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Liban - Sit-in

« À Damas comme à Beyrouth, le criminel est le même ! »

Une manifestation de soutien à la révolution syrienne s'est tenue hier au centre-ville de Beyrouth, place Samir Kassir, afin de dénoncer la tenue de « l'élection » présidentielle en Syrie en vue de tenter d'octroyer une certaine légitimité à Bachar el-Assad.

La statue de Samir Kassir, arborant les couleurs de la révolution syrienne. Photo Béchara Maroun

C'est en réponse à la manifestation pro-Assad qui s'est tenue à Baabda devant l'ambassade de Syrie il y a quelques jours, et pour protester contre la tenue de « l'élection » présidentielle en Syrie, qu'une centaine de Syriens et quelques activistes libanais se sont réunis hier en signe de soutien à la révolution syrienne, place Samir Kassir, dans le centre-ville de Beyrouth. Un lieu qui revêt une importance toute symbolique en ce jour, la « réélection » de Bachar el-Assad coïncidant hier avec la commémoration de l'attentat qui a coûté la vie au journaliste Samir Kassir.

Arborant les drapeaux de la révolution syrienne, dont a été revêtue la statue du martyr Kassir, et brandissant des pancartes affirmant que « le criminel est le même, à Damas comme à Beyrouth », ils se sont réunis au son des chansons rebelles qu'ils fredonnent depuis déjà trois ans.

 

 (Repère : Syrie : plus de trois ans de conflit)



« Nous sommes là pour dire non aux élections qui se déroulent en Syrie », explique une jeune Syrienne originaire de Deraa et dont la pancarte affirme que « Les roses de Damas fleuriront de nouveau ». « Je suis au Liban depuis un mois mais nos familles sont là-bas et tous nos parents ont été obligés de voter, indique-t-elle. Ils ne peuvent protester. Il y a beaucoup de pressions, surtout que mon papa est fonctionnaire dans le secteur public. Si en Syrie personne n'ose protester, il est de notre devoir de hausser la voix. Comment est-ce possible d'organiser des élections quand toute la Syrie a été détruite et que nous nous sommes tous retrouvés dans la rue? » s'interroge ensuite la jeune femme, exaspérée, avant d'affirmer que « Bachar el-Assad assume l'entière responsabilité de la crise syrienne ».

 

(Lire aussi: « Je vote pour Bachar car ce régime est capable de tout, même de nous empêcher de revoir notre patrie »)

« Ce n'est pas une révolution ; c'est une guerre », renchérit sa compagne, originaire de Daraya.
« Aujourd'hui, 24 barils explosifs ont été lancés sur la ville. C'est une guerre inégale, et c'est cela qui empêche l'opposition d'avancer sur le terrain », confie-t-elle à L'Orient-Le Jour. Et de poursuivre, en réponse à une question : « Je demande à la communauté internationale d'œuvrer pour la libération des détenus, même si je sais que personne ne répondra à mon appel. »

 

Une peur qui dure depuis 40 ans...
Sous la statue de Samir Kassir, arborant les couleurs de la révolution, Ahmad lance des slogans insultant Bachar el-Assad, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah et l'ancien président syrien Hafez el-Assad, à la grande joie des participants qui les reprennent en chœur en applaudissant. Il porte un carton sur lequel on peut lire : « Pour éliminer le terrorisme, c'est Bachar qu'il faut éliminer. » « L'opinion publique croit que tous les Syriens au Liban ont voté pour Assad, explique le jeune originaire de Hama. Ce n'est pas vrai. La scène de Baabda n'était qu'un spectacle orchestré par les hommes de Bachar el-Assad. Et ceux qui ont voté pour lui ont voté par peur. Cette peur qui dure depuis plus de 40 ans ! »

 

 (Repère : La guerre en Syrie, victimes et drame humanitaire)



Après une minute de silence observée en mémoire des martyrs, les participants laissent la place à des enfants de Deraa qui interprètent une saynète sur le thème de la guerre « et des crimes de Bachar el-Assad ». Autour d'eux, d'autres enfants et des adultes portent des banderoles sur lesquelles on peut lire : « Ni Daech ni Bachar, oui à un État civil »; « Même ton père ne t'a pas supporté et t'a envoyé faire des études à l'étranger, je ne voterai pas pour toi », ou encore « Demandez à Zahlé comment Assad a protégé les chrétiens au Liban ».

 

(Lire aussi: Ali : La Syrie redessinera le monde, réécrira l'histoire)



Alors qu'un court-métrage sur la guerre de Yarmouk est visionné, le député Ahmad Fatfat, aux côtés de l'ancien député Élias Atallah, assure que le choix du lieu pour ce sit-in est symbolique, puisque « le criminel est le même ». « Celui qui a placé les explosifs dans la voiture de Samir Kassir jette aujourd'hui des barils explosifs sur la Syrie. Il s'agit du même combat », déclare Ahmad Fatfat, estimant que la révolution n'a pas encore abouti à cause d'« une convergence d'intérêts entre Israël et l'Iran, bénie pas les Russes et les Américains ». « Ces derniers sont satisfaits d'avoir pu obtenir ce qu'ils voulaient en ce qui concerne les armes chimiques de la Syrie et de l'Iran, et la Russie continue de pourvoir les militants prorégime en armes aux dépens du sang des Syriens et des chiites. La réélection d'Assad n'est qu'un point marqué par l'Iran contre les Arabes », explique-t-il. Et Ahmad Fatfat de conclure, résigné : « Le combat est très long mais le peuple syrien n'a d'autre choix que sa révolution. »

 

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C'est en réponse à la manifestation pro-Assad qui s'est tenue à Baabda devant l'ambassade de Syrie il y a quelques jours, et pour protester contre la tenue de « l'élection » présidentielle en Syrie, qu'une centaine de Syriens et quelques activistes libanais se sont réunis hier en signe de soutien à la révolution syrienne, place Samir Kassir, dans le centre-ville de Beyrouth. Un lieu...

commentaires (2)

Il est archisûr que les assassins sont les mêmes à Damas et à Beyrouth. C'est kif-kif !

Halim Abou Chacra

04 h 32, le 04 juin 2014

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Commentaires (2)

  • Il est archisûr que les assassins sont les mêmes à Damas et à Beyrouth. C'est kif-kif !

    Halim Abou Chacra

    04 h 32, le 04 juin 2014

  • Et Fatfat de conclure, résigné : "Le combat est très long mais le peuple syrien n'a d'autre choix que sa révolution." ! Qu'en est-il des "peuples" libanais, mon cher daktôr ? Yîîîh, yâ hassirtîîîh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    01 h 50, le 04 juin 2014

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