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À La Une - L'homme de la semaine

"Je suis tombé à genoux"...Charles, tankiste US, de retour à Utah Beach 70 ans après le "D Day"

"Je n'ai jamais décidé de m'engager dans l'armée. Ils m'ont sorti de l'école et m'ont envoyé ici. C'était la loi", affirme le vétéran américain.

"Je n'ai jamais pu me payer le voyage. Je n'ai jamais gagné plus de 20.000 dollars par an", assure le vétéran tankiste américain Charles Wilson, débarqué à Utah Beach le 6 juin 1944. AFP/Charly Triballeau

Le tankiste américain Charles Wilson, débarqué le 6 juin 1944 à Utah Beach, est de nature enjouée et expansive. Mais lorsqu'on lui demande quel effet cela lui a fait de refouler cette plage normande pour la première fois depuis 70 ans, l'émotion lui noue la gorge et les mots peinent à s'échapper.


"Je suis tombé à genoux... Je me sentais tout petit", lâche l'ancien directeur d'école bardé de médailles, calot vert sur la tête, les yeux humides, marquant d'une voix étranglée une pause dans le récit de sa vie qu'il a accordé avec enthousiasme aux journalistes, à Utah, la plus à l'ouest des cinq plages du Débarquement rebaptisées par les Alliés. 40% des troupes américaines sont passées par Sainte-Marie-du-Mont, rebaptisée Utah.

 

"Je n'ai jamais pu me payer le voyage. Je n'ai jamais gagné plus de 20.000 dollars par an", assure ce retraité qui, un peu plus tôt, dansait sur la scène au son d'un orchestre interprétant des standards de jazz lors d'une cérémonie à Utah Beach. La petite fête couronnait le travail de lycéens bas-normands et américains qui ont réuni ces derniers mois 70 témoignages de 1944, dont celui de M. Wilson.

"Pour le 50e, j'ai essayé de venir. Et puis ça n'a pas marché. Alors quand on m'a appelé pour me demander si j'étais prêt à faire le voyage tous frais payés, j'ai répondu oui", poursuit l'ancien combattant.
Les autorités l'ont appelé quelques jours après: "Ils m'ont dit, comme vous avez 88 ans, de quand date votre passeport? Je leur ai répondu trois ans. Ils m'ont dit ok, vous serez du voyage", poursuit le vétéran rigolard, qui vit à Carlisle dans le Kentucky.

 

(Lire aussi : Il y a 70 ans, Burgett, parachutiste américain, sautait dans la nuit normande)

 

'Ils m'ont sorti de l'école'

Sa fraîcheur contraste avec la violence de ce qu'il a vécu lorsqu'il n'avait que 18 ans. A Utah bien sûr, où Charles Wilson se souvient du "feu" qui l'a "projeté à terre". "Ca tirait de partout, mais ça n'avait rien à voir avec la boucherie d'Omaha. Surtout, nous avions l'avantage sur les Allemands", raconte humblement M. Wilson.

Au soir du 6 juin, 197 soldats avaient perdu la vie à Utah, mais le Débarquement s'y est nettement mieux passé que sur la plage voisine d'Omaha Beach, notamment parce qu'elle n'est pas surplombée par une falaise. Charles Wilson fait partie des 836.000 Américains débarqués à Utah de juin à novembre 1944, dont 23.000 le 6 juin. 

 

Pour Charles comme pour beaucoup d'autres, la guerre est loin d'être terminée au soir du jour le plus long. Le 29 avril 1945, le tout jeune adulte participe à libération du camp de concentration de Dachau, près de Munich. "Plus nous avancions, plus l'odeur était irrespirable. J'ai arrêté mon char et j'ai vu un nombre de cadavres incalculable (...) empilés les uns sur les autres (...) On m'a demandé la raison de ma halte. J'ai alors répondu que je ne bougerai pas mon char avant que quelqu'un viennent s'occuper de +ça+ que je n'avais pas les mots pour le dire", a-t-il raconté aux lycéens.

Neuf mois plus tôt, en route pour Saint-Lô durant des combats dans le bocage, "notre pilote de char a eu les deux jambes arrachées". A Paris, "nous avons dansé dans la rue avec la population. Nous étions pourtant très sales".

 

Comme plusieurs anciens combattants, l'intarissable vétéran est plus prompt à plaisanter qu'à s'étendre sur les passages les plus douloureux de sa vie. "Je n'ai jamais décidé de m'engager dans l'armée. Ils m'ont sorti de l'école et m'ont envoyé ici. C'était la loi", explique Charles. "J'ai été blessé deux fois. Mais je suis encore en vie et heureux d'être ici et s'il fallait revenir donner quelques coups de pieds aux fesses, j'essayerai encore", lance-t-il dans un grand éclat de rire.

Charles Wilson a été acclamé à tout rompre mardi au Zénith de Caen par 2.500 à 3.000 lycéens, en présence du ministre français de l'Education nationale, Benoît Hamon.

 

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"Je suis tombé à genoux... Je me sentais tout petit", lâche l'ancien directeur d'école...

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Il y a 70 ans, des soldats de plusieurs nations sont morts pour libérer l'Europe occupée et il est des crétins finis qui osent souiller leur mémoire, ces mêmes imbéciles heureux qui se prosternent devant les nazis du XXIè siècle mus par leur égo et leur lâcheté et dont les seuls principes sont de s'approprier le peuple, le contrôler et lui interdire toute tentative de liberté. L'Occident n'est certes pas exempt d'aberrations et de mauvaises décisions politiques et géostratégiques, mais honte éternelle à ces simples d'esprit qui coulent des jours heureux et tranquilles en Europe, grâce justement aux Alliés de 1944, cette Europe qu'ils critiquent sans cesse tout en se rangeant systématiquement du côté des dictateurs immondes qui ne méritent que la potence. Ces fanatiques oseraient-ils quitter le monde libre pour aller vivre avec tous les abrutis qui veulent radicaliser le monde ?

Robert Malek

17 h 48, le 04 juin 2014

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Commentaires (1)

  • Il y a 70 ans, des soldats de plusieurs nations sont morts pour libérer l'Europe occupée et il est des crétins finis qui osent souiller leur mémoire, ces mêmes imbéciles heureux qui se prosternent devant les nazis du XXIè siècle mus par leur égo et leur lâcheté et dont les seuls principes sont de s'approprier le peuple, le contrôler et lui interdire toute tentative de liberté. L'Occident n'est certes pas exempt d'aberrations et de mauvaises décisions politiques et géostratégiques, mais honte éternelle à ces simples d'esprit qui coulent des jours heureux et tranquilles en Europe, grâce justement aux Alliés de 1944, cette Europe qu'ils critiquent sans cesse tout en se rangeant systématiquement du côté des dictateurs immondes qui ne méritent que la potence. Ces fanatiques oseraient-ils quitter le monde libre pour aller vivre avec tous les abrutis qui veulent radicaliser le monde ?

    Robert Malek

    17 h 48, le 04 juin 2014

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