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Liban - Liban

N. Machnouk : La présidentielle est une question régionale et internationale...

Depuis ce jeudi 5 novembre 1998 à 11h, où il a été informé par le Premier ministre Rafic Hariri installé au siège de la présidence du Conseil d'alors (l'actuel siège du ministère de l'Intérieur) de la nécessité de quitter le pays à la demande des autorités syriennes, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts.

En arpentant les majestueux couloirs du siège de son ministère, Nouhad Machnouk ne peut qu'évoquer ce moment qui l'a marqué pour toujours. Depuis cent jours, il est revenu sur les lieux d'où il avait été quasiment chassé par la grande porte, celle de ministre de l'Intérieur. Mais dans son cœur, il n'y a aucun sentiment de revanche. Son parcours jalonné de succès et de coups durs lui a appris à prendre les bonnes et les mauvaises nouvelles avec philosophie, plus conscient sans doute que les autres personnalités engagées dans la politique, de la précarité des fonctions officielles, surtout dans un pays comme le Liban.


En cent jours (depuis la formation de ce gouvernement), il a pourtant accompli un travail de titan, évitant les confrontations inutiles et les promesses pompeuses. Nouhad Machnouk a d'abord commencé par moderniser son bureau, précisant que lorsque quelqu'un passe beaucoup de temps dans un lieu, il doit le transformer à son image pour s'y sentir à l'aise. Il a donc ajouté des toiles, lui l'amateur d'art, mais aussi des fauteuils confortables et un bureau qui ressemble à une table de conférence parce qu'il aime la discussion avec ses collaborateurs. Il a ensuite fixé les priorités : le plan de sécurité, les réfugiés syriens et le dossier des prisons, qui constituent à ses yeux des foyers du terrorisme. Au passage, il a fait passer des nominations importantes au sein de son ministère et il espère qu'il y en aura d'autres, malgré la vacance présidentielle.


De « faucon du courant du Futur » (l'homme ne désavoue pas ce qualificatif), il est devenu le ministre de l'Intérieur du Liban, responsable, selon ses propres termes, de la sécurité de tous les Libanais. Le ministre prend d'ailleurs au sérieux ses nouvelles responsabilités et il prend soin d'éviter dans ses propos tout ce qui pourrait provoquer une confrontation ou une polémique.


Nouhad Machnouk commence par préciser qu'il a su qu'il serait ministre 48 heures avant la formation du gouvernement. Il pensait d'ailleurs qu'il serait aux Affaires sociales, Rachid Derbas à la Justice et Achraf Rifi à l'Intérieur. Mais les négociations des dernières heures ont inversé les portefeuilles. Il estime que c'est au chef du courant du Futur Saad Hariri qu'il doit d'avoir été nommé ministre de l'Intérieur. Il salue au passage le courage du jeune leader d'avoir accepté que les « faucons de son courant » soient ministres. Cela les a-t-il transformés en colombes? Machnouk affirme que les positions de fond n'ont pas changé, mais que les responsabilités sont désormais différentes. Il ajoute qu'au sein du gouvernement, il y a comme une volonté de contenir les conflits, sans chercher à les résoudre. Il n'y a pas de changement stratégique dans les positions, mais une volonté de coopérer pour préserver le pays et éviter l'expansion de l'incendie syrienne en cette période transitoire. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre la réunion sécuritaire qui a eu lieu en présence du représentant du Hezbollah Wafic Safa. Le ministre précise à cet égard que de telles réunions avaient déjà lieu dans la plus grande discrétion. La seule nouveauté est qu'il a lui-même demandé qu'elle soit filmée par les médias.


Au sujet des armes du Hezbollah, Nouhad Machnouk explique qu'il a toujours fait une distinction entre les armes stratégiques destinées à combattre Israël et les armes utilisées à l'intérieur. Lorsqu'on lui fait remarquer que toutes les parties possèdent ce type d'armes, il répond que celles du Hezbollah sont les plus organisées et les plus efficaces, avec l'appui iranien et une expérience de 30 ans. Elles ont donc une grande influence sur la situation intérieure. Tout en précisant qu'il ne veut pas ouvrir de polémique, il constate que les armes du Hezbollah sont actuellement un dossier conflictuel. « La moitié des Libanais y sont opposés », dit-il. Face à cette réalité, deux logiques sont possibles, la première est de l'ignorer, l'autre est de chercher à la modifier. Le ministre préfère la seconde et estime que la seule solution est de se retrouver sous le parapluie de l'État. Il estime aussi que la résistance doit se faire sous cette couverture. Mais lorsqu'on lui dit qu'aucune expérience dans le monde ne parle de résistance au sein de l'État, il rétorque que dans le monde les résistances sont nées lorsqu'un pays était occupé et son État anéanti. Or, au Liban, une petite portion du territoire est occupée et l'État est reconnu dans toutes ses institutions, même si certaines sont plus faibles que d'autres. De toute façon, il ne considère pas que l'heure de régler ce problème stratégique a sonné. C'est d'ailleurs pourquoi il n'a pas inclus la banlieue sud de Beyrouth dans le plan de sécurité.


