistes se sont également emparés de trois villages de la province de Salaheddine hier.
Dans la province de Ninive, une quarantaine de ressortissants indiens travaillant sur des chantiers de construction ont été enlevés dans la région de Mossoul, où 80 ressortissants turcs sont retenus par les jihadistes depuis la semaine dernière, selon le ministère irakien des Affaires étrangères.
Tentant de reprendre l'initiative, les forces armées ont annoncé leur intention de reconquérir totalement « dans les prochaines heures » la ville-clé chiite de Tal Afar dans le Nord-Ouest, contrôlée en partie par les insurgés, avant de se diriger vers Mossoul. Tal Afar se trouve à une centaine de km de la frontière syrienne, alors que Daech aspire à créer un État islamique dans la zone frontalière.


Par ailleurs, le président iranien Hassan Rohani a prévenu hier que l'Iran « fera tout » pour protéger les lieux saints de l'islam chiite en Irak face à la menace des jihadistes. Il a cité les quatre villes irakiennes qui abritent les mausolées des imams chiites : Kerbala, Najaf, Kazimiyah et Samarra où des centaines de milliers d'Iraniens se rendent chaque année en pèlerinage.

 

(Eclairage : L'armée irakienne minée par une corruption endémique)


Dans ce contexte, la région autonome du Kurdistan irakien a formé un nouveau gouvernement hier après des mois de disputes sur la distribution des portefeuilles, le Premier ministre Nechirvan Barzani lançant à cette occasion un appel à défendre les territoires disputés du nord de l'Irak. La répartition des ministères n'a pas été dans l'immédiat clairement indiquée, mais le gouvernement inclut le parti Goran, auparavant dans l'opposition.

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