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Liban - Éclairage

Au lieu du dialogue attendu, un nouvel épisode de la confrontation entre l’Iran et l’Arabie

Les échos des dramatiques développements en Irak sont arrivés jusqu'à la salle de réunion du Conseil des ministres au Sérail. Pour la première fois depuis trois semaines, les discussions n'ont pas porté sur l'élection présidentielle et la façon de gérer la vacance à la tête de la République, mais sur l'avancée de l'État islamique en Irak et au Levant (Daech) dans plusieurs provinces irakiennes, notamment celles qui se trouvent à la frontière avec la Syrie et à la lisière du « mini-État kurde ».

Le Premier ministre et les ministres semblent prendre très au sérieux ces développements tout en craignant leurs répercussions en Syrie et donc aussi au Liban. D'où la nécessité, selon eux, de consolider l'entente interne pour préserver la stabilité dans le pays. L'heure est donc grave et les ministres sont arrivés à la conclusion suivante : les développements en Irak montrent en tout cas une chose certaine, c'est que le sang va de nouveau couler à flots dans ce pays, mais aussi probablement en Syrie. L'essentiel étant de l'empêcher d'en faire de même au Liban.

 

(Lire aussi: Le gouvernement continue de réfléchir sur sa « méthodologie de travail »)


Des sources ministérielles font d'ailleurs le lien entre ces développements et les tentatives inlassables jusqu'à la dernière minute avant l'expiration du mandat du président Michel Sleiman de proroger son mandat d'au moins six mois. Hassan Nasrallah avait brièvement évoqué cela dans son discours du 25 mai et les informations se sont depuis précisées. Apparemment, une offre a été faite le 24 mai au général Michel Aoun d'accepter une prorogation de six mois du mandat de Michel Sleiman en contrepartie de garanties pour son élection après cette période et d'autres points qui sont censés le satisfaire et le rassurer. Mais craignant un piège, le général Aoun et ses alliés du 8 Mars ont rejeté l'offre, convaincus que si les intentions sont sincères, pourquoi ne pas l'élire le jour même et devoir attendre six mois ? Aujourd'hui, les sources ministérielles précitées pensent que les développements en Irak étaient le chaînon manquant et qu'en réalité, il s'agissait de maintenir le président Sleiman en fonctions au moment de la riposte à la contre-attaque de Daech en Irak, qui est en train de redistribuer toutes les cartes dans la région.

 

(Lire aussi: Sleiman à « L’Orient-Le Jour » : J’ai quitté Baabda la conscience tranquille)

 


Les sources ministérielles précitées, qui affirment que les Saoudiens étaient les plus enthousiastes pour la prorogation du mandat de Michel Sleiman, sont aussi convaincues que ces derniers appuient, directement ou non, l'initiative de Daech, soigneusement préparée depuis quelque temps déjà, en riposte aux résultats des dernières élections législatives irakiennes qui ont abouti à une victoire éclatante de Nouri al-Maliki, au rapprochement qui se confirme de plus en plus entre l'Iran et l'Occident et à l'élection présidentielle en Syrie qui a, d'une manière ou d'une autre, conforté le pouvoir de Bachar el-Assad. La reconnaissance quasi acquise par l'Occident du rôle de l'Iran en tant que puissance régionale irrite les dirigeants saoudiens au plus haut point. D'autant que cette reconnaissance rejaillit même indirectement sur les alliés de Téhéran, notamment l'Irak de Nouri al-Maliki, la Syrie de Bachar el-Assad et le Hezbollah au Liban.

 

(Lire aussi : Avancée de Daech en Irak : quelles répercussions au Liban ?)



Le dernier discours du secrétaire général du Hezbollah (prononcé vendredi dernier) avait d'ailleurs, aux yeux de ses adversaires au Liban et dans le monde arabe, des accents de victoire jugés insupportables. Non seulement Nasrallah avait affirmé que toute solution en Syrie exige désormais un dialogue avec le président Assad, mais il a aussi conseillé aux différentes parties libanaises de ne pas trop miser sur un éventuel dialogue entre l'Iran et l'Arabie saoudite car, selon lui, il n'y a rien de précis pour l'instant... De fait, et en dépit de l'invitation lancée par l'émir Séoud al-Fayçal à son homologue Mohammad Jawad Zarif, les Iraniens ont refusé de participer à la réunion arabo-islamique qui doit se tenir à Djeddah le 16 juin, sous prétexte d'un agenda surchargé.