Nouhad Machnouk reconnaît aussi que les combats menés par le Hezbollah dans les régions frontalières avec la Syrie ont contribué à combattre le terrorisme qui frappait le Liban. Même si la menace n'a pas totalement disparu, puisque aujourd'hui il y a des informations sur une voiture piégée qui circule au Liban...
Justement, comment se fait-il que soudainement, le plan de sécurité a pu être exécuté ? Le ministre ne cache pas le fait qu'un accord irano-saoudien a été conclu grâce à une médiation française, menée par le président Hollande lui-même.


Pourquoi cet accord n'a-t-il pas englobé la présidence?
Nouhad Machnouk est convaincu que celle-ci est une affaire régionale et internationale qui va prendre un peu de temps. À partir de la mi-août, on commencera sérieusement à en parler. En attendant, il se déclare d'accord avec le général Michel Aoun sur le fait que le Parlement ne devrait légiférer que sur les questions importantes. Par contre, il ne faut pas, selon lui, paralyser l'action de l'exécutif, car il y va de l'intérêt des citoyens. « S'il y a des possibilités positives, il ne faut pas les entraver », dit-il.


Si la présidence exige une décision régionale et internationale, à quoi sert donc le dialogue entre Michel Aoun et Saad Hariri ? Pour M. Machnouk, ce dialogue est utile et doit se poursuivre. Mais il ne peut pas aboutir seul à une décision au sujet de la présidence. De plus, il estime qu'il ne faut pas attendre du courant du Futur qu'il abandonne ses alliés chrétiens. Le ministre est convaincu qu'il n'est pas question de modifier l'accord de Taëf qui a mis un terme à près de 20 ans de guerre. Selon lui, le président « fort » est celui qui applique cet accord et qui est en mesure de représenter le plus grand nombre de Libanais. Selon lui, le Premier ministre peut adopter des positions extrêmes, le président de la Chambre aussi, mais pas le chef de l'État, qui symbolise l'équilibre dans le pays.


Nouhad Machnouk espère que le Liban aura un nouveau président avant la fin de l'année, mais dès aujourd'hui, il présidera une réunion pour les élections législatives, promettant que son ministère sera prêt à les organiser sur la base de la loi de 1960, puisqu'il n'y a pas assez de temps pour élaborer une nouvelle loi électorale. Il se rend aussi à Moscou le 20 juin pour participer à un congrès sécuritaire et il compte se rendre également dans le Golfe (Qatar, Koweït et Oman) prochainement pour solliciter de l'aide. Notamment pour le dossier des réfugiés syriens... qui exige, à lui seul, des décisions spéciales.

 

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En arpentant les majestueux couloirs du siège de son ministère, Nouhad Machnouk ne peut qu'évoquer ce moment qui l'a marqué pour toujours. Depuis cent jours, il est revenu sur les lieux d'où il avait été quasiment chassé par la grande porte, celle de ministre de l'Intérieur. Mais dans son cœur, il n'y a aucun sentiment de revanche. Son parcours jalonné de succès et de coups durs lui a...

commentaires (5)

Et c'est bien là le problème ! Elle devrait être interne et nationale. Mais comme nous sommes un pays occupé depuis 1982 par le Hezbollah qui est à la solde des despotes internationaux, ces derniers sont toujours là pour empêcher la tenue d'élections normales et imposer leurs candidats. Il faut que les mercenaires comprennent que nous sommes au Liban, et non en Iran ou en Syrie. A partir de là, les autres comprendront que nous ne sommes pas chez les bédouins non plus.

Robert Malek

17 h 59, le 03 juin 2014

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Commentaires (5)

  • Et c'est bien là le problème ! Elle devrait être interne et nationale. Mais comme nous sommes un pays occupé depuis 1982 par le Hezbollah qui est à la solde des despotes internationaux, ces derniers sont toujours là pour empêcher la tenue d'élections normales et imposer leurs candidats. Il faut que les mercenaires comprennent que nous sommes au Liban, et non en Iran ou en Syrie. A partir de là, les autres comprendront que nous ne sommes pas chez les bédouins non plus.

    Robert Malek

    17 h 59, le 03 juin 2014

  • Bonne chance donc pour les missions presque impossibles parfois du ministre N. Machnouk dans un pays vraiment difficile à gouverner .

    Sabbagha Antoine

    14 h 53, le 03 juin 2014

  • Il a une bonne tete , il est la pour accomplir une mission , mettre fin au terrorisme salafowahabite binsaoud et il s'en sort pas mal . Depuis qu'il est au poste , plus d'attentats suicides et donc une collaboration avec les forces de la resistance plus honnetement efficaces.Quand Vous dites efficacite ! pensez Scarlett ..

    FRIK-A-FRAK

    12 h 57, le 03 juin 2014

  • PUREMENT "ABRUTIQUE" LIBANAISE PLUTÔT !

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    11 h 26, le 03 juin 2014

  • Ce que tu ne veux pas laisser savoir à ton ennemi, ne le dis pas à ton "ami?" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 00, le 03 juin 2014

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