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Moyen Orient et Monde - violences

Les États-Unis obligés de se souvenir de l’Irak

Les peshmergas kurdes se déploient et prennent le contrôle de Kirkouk.

Les jihadistes de Daech, qui se trouvaient à 90 km de Bagdad, ont appelé hier les sunnites à avancer sur la capitale. Handout/AFP

Les combattants jihadistes de Daech (État islamique en Irak et au Levant – EIIL) avançaient hier vers la capitale Bagdad après s'être emparés depuis mardi de la deuxième ville d'Irak, Mossoul, de sa province Ninive, et de régions des provinces voisines de Kirkouk et Salaheddine.

Dans un enregistrement sonore mercredi, l'un des dirigeants de Daech, Abou Mohammad al-Adnani, avait appelé les insurgés à « marcher sur Bagdad ». Hier, ils étaient à 90 km au nord de la capitale, après s'être emparés de Dhoulouiya, selon un policier et des habitants. À Bagdad même, l'appréhension régnait. Des sociétés américaines travaillant pour le gouvernement ont ainsi évacué leurs employés. Daech a par ailleurs revendiqué sur Twitter les attentats antichiites qui ont fait mercredi plus de 30 morts à Bagdad et annoncé une nouvelle vague d'attaques. Des insurgés se sont en outre emparés de deux secteurs de la province de Diyala, au nord-est de Bagdad, après le retrait des forces de sécurité, selon des officiers.

 

(Reportage : « Nous vivons sous le choc et dans la peur, une peur que nous n'avions plus connue depuis 2003 »)

 

Outre des territoires du Nord, Daech, considéré comme l'un des groupes « les plus dangereux au monde » par Washington, contrôle déjà des régions de la province occidentale d'al-Anbar depuis janvier. À Mossoul, les jihadistes continuaient de détenir une cinquantaine de citoyens turcs pris en otages au consulat, de même que 31 chauffeurs turcs, et dont Ankara négocie la libération. Environ un demi-million d'habitants de Mossoul ont fui leurs foyers, craignant pour leur vie. À Londres, le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari a admis que les forces de sécurité s'étaient « effondrées » à Mossoul. Mais maintenant, « nous essayons (...) de bouter ces terroristes hors de nos villes principales », a-t-il indiqué. L'armée a d'ailleurs lancé des raids aériens sur Tikrit, le chef-lieu de Salaheddine tombé mercredi entre les mains des jihadistes, selon des témoins.

« Toutes les tribus »
Face à la débandade de l'armée, que les autorités ne sont d'ailleurs pas parvenues à réellement reconstruire après la dissolution de celle de Saddam Hussein en 2003, le Premier ministre Nouri al-Maliki a appelé « toutes les tribus à former des unités de volontaires » pour combattre avec ses forces les insurgés. Illustrant la crise politique qui paralyse le pays depuis des mois, la session du Parlement qui devait se réunir pour décréter l'état d'urgence a été annulée faute de quorum.

 

(Lire aussi: Pendant que Zawahiri se cache, Baghdadi poursuit son ascension)



Craignant un assaut contre Kirkouk, les forces kurdes en ont profité pour prendre le contrôle total de cette ville pétrolière que se disputent depuis des années la région autonome du Kurdistan et le gouvernement central. C'est la première fois que les forces kurdes, ou peshmergas, contrôlent totalement cette ville pluriethnique où la sécurité est habituellement assurée par une force de police conjointe formée d'éléments arabes, kurdes et turcomans. En plus de Kirkouk, elles ont pris le contrôle des autres territoires disputés avec Bagdad, selon un responsable des peshmergas.

Toujours dans cette province, le ministre kurde chargé des Peshmergas, Jaafar Moustafa, a échappé à un attentat qui a fait un mort, et un photographe a été tué dans des combats entre peshmergas et jihadistes.
Daech, qui compte de nombreux combattants étrangers selon des analystes, reçoit l'appui de tribus antigouvernementales et jouit d'un certain soutien parmi la minorité sunnite qui s'estime marginalisée et persécutée par le pouvoir chiite. Selon Riad Kahwaji, directeur de l'Institute for Near East and Gulf Military Analysis, au moins 10 000 à 15 000 jihadistes sont présents dans le nord de l'Irak. Daech s'est infiltré, via la frontière très poreuse, en Syrie où il tient de larges secteurs de la province de Deir ez-Zor. Il y combat aujourd'hui d'autres groupes rebelles qui l'accusent de multiples exactions.

 

(Lire aussi: En Irak, les jihadistes se rapprochent de leur objectif : la création d'un État islamique)

 

Dans ce contexte d'escalade, les prix du pétrole coté à New York ont bondi de plus de deux dollars, dans le sillage des cours du Brent.

Le flou de Rohani
Face à la tourmente dans laquelle est plongé l'Irak, le président américain Barack Obama a affirmé que son équipe de sécurité nationale étudiait « toutes les options ». « Nous travaillons sans relâche pour identifier comment (...) fournir l'aide la plus efficace (aux autorités irakiennes). Je n'exclus rien », a-t-il ajouté, sans autres précisions. Si la Maison-Blanche a réaffirmé que l'envoi de troupes au sol n'était pas envisagé, un responsable américain a fait état de possibles frappes menées par des drones.

