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Moyen Orient et Monde - Syrie

Assad annonce la plus large amnistie depuis la révolte de 2011

L'initiative du président syrien, fraîchement réélu, devrait concerner, si elle est appliquée intégralement, des dizaines de milliers de prisonniers.

Dans une morgue improvisée d’Alep, cet homme est chargé d’identifier les cadavres qui affluent en masse quotidiennement, preuve que la guerre fait toujours rage dans la seconde ville syrienne. Nour Kelze / Reuters

Le président syrien Bachar el-Assad a annoncé hier, une semaine après sa réélection controversée, la plus large amnistie depuis le début de la révolte et qui devrait concerner, si elle est appliquée intégralement, des dizaines de milliers de prisonniers.
Voulant se présenter, maintenant qu'il a été réélu pour un nouveau mandat de sept ans, comme le champion de la « réconciliation » et de la main tendue, M. Assad a décrété, selon la télévision d'État, une « amnistie générale » pour tous les « crimes » commis jusqu'à hier. Citant le ministre de la Justice, la télévision d'État a indiqué que cette initiative intervient « dans le cadre de la réconciliation et de la cohésion (...) après les victoires de l'armée syrienne » sur le terrain.


Il s'agit, si elle est appliquée intégralement, de la plus large amnistie annoncée depuis le début du conflit le 15 mars 2011, déclenché par un mouvement de contestation pacifique qui, après avoir été réprimé dans le sang, a dégénéré en rébellion. Elle concerne pour la première fois des crimes figurant dans la loi sur le « terrorisme » de juillet 2012. Les amnisties précédentes avaient exclu les « terroristes » et les « criminels en fuite ». Selon un juriste et militant des droits de l'homme à Damas, l'amnistie devrait concerner les personnes déjà jugées et celles, bien plus nombreuses, croupissant sans procès dans les centres de détention des services de renseignements du régime.
C'est également la première fois que le régime offre une amnistie aux combattants étrangers qui se rendent d'ici à trois mois.


« Cette amnistie est le droit le plus élémentaire pour des gens dont la détention est contraire à la liberté d'opinion. Ce n'est pas un cadeau du régime », a réagi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Plus de 100 000 personnes sont détenues, dont 18 000 considérées comme des disparus car leurs familles ne connaissent rien de leur sort. « Est-ce que les listes (de la nouvelle amnistie) concerneront ces gens-là ? » demande l'OSDH. Lors des quatre précédentes amnisties, les organisations de défense des droits de l'homme avaient affirmé qu'en dépit des décrets, beaucoup de détenus n'avaient jamais retrouvé la liberté.


Autre signe de coopération du régime, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Croissant-Rouge syrien ont annoncé hier avoir pu, avec l'accord du gouvernement, livrer une aide aux régions rebelles de la province septentrionale d'Alep. Le porte-parole du CICR, Ralph al-Hage, a indiqué depuis Alep « qu'avec le Croissant-Rouge syrien, nous avons pu livrer une assistance alimentaire et d'autres objets essentiels comme des éléments de cuisine, du matériel d'hygiène, des couvertures, des matelas, dans la région d'Aroum, dans l'ouest d'Alep, qui est sous le contrôle de l'opposition ».


Le gouvernement syrien a rarement autorisé les deux organisations à livrer une aide aux régions rebelles, et d'autres groupes choisissent de faire transiter par la Turquie l'aide aux régions rebelles du nord de la Syrie. Les sept camions autorisés à livrer transportaient de l'aide pour 30 000 personnes, mais M. al-Hage a souligné que « cela représentait peu de chose par rapport aux besoins de cette région ». Il a précisé que cette livraison intervenait au lendemain de la remise de matériel médical à deux hôpitaux situés dans la zone gouvernementale et deux autres dans la partie rebelle d'Alep.

