Prêts à débourser plus de 20 000 dollars le mètre carré pour s'offrir une résidence avec vue de 280° sur la grande bleue, dans un des immeubles les plus exclusifs de la capitale ?
C'est le prix le plus élevé jamais payé à Beyrouth. Mais qu'à cela ne tienne, le luxe est dans l'ADN des Libanais et il aiguise l'appétit des acheteurs fortunés. Une dizaine de ces appartements « trophées » sont déjà vendus, affirme Raffoul Sabbagha, président du conseil d'administration de Beirut Waterfront Development SAL (une joint-venture entre Solidere et la société Stow Capital Partners, compagnie d'investissement, de développement et de gestion immobilière basée à Londres).
Cap alors sur le Yacht Club de Zaitounay Bay dont l'accès est uniquement réservé aux résidents et abonnés. Le montant de l'abonnement ? 25 000 dollars pour le couple. Plus 10 000 par enfant.
Ce pôle nautique aux allures d'un paquebot échoué sur le rivage a bénéficié de la signature prestigieuse de l'architecte américain Steven Holl, assisté par les deux jeunes architectes libanais installés dans la Grande Pomme, Ziyad Jamaleddine et Akram Kadi, designer de Beirut Exhibit Center. Les plans ont été exécutés par Nabil Gholam.
Outre les quarante-quatre appartements (150 à 600 m²) de haut standing, le Yacht Club s'articule autour de plusieurs fonctions : restaurant, bar, piscine, bibliothèque et neuf studios qui font office de boutique-hôtel. Un ensemble agencé, décoré et équipé, de la literie au couvert, par Nabil Dada et Associés.
Architecte intérieur-décorateur de l'ancien Premier ministre assassiné Rafic Hariri, Nabil Dada est l'auteur de la rénovation du Grand Sérail, du siège principal de Solidere, de la conception de la mosquée Mohammad al-Amine au centre-ville, du nouveau siège de l'ambassade d'Arabie saoudite à la rue Bliss et des Cinéma City des souks. Il a également réalisé de nombreux projets en Arabie saoudite, au Qatar et à Bahreïn sans oublier l'Ishtar Kempinsky Resort sur la mer Morte en Jordanie. En matière de conception et de création, il aura presque tout essayé.
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Le phénicien en vedette
Tout d'abord, le hall d'accueil qui déploie son marbre noir sur 275 m², et un imposant comptoir design en acier inoxydable derrière lequel se dresse un mur en basalte noir gravé d'une pluie de caractères phéniciens. Un peu plus loin, au pied d'un banc sculptural signé Zaha Hadid, une carte (en laiton et acier) incrustée dans le sol illustre l'extension du centre-ville en direction de la mer. L'œuvre a été spécialement conçue par l'artiste Marwan Rechmaoui.
Place ensuite au bar, au restaurant et à la piscine, surfaces ouvertes, délimitées uniquement par des murs d'exposition ou des parois transparentes.
Le bar à l'ambiance intimiste (205 m²) s'ouvre à la mer avec une vue panoramique de 280°. Son comptoir en albâtre rétro-éclairé (pour accentuer la translucidité de cette matière) repose sur un socle en basalte noir lui aussi incisé d'alphabet phénicien.
Côté restaurant (220 m²), Nabil Dada passe à l'offensive colorée en investissant chez Sawaya et Moroni : ici, un avant-goût du soleil et de la mer avec du bleu et du jaune pour les chaises ; des motifs fluo pour les tables blanches et des murs immaculés. La déco lumineuse fleure bon la belle saison.
Un peu plus loin, se loge la zone « récréation » (173 m²) avec son billard, son petit bar, un salon et une salle de jeu « privée » où s'entrelacent différents matériaux : les murs sont revêtus de cuir blanc, le plafond de bois d'Afrique et le sol de basalte noir. L'ameublement est signé Cassina et Kettal.
Cap ensuite sur la bibliothèque. Cet îlot d'accueil, où il est possible de faire une pause lecture, de se rencontrer au calme ou de s'abandonner à la musique, n'a rien de sec ni d'académique. L'espace offre un plafond en laiton oxydé ; du bois qui court des murs au plancher où se croisent un mobilier Art déco et Knoll. « Toutes les pièces sont authentiques », affirme Nabil Dada, ajoutant que certains modèles ont été également créés par son agence dont « le savoir-faire est toujours plus pointu ».
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Des plafonds taillés en diamant
Conçus dans un style résolument moderne, neuf studios déclinés entre 80 et 110 m², à louer à court ou moyen terme, occupent le premier étage et disposent d'« une vue unique sur la mer, allant de la marina jusqu'à la baie de Jounieh ». Tous ont été pensés et agencés de manière à optimiser l'espace et à le rendre plus confortable. Des murs coulissants de 2,5 mètres permettent ainsi de maximiser la surface des living-rooms qu'occupe fièrement « une sélection de meubles William Sawaya, Vitra, ou Edra », précise l'architecte-décorateur. Et si tous les murs sont droits, il n'en va pas de même pour les plafonds dont certains sont « inspirés de l'origami » et d'autres « taillés en diamant ». En bref, l'architecte-décorateur propose différentes catégories d'appartements qui peuvent s'adapter à toutes les attentes. « Chaque logement est unique et ne ressemble à aucun autre. » Les uns bénéficient du basalte noir, d'autres du bois d'Afrique, et d'autres encore du marbre blanc de Carrare. « Cependant tous se caractérisent par une même recherche de prestations et d'équipements de prestige. Tout est mis en œuvre pour flatter les sens et assurer le confort », souligne encore Nabil Dada, ajoutant que les salles de bains ont été « surélevées » pour offrir une vue plongeante sur la mer.
Au menu également, une piscine (en basalte noir), un gym de 645 m² et un luxueux spa. Et pour finir, une importante collection d'art contemporain libanais constituée par l'agence « theOtherDada », dirigée par Adib Dada, ornera les murs du Yacht Club.
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commentaires (7)
C'est vraiment révoltant de voir ce luxe dans un pays ravagé par la guerre, alors qu'il y a plus d'un million de réfugiés Syriens, sans compter les nombreux libanais qui vivent au dessous du seuil de pauvreté! Egoïsme et égocentrisme!
Chalhoub Lilianne
01 h 27, le 07 juin 2014