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À La Une - politique

Après l'abdication de Juan Carlos, l'Espagne se prépare à la relève

"L'Espagne, demain, sera républicaine", scandent des manifestants, réclamant un référendum sur l'abolition de la monarchie.

Le roi et le prince héritier, tous deux en uniforme de l'armée de terre, ont présidé mardi une cérémonie militaire sur le parvis du monastère de l'Escorial, près de Madrid, l'un des lieux emblématiques de la monarchie espagnole. AFP PHOTO / PIERRE-PHILIPPE MARCOU

Au lendemain de l'annonce de l'abdication du roi Juan Carlos, l'Espagne se préparait mardi au passage de témoin au futur souverain, Felipe VI, qui hérite d'un pays en crise et sera confronté au défi de rendre sa légitimité à la monarchie.

Symbole de cette succession à venir, le roi et le prince héritier, tous deux en uniforme de l'armée de terre, ont présidé une cérémonie militaire sur le parvis du monastère de l'Escorial, près de Madrid, l'un des lieux emblématiques de la monarchie espagnole.
Figé, les traits tirés, mais souriant parfois à son fils, le roi a assisté au défilé des troupes de l'ordre de San Hermenegildo, aux côtés de Felipe, le visage grave.

Premier pas d'un processus qui devrait prendre plusieurs semaines, un Conseil des ministres extraordinaire a adopté une "loi de succession" prenant acte de "l'abdication de Sa Majesté le roi Juan Carlos de Bourbon", une situation inédite depuis la restauration de la démocratie en Espagne en 1978.
Le texte devra être voté selon une procédure d'urgence par les deux chambres du Parlement avant que le prince des Asturies, âgé de 46 ans, longuement préparé au métier de roi, ne prête serment.

Epargné par la chute de popularité qui touche son père, dont la fin de règne aura été éclaboussée par les scandales et marquée par les ennuis de santé, il devra néanmoins convaincre l'Espagne de sa légitimité, à l'heure où le pays, meurtri par la crise économique et le chômage, doute de ses institutions.

 

Drapeaux républicains
Si les partis politiques favorables à la Couronne sont largement majoritaires au Parlement, les turbulences qui agitent la monarchie ont ouvert un débat dans le pays sur un possible retour à la République.
Et pour les plus jeunes, l'époque de la transition démocratique et le rôle joué alors par Juan Carlos appartiennent désormais à l'histoire.

Lundi soir, des milliers de personnes, agitant le drapeau rouge, or et violet de la seconde République, proclamée en 1931 et balayée par la dictature franquiste en 1939, ont manifesté partout en Espagne.
"L'Espagne, demain, sera républicaine", scandaient les manifestants, réclamant un référendum sur l'abolition de la monarchie.
"Je suis ici parce que je veux élire mon chef de l'Etat", lançait Daniel Martin, 25 ans, étudiant en sociologie de l'université Complutense de Madrid.

 

(Pour mémoire: Un gigantesque ras-le-bol social dans des « marches de la dignité » à Madrid)


Les opposants à la monarchie doivent avoir recours aux "instruments légaux" s'ils veulent modifier la Constitution, a répondu mardi le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, estimant toutefois que la Couronne d'Espagne bénéficie "d'un soutien très majoritaire".

 

Revitaliser la monarchie
"Felipe VI devra revitaliser la monarchie", soulignait le deuxième quotidien d'Espagne, El Mundo.
Agé de 76 ans, monté sur le trône à la mort de Francisco Franco en novembre 1975, Juan Carlos a bâti sa popularité en menant la transition de l'Espagne vers la démocratie, avant de connaître une fin de règne entachée par les scandales - sa fille cadette Cristina est inculpée de fraude fiscale dans le cadre de l'enquête visant son époux, Iñaki Urdangarin - et ponctuée par des problèmes de santé.


(Pour mémoire: La fille du roi d'Espagne inculpée, début d'année noir pour la monarchie)

 

Le pays n'a pas oublié l'image du roi, le 6 janvier, fatigué, appuyé sur des béquilles, cherchant ses mots en prononçant un discours lors d'une cérémonie militaire.


Même si Juan Carlos a ensuite continué à honorer un agenda chargé, il a révélé en annonçant son abdication, que c'était à l'époque de son anniversaire, le 5 janvier, qu'il avait "estimé que le moment était venu" de préparer la relève.


Dans un discours solennel, il a déclaré que son fils avait "la maturité, la préparation et le sens de la responsabilité nécessaires pour prendre (....) la tête de l'Etat, et ouvrir une nouvelle ère d'espoir alliant l'expérience acquise à l'impulsion d'une nouvelle génération".


Mais la voie qui s'ouvre au futur roi s'annonce semée d'embûches. Felipe arrive dans un contexte de tension, dans un pays étranglé par la crise, où les institutions sont fragilisées par une remise en cause des partis traditionnels et les poussées séparatistes en Catalogne et au Pays Basque.
"Si les monarchies veulent avoir un avenir en Europe, elles doivent se rénover pour être utiles à la société", résumait Cesar de la Lama, auteur de la première biographie autorisée du roi. Car "les pays modernes se fichent totalement du symbole, ce qu'ils voient c'est l'utilité".

 

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Une troisième république ? Le débat émerge en Espagne autour de la monarchie
(réservé aux abonnés)

Au lendemain de l'annonce de l'abdication du roi Juan Carlos, l'Espagne se préparait mardi au passage de témoin au futur souverain, Felipe VI, qui hérite d'un pays en crise et sera confronté au défi de rendre sa légitimité à la monarchie.Symbole de cette succession à venir, le roi et le prince héritier, tous deux en uniforme de l'armée de terre, ont présidé une cérémonie militaire...

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