Les sources ministérielles précitées estiment ainsi que les développements graves qui se déroulent actuellement en Irak ne sont qu'un nouvel épisode de la confrontation régionale qui se déroule entre le royaume wahhabite et la République islamique d'Iran et qui risque d'embraser tout le Moyen-Orient dans un conflit meurtrier entre les sunnites et les chiites. Que l'Iran prenne, comme le pensent certains, la tête de la lutte contre « le nouveau terrorisme à visage daechiste », ou que les États-Unis, qui ont encore quelque 50 000 hommes en Irak, interviennent aux côtés du régime irakien, ou encore que la guerre civile batte son plein, cela signifie de toute façon que la région va vivre une nouvelle ère sanglante, dont il faut à tout prix protéger le Liban. Comment ? C'est la question qui reste sans réponse. Et au train où vont les choses, elle le restera encore pendant quelque temps...

 

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commentaires (3)

Ce qui , malheureusement semble être oublié , c'est que l'Irak a été envahi par les amerlocks , avec une complicité des monarchies sunnites qui ont contribué à chasser Saddam , en Syrie la majorité du peuple à refuser d'en faire autant , et les alliés de Bashar ont eu les moyens de renverser la vapeur vis à vis des comploteurs . Alors qu'on ne se perde pas dans une histoire de guerre sunnite/chiite ! Les salafistes binsaouds se voyant battus partout où un conflit s'installait ont réagi avec la complicité des israéliens , et non plus des amerlocks , parce que les sionistes ont encore des capacités de nuire dans les décisions aux us , ceci redistribue les cartes certes , mais l'alliance "objective" des us de bush qui ont foiré en Irak et celle des iraniens sur le sol irakien cette fois ci va donner un résultat qui finira par chasser cette famille saoudienne du pouvoir, parce qu'elle est nuisible , nocive néfaste et en fin de parcours ! Retenons nous de toute jubilation , les résistants ne sont pas arrivés au bout de leur capacité de combattre , eux !

FRIK-A-FRAK

12 h 23, le 13 juin 2014

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Commentaires (3)

  • Ce qui , malheureusement semble être oublié , c'est que l'Irak a été envahi par les amerlocks , avec une complicité des monarchies sunnites qui ont contribué à chasser Saddam , en Syrie la majorité du peuple à refuser d'en faire autant , et les alliés de Bashar ont eu les moyens de renverser la vapeur vis à vis des comploteurs . Alors qu'on ne se perde pas dans une histoire de guerre sunnite/chiite ! Les salafistes binsaouds se voyant battus partout où un conflit s'installait ont réagi avec la complicité des israéliens , et non plus des amerlocks , parce que les sionistes ont encore des capacités de nuire dans les décisions aux us , ceci redistribue les cartes certes , mais l'alliance "objective" des us de bush qui ont foiré en Irak et celle des iraniens sur le sol irakien cette fois ci va donner un résultat qui finira par chasser cette famille saoudienne du pouvoir, parce qu'elle est nuisible , nocive néfaste et en fin de parcours ! Retenons nous de toute jubilation , les résistants ne sont pas arrivés au bout de leur capacité de combattre , eux !

    FRIK-A-FRAK

    12 h 23, le 13 juin 2014

  • Nous n'allons pas entrer dans une polémique stérile, attribut de cet article, vue les énormes contradictions a les comparer avec vos précédentes analyses, mais nous allons parler d’éthique. Vous dites: "les développements en Irak montrent en tout cas une chose certaine, c'est que le sang va de nouveau couler à flots dans ce pays, ... ". Franchement, depuis plus de 65 ans en Palestine, plus de 40 ans au Liban, plus de 20 ans en Irak et plus de trois ans en Syrie, ce qui y coule c'est quoi pour vous? De l'eau? Du jus? Du vin? C'est quoi? Peut être du Pétrole, de l’alcool ou du Gaz? Vous pensez honnêtement que les massacres de Saddam, Khomeini & Bachar n'ont fait couler que du lait et du miel? Alors que ce fut du sang et du fiel!? Lorsque les peuples se révoltent a cause de telles actions extrémistes que sont la torture, les meurtres et l'oppression, nous nous retrouvons confronter a pire. Si nous voulons sauver le Liban, il faut alors s’éloigner de ces idéologies stupides qui ne sont pas pour nous et vraiment agir en pays neutre et sans partis pris. Ce n'est pas le cas de vos idoles qui nous ont montre l’étendue de leurs incapacités et incompétences.

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 48, le 13 juin 2014

  • FAUT JAMAIS CRIER "VICTOIRE" NI RIRE AUX PETITS SUCCÈS... CAR RIRA BIEN... QUI RIRA LE DERNIER. QUI EST CE DERNIER ? PERSONNE NE PEUT LE PRÉVOIR ENCORE ! L'ENJEU ÉTANT : LES CHOCS DES GRANDS INTÉRETS INTERNATIONAUX AVANT RÉGIONAUX... ALLAH YISTOR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 32, le 13 juin 2014

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