Mélanger les genres, jouer avec les mots et les airs, rechercher, sonder, mais aussi transmettre une musique à la fois identitaire et transfuge, c'est ce que fait Yasmine Hamdan depuis que l'auteure-compositrice, nourrie dès son enfance à la musique arabe (plus précisément celle des films égyptiens ou les airs bédouins du Golfe), a décidé d'explorer les harmonies.
Après ses premiers pas dans un groupe underground, «The Soapkills», la jeune Hamdan voyage, va chercher plus loin ses connexions, ses extensions. Un désir ardent, «une urgence», comme elle aime à dire, qui la pousse à voguer ailleurs, toujours plus haut, toujours plus loin. «Je me suis toujours considérée comme une "insider/outsider"», confie-t-elle. Étrangère mais aussi familière à un environnement dans lequel elle essaye de trouver des repères, de tisser des liens, Hamdan confie avoir trouvé son vrai refuge dans la musique. «Adolescente mélancolique, je me posais des questions auxquelles je ne trouvais pas de réponses. Étant de la génération postguerre, où les jeunes n'avaient pas droit à la parole, j'ai dû donner de la voix moi-même et m'exprimer.»
Sa musique? Un espace de liberté salvateur, mais aussi ludique où elle s'amuse à jongler avec les tonalités, les textures et les couleurs teintées des souvenirs de son enfance. «Un matériel que je peux sculpter à ma guise», dit-elle.
Une scène de Only Lovers Left Alive
Ses références? Ces divas égyptiennes comme Asmahane ou Oum Kalsoum, ces rôles-modèles qui l'ont toujours inspirée, guidée. «J'allais fouiner chez des "sortes de dealers de la musique", raconte-t-elle, pour retrouver des compositions qui pouvaient me reconnecter à cet Orient sur lequel j'ai toujours fantasmé.» Mais pour cette artiste au souffle musical moderne, il fallait toujours casser les codes et sortir ces airs de leurs carcans rigides. Et de poursuivre: «J'ai la chance d'être multiple. Dans mon travail, il y a toujours eu un dialogue entre la femme et l'artiste arabe et libanaise, d'une part, et, de l'autre, entre mon éducation, dont je me suis affranchie, et moi-même.»
Pour Yasmine Hamdan, la musique est un être vivant, organique, où il n'y a pas de frontières, mais uniquement échanges et transmission. Dans ce lieu que l'artiste préserve avec sincérité et authenticité, elle apprend à se faire confiance, à suivre son intuition et à défier tous les jours ses limites. «Ce métier, dit-elle encore, est égocentrique. Il faut savoir faire preuve d'humilité et rester connecté humainement avec les autres.» C'est dans cet esprit qu'elle demeure curieuse de tout et même si les doutes affleurent parfois son parcours, ils ne l'empêchent pas de poursuivre sa route.
Aujourd'hui, après une absence de cinq ans, elle joue dans le film de Jim Jarmusch, Only Lovers Left Alive, que les cinéphiles ont l'occasion de voir encore à Beyrouth (Métropolis Empire Sofil). Si Yasmine Hamdan n'en est pas à sa première expérience de musique de films (elle avait composé notamment pour Élia Suleimane), c'est pourtant la première fois qu'elle y interprète un rôle (le sien!). «C'est par hasard, raconte-t-elle, que la rencontre s'est faite entre le cinéaste et moi, au Festival du film de Marrakech.» Un rôle taillé pour elle, où elle fait onduler sa musique chatoyante et voluptueuse. Celle-là même qu'elle présentera au Music Hall dans le cadre de Liban Jazz le dimanche 8 juin. Une rencontre particulière et inédite avec le public libanais coproduite par Liban Jazz & Eléftériadès. Billets en vente au Virgin Megastore.
Pour mémoire
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commentaires (1)
Une pure merveille , a voir absolument le spectacle et la femme ..
FRIK-A-FRAK
11 h 28, le 03 juin 2014