Les jihadistes de l'État Islamique en Irak et au Levant (EIIL, Daech) ont capturé Mossoul, la deuxième ville d'Irak, Tikrit et d'autres secteurs du nord du pays, dont la province de Ninive, Kirkouk et Salaheddine. Des avancées leur permettant de se rapprocher un peu plus de leur objectif : créer un État islamique dans la zone frontalière entre la Syrie et l'Irak, estiment des analystes.
« La perte de Ninive crée un corridor rebelle entre Anbar, Mossoul et la frontière syrienne, facilitant l'acheminement d'armes, de financements et de combattants sur les différents fronts », note John Drake, un analyste de sécurité du groupe AKE. La province d'Anbar, au sud de Ninive et frontalière de la Syrie, est un autre territoire partiellement contrôlé par des combattants antigouvernementaux, alors que des jihadistes se sont emparés d'importantes zones dans l'Est syrien. « Daech a toujours voulu contrôler un territoire et y créer un émirat islamique où il impose la charia, établit des camps d'entraînement et planifie des attaques pour poursuivre la bataille », ajoute M. Drake. « La guerre civile en Syrie a donné aux insurgés la chance d'obtenir un tel territoire. Et leur succès est de nature à enhardir leurs partisans, qui voient qu'il est possible de réaliser leur objectif » : un État islamique, précise l'analyste.
Daech, le groupe le plus radical en Irak, est en effet également très actif en Syrie où il a lancé en avril une offensive dans la province de Deir ez-Zor, frontalière de Ninive, pour y instaurer un État islamique. En revendiquant la prise de Mossoul, Daech a averti qu'il « n'arrêterait pas cette série d'invasions bénies ».
« Les groupe armés cherchent à créer un État islamique », incluant Mossoul, les provinces de Salaheddine, Diyala et Anbar, outre celles de Deir ez-Zor et de Raqqa en Syrie, indique Aziz Jabr, professeur de sciences politiques à l'université d'al-Mustansiriyah à Bagdad. Pour lui, « la chute d'une province comme celle de Ninive constitue une menace très sérieuse pour la sécurité nationale de l'Irak ».
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En effet, Daech a diffusé hier sur Internet des photos de jihadistes aplanissant au bulldozer un mur de sable entre la Syrie et l'Irak, symbolisant son objectif d'unifier ses forces dans les deux pays.
Succès « impensables il y a deux ans »
Michael Knights, un chercheur de l'Institute for Near East Policy de Washington, relève que les jihadistes cherchent à « disposer d'une zone libérée en Irak, à l'instar de Raqqa en Syrie ». « Mais la situation a changé maintenant avec des opérations plus ambitieuses pour conquérir plus de territoires : c'est une tactique risquée mais qui donne des résultats. La conquête de Mossoul pourrait augurer d'une nouvelle offensive de Daech », prévient-il.
Notant que les récentes opérations de Daech témoignent de la force du groupe, il a ajouté que ses derniers succès « étaient impensables il y a deux ans ». « Mais désormais, ils sont capables de lancer de nombreuses opérations quasi-simultanées à travers l'Irak. » « Daech a montré sa capacité à surmonter les obstacles pour s'emparer de Mossoul », a-t-il dit.
Les forces de sécurité n'ont pas réussi à reprendre Falloujah et une partie de la ville de Ramadi, chef-lieu d'Anbar, contrôlées depuis le début de l'année par les insurgés. Or Mossoul est une plus grande cité, et sa reconquête ainsi que celle des autres secteurs pris par les jihadistes constitueront un grand défi pour les forces gouvernementales, en manque de formation et de discipline. « C'est un coup dur pour le moral des forces de sécurité » après leur « effondrement catastrophique » de mardi, a estimé M. Knights. « Bagdad va être désormais terrifiée à l'idée que cela peut arriver n'importe où », conclut-il.
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commentaires (4)
CONDAMNABLE CERTES CE QUI SE PASSE... MAIS C'EST L'EXTENSION DE CE QUI S'EST PASSÉ QUAND MÊME... TERRORISME ÉTATIQUE ET ACCESSOIRES SE TROUVENT FACE À LEURS ÉQUIVALENCES...
LA LIBRE EXPRESSION
21 h 58, le 12 juin 2014