De son côté, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné hier tous les actes de terrorisme commis en Irak et appelé à un dialogue urgent dans le pays entre toutes les parties. Les 15 membres du Conseil ont tenu durant deux heures des consultations à huis clos à New York, au cours desquelles ils ont notamment entendu un état des lieux de la situation par l'envoyé spécial des Nations unies en Irak, Nickolay Mladenov, s'exprimant par vidéoconférence.

 

(Lire aussi : Avancée de Daech en Irak : quelles répercussions au Liban ?)

 

À l'issue de la réunion, le Conseil a exprimé son soutien unanime au gouvernement et au peuple irakiens dans leur lutte contre les combattants jihadistes. L'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine, qui assure la présidence tournante du Conseil, a estimé « qu'il s'agissait d'une occasion exceptionnelle pour prendre un nouveau départ en lançant un dialogue national ouvert et en réglant la multitude de questions » sur la table. Le Conseil de sécurité a également pressé le gouvernement irakien et la communauté internationale d'aider la mission de l'ONU sur place pour répondre à la crise humanitaire.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a quant à lui estimé hier que l'avancée des rebelles islamistes en Irak menaçait l'intégrité du pays et illustrait l'échec « total » de l'intervention américaine et britannique dans ce pays. « Nous avons averti depuis longtemps que l'aventure lancée par les Américains et les Anglais finirait mal », a-t-il encore déclaré, ajoutant que Moscou ne se réjouissait pas « aujourd'hui que nos pronostics se sont avérés », a-t-il affirmé. Son homologue français Laurent Fabius a estimé, lui, que Daech représente une « menace sérieuse » pour la région.

Enfin, le président iranien Hassan Rohani a affirmé hier que l'Iran « luttera contre la violence et le terrorisme » des rebelles jihadistes sunnites, sans plus de précisions. Les rebelles « se considèrent comme des musulmans et appellent leur combat la guerre sainte », a affirmé le président iranien, dénonçant les « actes sauvages » contre la population perpétrés par « un groupe extrémiste et terroriste ». Il s'en est également pris, sans les nommer, aux soutiens des rebelles, qui selon lui « plantent les graines de la violence avec de mauvaises théories ».

 

 

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Les combattants jihadistes de Daech (État islamique en Irak et au Levant – EIIL) avançaient hier vers la capitale Bagdad après s'être emparés depuis mardi de la deuxième ville d'Irak, Mossoul, de sa province Ninive, et de régions des provinces voisines de Kirkouk et Salaheddine.Dans un enregistrement sonore mercredi, l'un des dirigeants de Daech, Abou Mohammad al-Adnani, avait appelé...

commentaires (3)

On dit que l'homme a la mémoire courte et c'est ce qui fait que très vite il se dédouane de ses responsabilités . Remettons nous dans le contexte de 2001 , lorsque bush parlait d'envahir l'Irak et de chasser saddam sur des mensonges énormes , très peu étaient ceux qui condamnent en ce moment cette intervention , elle avait l'unanimité des pays sunnites , qui aujourd'hui le lui reprochent. Que s'est il passé entre temps ? une leçon que les résistances ont donné à l'Amérique en refusant de se défaire d'un de ses leader ? c'est ça qui leur donne la force de réagir face à leur ( ex ??? ) maître ? c'est pas avec l'avancée des terroristes délurés sur Baghdad qui redonnera plus de plomb à leur cervelle endommagéé , je parles des takfiristes , alors publiez moi svp !

FRIK-A-FRAK

12 h 43, le 13 juin 2014

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Commentaires (3)

  • On dit que l'homme a la mémoire courte et c'est ce qui fait que très vite il se dédouane de ses responsabilités . Remettons nous dans le contexte de 2001 , lorsque bush parlait d'envahir l'Irak et de chasser saddam sur des mensonges énormes , très peu étaient ceux qui condamnent en ce moment cette intervention , elle avait l'unanimité des pays sunnites , qui aujourd'hui le lui reprochent. Que s'est il passé entre temps ? une leçon que les résistances ont donné à l'Amérique en refusant de se défaire d'un de ses leader ? c'est ça qui leur donne la force de réagir face à leur ( ex ??? ) maître ? c'est pas avec l'avancée des terroristes délurés sur Baghdad qui redonnera plus de plomb à leur cervelle endommagéé , je parles des takfiristes , alors publiez moi svp !

    FRIK-A-FRAK

    12 h 43, le 13 juin 2014

  • Après le printemps arabe ...voilà déjà l'hiver..., Vivaldi n'aurait jamais put envisager une année avec 2 saisons....!

    M.V.

    09 h 09, le 13 juin 2014

  • "Les Etats-Unis obligés de se souvenir de l'Irak" ? Les Etats-Unis obligés de se souvenir de tant de sottises, de tant de bavures, de tant de merdes qu'ils ont faites en Irak. Il faut espérer qu'ils se souviennent également de leurs sottises, de leurs bavures et de leurs merdes en Syrie, et là en ne faisant rien du tout.

    Halim Abou Chacra

    05 h 47, le 13 juin 2014

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