 

(Repère : Syrie : plus de trois ans de conflit)

 

Le Qatar pour un cessez-le-feu
De son côté, le Premier ministre du Qatar Abdallah ben Nasser ben Khalifa al-Thani a pressé l'ONU d'agir pour un cessez-le-feu en Syrie, où plus de 160 000 personnes ont été tuées et plus de neuf millions poussées à la fuite en trois ans. « Il incombe à la communauté internationale, notamment au Conseil de sécurité, d'agir d'urgence pour adopter une résolution sur un cessez-le-feu et préserver la sécurité du peuple syrien », a déclaré cheikh Abdallah à l'ouverture du 11e forum sur les relations entre les États-Unis et le monde islamique. « La crise syrienne constitue un danger réel pour l'unité de la Syrie et pour la sécurité et la stabilité de l'ensemble de la région » du Moyen-Orient, a ajouté le Premier ministre dont le pays soutient la rébellion, en guerre contre le régime du président Bachar el-Assad. « La situation nécessite la conjugaison des efforts pour mettre fin à l'effusion du sang (...) et réaliser les aspirations légitimes du peuple syrien », a encore dit le responsable qatari.
Le Conseil de sécurité n'a pas réussi jusqu'ici à faire passer ses projets de résolution sur la Syrie, bloqués à chaque fois par la Russie et la Chine, alliées du régime de Bachar el-Assad.

 

(Lire aussi : Ankara et Téhéran se promettent de coopérer pour mettre un terme aux conflits)

 

Les alliés en conflit
L'ex-médiateur de l'ONU en Syrie Lakhdar Brahimi avait mis en garde, pour sa part, contre une « deuxième Somalie » en Syrie et une « explosion de toute la région » autour, si aucune solution n'est trouvée, dans un entretien paru ce week-end.
La situation sur le terrain justifie ces propos. Après le début de la rébellion contre le régime, menée au départ par les déserteurs et les civils ayant pris les armes, des groupes islamistes et jihadistes, dont la majorité des membres sont venus de l'étranger, se sont infiltrés en Syrie pour leur venir en aide. Mais les alliés d'hier sont désormais en conflit. Les jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL, Daech) sont engagés dans des combats avec le Front al-Nosra et plusieurs factions rebelles qui l'accusent d'atrocités et de volonté hégémonique. Au moins 45 combattants ont péri dimanche à Deir ez-Zor, selon l'OSDH.

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Le président syrien Bachar el-Assad a annoncé hier, une semaine après sa réélection controversée, la plus large amnistie depuis le début de la révolte et qui devrait concerner, si elle est appliquée intégralement, des dizaines de milliers de prisonniers.Voulant se présenter, maintenant qu'il a été réélu pour un nouveau mandat de sept ans, comme le champion de la...

commentaires (4)

L'AMNISTIE ! IL A DÉJÀ ENVOYÉ AD PATRES VERS LE PARADIS PRESQUE DEUX CENT MILLE PERSONNES. SUPERBE AMNISTIE... IL LUI MANQUE LE PRIX NOBEL ! D'EXPÉDITEUR PARADISIAQUE...

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 46, le 11 juin 2014

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Commentaires (4)

  • L'AMNISTIE ! IL A DÉJÀ ENVOYÉ AD PATRES VERS LE PARADIS PRESQUE DEUX CENT MILLE PERSONNES. SUPERBE AMNISTIE... IL LUI MANQUE LE PRIX NOBEL ! D'EXPÉDITEUR PARADISIAQUE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 46, le 11 juin 2014

  • Les prisonniers Syriens, ça le regarde et nous nous en foutons comme de l'am 40. Cela reste une affaire interne a la Syrie qu'ils se démerdent entre eux! Mais qu'en est-il des Libanais kidnappés et emprisonnés depuis belle lurette? Feront-ils parti du lot? Les lâchera-t-il ou il n'osera pas puisqu'il a surement éliminé une grande partie? Ou sont donc nos responsables pour mettre la pression et avoir des nouvelles?

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 49, le 10 juin 2014

  • 215.000 détenus et sous la torture dans les geôles du petit Hitler, ainsi que des dizaines de milliers de disparus, depuis le début des contestations populaires en mars 2011, selon communiqué de la Coalition de l'opposition syrienne.

    Halim Abou Chacra

    09 h 24, le 10 juin 2014

  • Quel grand seigneur... cet enfumeur de première !

    Robert Malek

    02 h 08, le 10 juin 2014

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