La cathédrale Saintes-Olya-et-Elizabeth à Lviv.
« Un jour, la petite Galichina va sauver la grande Ukraine. » Je me souviens régulièrement de ces mots prononcés par le grand écrivain et ethnographe ukrainien Panteleymon Kulish, spécialement en ces moments où l'Ukraine est en flammes et en pleurs. La guerre tue tous les jours dans l'est du pays, alors qu'à Galichina, dans l'ouest de l'Ukraine, règnent encore le calme et la paix.
Cette région diffère des autres en plusieurs points. Sur le plan religieux, elle abrite cinq millions de grecs-catholiques, répartis sur 3 000 paroisses, ce rite étant établi depuis le XVIe siècle alors que l'Ukraine faisait partie de l'État catholique polono-lituanien. Cette communauté a enduré les persécutions lors de la période soviétique qui a vu les églises s'établir sous terre ou tomber dans l'oubli, avant d'être réhabilitées en 1990, après une rencontre historique entre le président Mikhaïl Gorbachev et le pape Jean-Paul II.
Mon église favorite à Lviv est la cathédrale Saintes-Olya-et-Elizabeth, un majestueux édifice au style néogothique, construite en 1901 en l'honneur d'Elizabeth Ginsburg, femme de l'empereur austro-hongrois Franz Ier, et rendue aux grecs-catholiques en 1991. J'y vais prier régulièrement, et récemment j'ai été très surprise d'y voir une image à laquelle je suis accoutumée, puisque je me rends souvent en tant que journaliste au Liban : celle de saint Charbel. Il y avait des icônes et un livre intitulé : Toucher les miracles : le phénomène saint Charbel. Comment cette dévotion est-elle venue du Liban jusqu'en Ukraine ? J'achetai le livre et voilà ce que j'appris sur l'émergence, dans la lointaine Ukraine, de la dévotion pour saint Charbel.
Une fois, un magazine médical publia en Biélorussie, État voisin de la Russie et de l'Ukraine, un portrait de saint Charbel accompagné de cette phrase : « Regardez-le, il vous aidera. » Très vite, la rédaction du magazine reçut un grand nombre de lettres de remerciements de personnes dont la santé avait été retrouvée grâce à ce portrait. Après cela, en Russie, un livre fut publié sous le titre : Le phénomène saint Charbel et plusieurs autres éditions ont été tirées à la demande croissante du public.
Suite à ce grand intérêt manifesté pour le saint libanais dans toute l'ancienne Union soviétique, des journalistes décidèrent d'entrer en contact avec le monastère libanais où saint Charbel s'était dédié à Dieu. Très vite, une délégation de journalistes, dirigée par l'écrivain journaliste Anatoly Bayukansky, fut invitée par le prêtre libanais Jean Valde à Annaya. Suite à la nouvelle du voyage de ce groupe de journalistes au Liban, le magazine reçut plus d'une centaine de lettres de lecteurs accompagnées de photos de leurs parents malades demandant l'intercession de saint Charbel pour leur guérison.
Les journalistes rencontrèrent au Liban la miraculée Nouhad, qui leur raconta sa guérison. C'est ainsi qu'aujourd'hui, des milliers de personnes vivant dans l'ancienne Union soviétique vénèrent saint Charbel. Le saint libanais est entré dans la vie non seulement des catholiques, mais également des orthodoxes, et il est devenu comme natif de cette région du monde. Et nous espérons fortement qu'à travers nos prières, saint Charbel, auquel le Vatican accorde une attention privilégiée, sauvera l'Ukraine.
Anna CHUYEVA